La vie des cimetières (42)
Il y eut l'improbable Louis Le Prince, véritable inventeur du cinéma, auteur du premier film jamais réalisé, le 14 octobre 1888, puis disparu étrangement le 16 octobre 1890 dans le train express Paris - Dijon.
Parmi les usurpateurs, Thomas Edison, l'entrepreneur aux 1000 brevets, qui inonda l'Amérique de films volés à Georges Méliès.
Et puis Méliès, inventeur du spectacle cinématographique, comme le dit justement sa tombe (qui cite Louis Lumière) dans le cimetière du Père-Lachaise. Il fut le créateur des trucages et des premiers films fantastiques.
Mais le cinéma est allé plus vite que lui. Dépassé, ruiné, enseveli par la première guerre mondiale, oublié, on le retrouvera par hasard en 1926, vendeur de jouets et de bonbons dans une boutique de la gare Montparnasse.
Redevenu alors pionnier du cinéma, embaumé vivant, Méliès finira sa vie au château d'Orly, premier pensionnaire de la maison de retraite de la Mutuelle du cinéma. Ses féeries n'amusaient plus le public, mais il était entré dans les dictionnaires et les livres d'Histoire.
Martin Scorsese en a fait un joli film très mièvre, en 2011, un hommage assez peu réaliste. Il altère au passage l'orthographe de son nom en oubliant l'accent grave sur le deuxième E, quand l'automate de Méliès dessine la célèbre lune éborgnée par l'obus, et signe le dessin.
Il n'est pas le premier. C'est en 1954 probablement, quand un certain Carvinnari sculpta le buste de Méliès, que la stèle qui le supporte fut gravée. Le ciseleur traça soigneusement les accents aigus des É et omit l'accent grave du È.
