Histoire sans paroles (53)
Le petit coin des papotages et chuchotements dans la basilique de Vézelay (800 000 touristes l’an, le double des Hospices de Beaune disait-on fièrement en 2013).
Ici, à l'abri des murs épais, on se croit dans l’isoloir ou le confessionnal, et on raconte le meilleur et surtout le pire ; le pèlerinage vers Compostelle et le commerce de la région dynamisés par l’arrivée providentielle de reliques de sainte Marie-Madeleine en 882, quelques bouts d'os seulement ; les lourdes servitudes d’hébergement des pèlerins imposées aux habitants de la ville par les abbés de Vézelay ; leurs querelles avec les abbés de Cluny et les comtes de Nevers ; la charge intenable de la taxe de financement des perpétuels travaux de reconstruction de l’église ; enfin la révolte de la population et vers 1106 le meurtre du seigneur, prêtre et abbé de Vézelay, l'abbé Artaud, geste libérateur, mais pour peu de temps, comme toujours. Une trentaine d’années moins insupportables.
Sous la voute du transept on perçoit surtout l'écho des consonnes sifflantes, et se susurre ici le nom de l’assassin du saint homme, un certain Simon, serf à l’abbaye.
3 commentaires :
Ah, Vézelay, cette bible minérale, comme disait l’inoubliable A. Chapuki.
Votre tableau des deux chaises vides en confession est fascinant. C’est l’occasion de vous en féliciter.
D’autant plus fascinant après la lecture de ce billet et de la chronique « persique » de Léon De Bastard D'estang où d’aucuns apprendront (moi, je le savais) qu’en ce qui concerne les impôts, taxes et autres joyeuses servitudes, ce n’était pas vraiment mieux avant (mais sans doute moins pire que dans bientôt — moi je le sens).
Ces deux chaises semblent encore chaudes des illustres fessiers de Guillaume de Nevers et l’abbé de Vézelay. Le comte aura demandé au moine la peau de ce gueux de Simon pour en faire des bottes (de Nevers, œuf corse). Bref les dessous d’une histoire scélérate de sous, comme d’habitude, comme toujours, pour des siècles, etc.
Pauvre Simon.
A propos de Simon et de simonie, vous auriez pu quand même épargner à vos lecteurs le lien vers l’horrible vision de la pseudo Marie-Madeleine. Sadique va !
Non, mais c’est pas vrai un truc pareil !
Quel cauchemar !
On dirait un de ces messieurs Panado qui aura sûrement envouté ce pauvre Simon…
Bien à vous.
L’inoubliable A. Chaipuki.
Je plaide coupable. Il y avait tant de sublimes Madeleine peintes par le plus grand peintre de tous les temps passés et à venir, que je ne savais laquelle choisir sans fâcher les autres. Alors il m'a semblé qu'il fallait revenir avec humilité à la vraie foi, la source de toutes les restes de Madeleine de France, les 12 fémurs, les 5 crânes, les 79 orteils, l'hypersquelette en armure dorée de la basilique de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume. C'est quand même autre chose que les mièvreries de la peinture du 17ème. Elle a un petit air de Schwartzenegger quand il perd des boulons dans Terminator, et pas si éloignée de la Madeleine de Donatello à Florence (https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e1/Donatello%2C_maria_maddalena_02.JPG?uselang=fr).
À propos de Panado, je viens de découvrir un petit bijou rare, l'adaptation radiophonique des Fruits du Congo en 1973 par l'ORTF. 9 épisodes, une dizaine d'heures de vidéo sans images chez Youtube. L'adresse de la série est :
https://www.youtube.com/watch?v=NauDcvBwzEg&list=PLfIZphLtnX6tt3U59WzgEyiBRwM8WEFHd
Je les ai convertis en mp3 plus maniables. Si les mp3 vous intéressent je pourrais les mettre en partage quelque temps.
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