lundi 11 décembre 2017

Tripoter des extraterrestres (3 de 3)

Abordons, il le faut bien, le sujet délicat du sexe des extraterrestres.
En français le mot météorite, issu de « météore », apparait en 1822 et commence sa carrière au féminin, au moins jusqu’en 1880, car c’est le genre que Camille Flammarion lui attribue dans son Astronomie populaire pp. 629, 653… À la fin du siècle, son genre devient plus incertain. Le Nouveau Dictionnaire encyclopédique de Jules Trousset en 1891, par exemple, l’affirme masculin.
Cependant Larousse l'a toujours dit exclusivement féminin, comme le Bescherelle des synonymes et le TLFI (Trésor de la langue française), indispensable référence de l’internaute.
Mais d'autres dictionnaires décisifs préfèrent ne pas afficher de position nette. La 9ème édition inachevée de celui de l’Académie française dit paresseusement « n.f. ou m. », le Robert écrit clairement « nom masculin ou féminin » comme son cousin le Robert historique de la langue française, mais qui ne fournit que des exemples au féminin, à l’instar du grand dictionnaire électronique de la francophonie, Antidote, qui le dit « n. m. f. » mais dont les nombreuses citations restent rigoureusement au féminin.
Tranchons cette épineuse question en concluant que le genre des météorites, malgré une dominante féminine à 75%, reste incertain.

Après avoir disséqué quantité de météorites, les experts constatèrent, à leur composition, qu’une ou deux sur mille venaient de la planète Mars, ou de la Lune, conclusions attestées dans ce cas par la comparaison avec les pierres rapportées des expéditions lunaires.

Et c’est une idée originale de l'exposition au Muséum que d'offrir aux fétichistes de toute obédience de caresser la Lune ou de poser un doigt ou deux sur Mars. Cependant le procédé est étrange (illustration 1) puisqu'on touche les pierres par dessous, sans voir où se posent les doigts, sur une petite surface invisible dont on suppose que ça n'est pas un canular, ce qui demande un certain degré de crédulité.

Les météorites de fer (ill.2 et 3) viennent du cœur des astéroïdes. Résistant assez bien à l’enfer de l’entrée dans l’atmosphère terrestre, elles conservent souvent une taille imposante. Celle d’Hoba en Namibie pèse encore 60 tonnes. Avant la naissance de l’industrie du fer, elles servaient de source unique de fer, souvent d’enclume, parfois de siège inusable. Ainsi celle de l’oasis de Tamentit (détail ill.2) dans le désert algérien, était le support d’un culte de la fertilité sur lequel les femmes s’asseyaient, depuis plus de 500 ans jusqu’en 1927, quand la France civilisatrice emporta ses 500kg pour le Muséum de Paris, où se trouve également la météorite d’Hassi-Jekna (ill.3), tombée en 1890 dans le même désert à 200km au nord-est.

L’œil désormais exercé du lecteur notera sans doute que les météorites de l’illustration 4 présentent quelque excentricité. En effet, elles sont factices, forgées par des artistes contemporains sollicités pour l’exposition. Ainsi aux yeux de Martin Mc Nulty, les pierres extraterrestres ne seraient pas assez colorées et pailletées (en haut, Meteorites shower), et pour Simon Boudvin (en bas, Octahédrite, Tempo del Cielo, météorite fondue et moulée), elles seraient plus pratiques à ranger si elles respectaient de simples principes d’orthogonalité. Éternelle insatisfaction de l’artiste.

Terminons par une superbe tranche aux veines de fer et nickel (ill.5), extraite d’une météorite tombée le 13 juin 1998 à Portales valley, au Nouveau Mexique (53 morceaux trouvés pour 71kg), et rappelons que le mot « météorisme » ne désigne pas la croyance dans l’existence des météorites, ni même des extraterrestres, mais dénomme une affection commune qui consiste en un gonflement de l’abdomen sous l’action de gaz intestinaux.

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