jeudi 20 avril 2017

La vie des cimetières (76)


Comme là-bas, près d'Arles où le Rhône s'endort, ...
on voit de vastes champs parsemés de tombeaux.
... Les couvercles pourtant demeuraient relevés,
et l'on en entendait de si tristes soupirs,
que l'on comprenait bien leur deuil et leur misère.


Dante Alighieri - Divine Comédie 1. L'Enfer

Quand un cimetière est devenu très vieux et qu’on n’y enterre plus personne mais que le curieux ou le flâneur le visitent encore pour ses allées ombragées et ses propriétés digestives, il devient une « nécropole ».
C’est toujours un lieu avec des monuments funéraires, des sarcophages et des tombes, mais les reliques humaines, s’il en reste, sont si poussiéreuses, si éloignées dans le temps qu’elles ne sont plus vraiment humaines. On creuse, les déloge, les examine avec d’infinies délicatesses pour ne pas les casser, on imagine leur passé, puis on les repose et on referme le tout. Elles sont parfois séparées de leurs proches et rangées dans une boite étiquetée au fond d’un tiroir dans un musée local.

La nécropole des Alyscamps d’Arles, dans les Bouches-du-Rhône, est de ces cimetières antiques qui ont inspiré tous les fantasmes depuis 2000 ans.
Lieu de sépulture de quelques saints et martyrs chrétiens, de pèlerinage fétichiste et de divers miracles, on raconte que dès le 5ème siècle on venait de très loin, déjà mort, par le Rhône, pour y être inhumé, moyennant rétribution.
Ses ruines disparates et ses alignements de sarcophages profanés de longue date ont inspirés poètes et peintres, de Dante Alighieri dans l'Enfer à Van Gogh, Gauguin et Vallotton qui ont quelquefois installé leur chevalet à l’ombre des platanes, des peupliers et des cyprès.

De nos jours on vous demande 4 ou 5 euros pour déambuler parmi les ruines et les tombes. On peut aussi le faire virtuellement en bas de cette page.




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