Mais par chance, si la vérité ne triomphe jamais, ses adversaires finissent par mourir un jour, disait Max Planck, et la bonne nouvelle, au moins dans le domaine de la peinture, est que le bon sens serait revenu, depuis une dizaine d’années, et que les institutions en France auraient repris l’enseignement de la technique de la peinture et du métier de peintre. On se demande avec quels professeurs, mais peut-être n’étaient-ils pas tous morts, certains ont sans doute résisté dans la clandestinité.
Thomas Lévy-Lasne, qui est un de ces résistants, clame sur tous les réseaux que la peinture est renée en France. Il a appris à peindre dans les livres et sous les quolibets, pendant plus de 20 ans, et à force de persévérance, d’enthousiasme, d’éloquence et d’entregent, il n’est plus aujourd’hui clandestin et vit de sa peinture, dit-il.
En 2021 il organisait à Perpignan l’exposition "Les apparences", un succès local, de 50 peintres contemporains essentiellement figuratifs (ou réalistes) et jeunes (sauf Gilles Aillaud mort en 2005).
À la même époque il commençait à enregistrer des entretiens d’une heure en vidéo avec ces peintres vivants, qui parlent de leur métier et de leurs œuvres. On les trouve sur la chaine Youtube Les apparences, avec la vidéo d’une visite de l'exposition personnelle de Lévy-Lasne à la galerie "Les filles du calvaire" en 2020, commentée par le peintre, masqué et passionné.
On trouve ses projets et ses peintures sur son site personnel, sur internet, où il existe également des conférences et entretiens dont un récent de 54 minutes plein de verve et des plus réjouissants (on notera dans toutes ces vidéos que ses convictions et sa faconde font paraitre ses vis-à-vis un peu insignifiants).
Alors, où voir cette renaissance de la peinture française ?
Dans une impressionnante exposition organisée par Lévy-Lasne, "Le jour des peintres", dans la nef du musée d’Orsay le 19 septembre 2024 uniquement, de 14h à 21h30, où seront présents 80 peintres de ce renouveau et 80 tableaux.
On y verra que la jeune peinture a peut-être encore à apprendre, puisqu’elle renait de rien, et qu’il ne nait pas un Rembrandt toutes les semaines, mais pour avoir une chance de le découvrir il faudra y aller. Peut-être s’appellera-t-il (ou elle), Cyril Duret, Miranda Webster, Guillaume Bresson, Henni Alftan, Bilal Hamdad ou Thomas Lévy-Lasne.
Et puis Lévy-Lasne fait une exposition personnelle, "La fin du banal" au Centre d’art Les églises, à Chelles, dans la Marne, du 14 septembre au 17 novembre 2024.
Ses peintures sont de plus en plus ironiques, voire cyniques, et minutieuses. Comme l’homme est volubile à l'écran, il l’est devant un chevalet, et comme il ne connait que le réel, il le montre exactement. Comme l'écrit Rosset dans Le démon de la tautologie, dit-il en entretien, "le meilleur moyen de raconter le monde c'est de dire que A égal A".
Il faut dire que Lévy-Lasne cite souvent Spinoza, et Clément Rosset qu’il a connu. Et quelqu’un qui a lu tout Rosset - trois fois dit-il - ne peut être que digne d’intérêt.