Le saviez-vous ? (Vermeer révélé)

Avertissement : tous les textes en italique sont des citations.Saviez-vous que tous les tableaux réalisés par Vermeer ne représentent même pas, en surface, un seul tableau de Rembrandt, la « Ronde de nuit », qu’il a réalisée en à peine quelques mois, parmi des centaines d’autres peintures ?
On imagine le brave Vermeer, ce paresseux, avec son petit pinceau fin, tirant la langue pour essayer de faire un rebord de fenêtre bien rectiligne, sans déborder, pendant que Rembrandt distribue des taches de lumière jaune à tour de bras et en met un peu partout en dehors de la toile, dans tout l’appartement, au grand dam de madame Rembrandt, ce qui est cependant la bonne méthode, la productivité, pour ne pas devenir un peintre oublié, comme l'a été Vermeer pendant plus de deux siècles.
Saviez-vous que le rapport du nombre de femmes sur le nombre d’hommes figurés dans les tableaux de Vermeer est quatre fois supérieur à celui de la moyenne chez les peintres de la même époque, mais que les femmes ne portent pas d’étiquette sur ses toiles, donc on ne peut pas connaitre leur nom ?
Saviez-vous que, bien qu’il ait agrémenté ses tableaux de tapis couteux de Turquie, d’exquises porcelaines de Chine, de chapeaux de feutre en peau de castor nord-américain d’excellente qualité, le peintre a connu une fin amère, et qu’il a sombré dans la déchéance et le désarroi au point de mourir en à peine un jour et demi ?
Vous y apprendrez aussi que Vermeer est incontournable, qu’il transcende l’espace et le temps (bien que vieux de plusieurs siècles), qu'il nous invite à oublier nos vies si affairées, et surtout qu’on ne sait pas comment il a fait et qu’on n’en percera jamais le secret. En bref, c’est un peintre mystérieux, ce qui le distingue nettement des autres peintres de son époque, dont on sait encore moins de choses, mais qui seraient sans doute moins mystérieux que Vermeer si l’on s’y intéressait un peu.
Mais vous n’apprendrez pas, par exemple, où est exposé un tableau comme le Géographe. Car la réalité ne se trouve pas dans ce Städel Museum dont on ne prend pas la peine de préciser la ville. Elle est sur les serveurs de Google, en haute définition. C'est là qu'est le Monde. Vialatte disait que Dieu lui-même n’était après tout qu’un dictionnaire Larousse un peu plus complet (La Montagne 22.12.1953). Eh bien nous avons trouvé Dieu. Il (ou Elle) se trouve à cette adresse sur internet sous le pseudonyme de Google Arts et Culture.
Et on remerciera, pour une fois, son envergure commerciale et ses prétentions universalistes pour avoir convaincu les grands musées nationaux, généralement si avaricieux (jusqu'au musée du Louvre), de dévoiler un peu de leurs collections dans une qualité réellement enivrante pour le voyageur immobile.
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(1) Cette affirmation n'engage que son auteur(e).