1618, le nombre bête
Avertissement au lecteur : cette chronique à teneur très technique a été relue et corrigée par un scientifique de renom, qui a insisté pour garder l'anonymat, afin de ne pas s'approprier indument la gloire qui rejaillira nécessairement des révélations qu'elle dispense.
Tout esprit aguerri aux lois des nombres et des symboles y verra aisément l'empreinte du «Nombre d'Or». C'est un nombre (Un plus racine de cinq, divisés par deux) aux propriétés mathématiques remarquables. Sans entrer dans de ténébreuses explications techniques, on dit que c'est le plus irrationnel des nombres réels. C'est dire tout son mystère. Il serait même le seul nombre dont l'inverse est égal à lui-même moins l'unité (Un divisé par Lui égale lui-même moins un). On ose à peine le croire. Son vrai nom est 1, 618 033 988 749 894 848 204 586 834 365 638 117 720 309 179 805 76... jusqu'à l'infini, sans période. C'est pourquoi on préfère l'appeler par son diminutif 1,618 ou 1618.
Ça n'est pas un hasard si Kepler a publié sa troisième loi du mouvement des planètes, fondement de l'universalité des lois physiques, en 1618, l'année même où Velázquez peignait la «vieille femme faisant frire des œufs». Jusqu'à nos jours où le Nombre d'Or est devenu le symbole des objets de luxe et du développement durable réunis «on peut maintenant consommer le luxe tout en sauvegardant la planète, sur les plans environnemental et social». On comprend que de telles affirmations révolutionnaires dérangent. Et certaines études scientifiques ou artistiques mal intentionnées pourront toujours chicaner, ce ne sont pas de misérables pamphlets financés par la concurrence, notamment la Grande Distribution, qui empêcheront le Nombre d'or de s'infiltrer dans l'univers et d'y répandre ses bienfaits, à l'instar du nombre Pi dont plus personne, de nos jours, ne songe à mettre en doute la souveraineté.

C'est ainsi que le Nombre d'Or contrôle de son impitoyable logique les routes de notre destinée.