On a souvent parlé du bonheur du peuple danois et de l’Âge d’or de sa peinture.
Hélas les choses ne s’arrangent guère, comme partout sur la planète. Les Danois sont entourés sans issue par la Mer du Nord et la Baltique, la plus empoisonnée des régions maritimes du globe (ne lisez pas empoissonnée), et avec l’accélération de la montée du niveau des mers, leurs terres émergées qui s’élèvent - si l’on peut dire - aujourd'hui en moyenne à 30 mètres, ne tarderont pas à sérieusement rétrécir.
Tout cela risque de gâter leur félicité. Les œuvres des peintres de l’Âge d’or suffiront-elles à leur consolation ?
C’est alors que vient s’incruster dans cette histoire déjà navrante Aspergillus restrictus, un organisme minuscule, un vilain champignon, osons le mot, une moisissure. Elle manifeste depuis quelques mois une affection exclusive pour le patrimoine culturel, précise dans le Guardian la responsable de la conservation dans les musées danois, et semble particulièrement attirée par les peintures de l’Âge d’or. En réalité, elle se reproduit dans les atmosphères sèches, or les collections les mieux protégées des méfaits de l’humidité sont fatalement celles qui font la fierté du Danemark. L’envahisseuse a été jusqu’à présent repérée dans 12 musées danois, dont les plus importants, le Musée National de l'art du Danemark (SMK) et le Musée de Skagen.
La chose se manifeste par des taches de mousse blanche à l’aspect duveteux. Le champignon n’endommage pas que les matériaux sur lesquels il se pose, il peut être dangereux pour l’être humain, si les spores sont inhalées. On ne s’en débarrasserait qu’à partir d’un certain degré d’humidité, qu’on ne connait pas encore, et dont on ne sait pas s’il serait viable dans un musée.
La conservatrice pense que l'attaque est planétaire et qu’avec des méthodes de détection adéquates on le constaterait partout. Le très récent épisode fongique entrainant la fermeture complète du musée des beaux-arts de Brest en France, pour au moins 5 ans, semble lui donner raison. Le champignon breton (décrit dans cette vidéo 1’40" de FR3 Bretagne) ressemble beaucoup à l’assaillant danois mais là, à l’inverse, c’est l’augmentation de la pluviométrie et du degré d’humidité qui sont supposés responsables. Il y a pourtant fort à parier qu'il s'agit de la même bestiole*.
Attendons que la science, qui commence seulement à l’étudier, donne son point de vue. Pour l’instant on ferme les salles contaminées, on isole les objets atteints, par milliers, et on suspecte l’emballement climatique.
Le sale virus planétaire qui en 2020, rappelez-vous, n’aimait pas la peinture danoise, la considérait comme une activité "non essentielle", au point de tout faire pour que la plus belle exposition parisienne depuis des années ne soit vue que par quelques milliers de privilégiés masqués, cette petite bestiole* immonde, aura donc transmis son aversion à un organisme parasite, une autre bestiole* profiteuse, nettement plus grosse, qui s’en prend aussi à la culture, en commençant par ruiner, comme par hasard, le meilleur de la peinture danoise, propageant ses sinistres méfaits à travers l’air des musées qu’elle infecte, en apôtre du virus.