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samedi 8 mars 2025

Et où en est l'IA ?


"Five mins to opening", œuvre d’art créée par l’intelligence artificielle, sous la forme de courtes séquences - l'état actuel de l'art - raboutées par un humain qui lui en a fourni les scripts, tout en restant vigilant sur les profondes questions sociétales du vieillissement et du consumérisme, précise la description du lot soumis aux enchères chez Christie's le 5 mars 2025.
S'estimant dans le principe lésés par cette IA qui pille leurs œuvres sur internet sans les rémunérer et les concurrence en vendant ses imitations, 3000 artistes ont demandé par pétition à Christie's, sans succès, d'annuler cette première vente d'œuvres exclusivement créées par l'IA.
L’IA trouvant effectivement ses sources dans l’immense univers de l’internet, donc chez tous les artistes qui y sont visibles, et dans l'autre sens, les États-Unis ne reconnaissant pas pour l’instant de droits d’auteur sur les réalisations de l’IA, on ne sait pas clairement qui doit être crédité ici. Sans doute Niceaunties, l’humain cité plus haut qui a ficelé l’ensemble et touchera en bitcoins les mirobolants 11 340$ de l'enchère.
Profitons de ce brouillard juridique pour vous exaspérer avec cette œuvre qui enchantera les enfants (pensez à la visionner une bonne douzaine de fois après avoir monté le volume sonore).

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Depuis quelque temps les médias ne cessent de nous seriner que l’intelligence artificielle (IA) est capable de faire 1000 fois plus vite et mieux tout ce que notre cerveau fainéant répugne à faire, et qu’il n’existe plus un problème qu’elle ne saurait résoudre. Hier, elle a authentifié une œuvre d’art, le célèbre et controversé "Cavalier polonais" de Rembrandt, de la collection Frick à New York. Et on se souvient qu’elle avait en 2021 jugé sévèrement le "Samson et Dalila" de Rubens, fierté de la National Gallery de Londres. 


Certaines personnes - par ailleurs tout à fait équilibrées dans la vie courante - pensent que ces deux tableaux sont des chefs-d’œuvre :

Le premier, malgré des erreurs de proportion - par exemple la jambe ridiculement courte et plate du cavalier - et malgré son aspect boueux et manifestement inachevé. Son attribution à Rembrandt a été contestée dans les années 1980, comme la moitié de son catalogue d’alors, mais presque rétablie depuis, faisant bien entendu varier sa valeur marchande d’un facteur 1000 à chaque revirement.  

Le second parce qu’acheté contre une fortune il y a 40 ans, chez Christie’s et les yeux fermés, sans expertise sérieuse, par la National Gallery. Elle le considère depuis comme un de ses joyaux, et ignore avec dédain les arguments sérieux des quelques experts qui en contestent l’authenticité.


Pour le premier, l’IA de la société Art Recognition a considéré en 2024, une fois exclues certaines retouches admises par tous comme datant du 19e siècle, que le reste était de la main de Rembrandt avec 69% à 83% de probabilité selon les zones analysées, très proche en cela des expertises humaines du tableau.

Pour le second, la même IA, inflexible, avait jugé le tableau indigne de la main de Rubens, et même des pieds du maitre, avec une probabilité de 91% !


Nous n'alimenterons pas la vaine polémique des attributions. Un tableau plait ou ne plait pas, c’est tout. D’autant qu’on sait bien depuis les confidences du directeur du Metropolitan museum que près de la moitié des œuvres du marché et des musées sont de fausses attributions, des restaurations trompeuses ou de véritables contrefaçons, et que l’illusion se perpétue parce qu’elle satisfait finalement tout le monde.    


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Examinons cependant la fiabilité et la légitimité de l’expertise par IA.


Quand les médias parlent d’IA, ils parlent de ce que les informaticiens appellent L.L.M., ou Grands Modèles de Langage, ou IA génératives, ou agents conversationnels, car l’intelligence artificielle existe en réalité depuis 50 ans, depuis que les machines décident automatiquement à la place des humains, par le moyen de l’informatique, des logiciels et des algorithmes.

Ce que les médias appellent IA (et qu’on appellera ici aussi IA) est seulement l’évolution, certes spectaculaire, des traditionnels moteurs de recherche sur internet (Google, pour 82,5% de la planète). L’évolution est impressionnante à la mesure des moyens financiers considérables mis à la disposition de ces nouveaux moteurs de recherche, améliorant d’autant leurs capacités d’analyse des données et de dialogue avec l’humain.  


Prenons un exemple concret : depuis 25 ans et avant l’IA, on planifiait un voyage en demandant au navigateur sur internet des renseignements sur la région envisagée, ses villes, ses spécialités, ses attractions. Le moteur de recherche nous retournait un grand nombre de liens vers des sites dont on étudiait laborieusement la pertinence, filtrant les suggestions obsolètes ou manifestement rémunérées, vérifiant sur les sites de cartographie... Des heures de recherche et de réflexion.

Désormais les IA font tout cela automatiquement, organisent notre itinéraire et répondent en direct à des questions toujours plus précises ou épineuses, comme on aurait une conversation dans une agence de voyage avec une personne prodigieusement savante, et qui pourrait pareillement bavarder sur l’anthropologie ou les recettes de cuisine locale.  


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Le principe de fonctionnement de ces machines miraculeuses peut être expliqué simplement. On verra qu’il souffre d’écueils et de biais fondamentaux évidents. Les concepteurs les découvrent et tentent de les corriger à postériori.


On fait d’abord ingurgiter à une énorme machine une gigantesque base de données qui contient si possible tous les textes de l’Internet (ou les images ou les sons : la codification et le traitement de ces données diffèrent mais les modèles les combinent de plus en plus dans leur interface).

Comme on regorge de données à traiter on sélectionne en priorité les sources jugées fiables, encyclopédies, travaux universitaires, livres sérieux, médias et réseaux sociaux qui vendent leurs données. 

Premier biais, la base ne contient que les données numérisées sur internet, provenant donc presque exclusivement de la victorieuse et impériale culture anglophone, y compris ses jugements sur les autres cultures, et les données fournies par des entreprises commerciales, pas nécessairement irréprochables. 


Puis la machine triture ces données et calcule les statistiques d’occurrence des différents mots en fonction du contexte (en fait, elle décompose les texte en cellules de lettres, appelées tokens, les images en patches et les sons en frames). On lit parfois qu’une IA n'est qu'une machine à calculer le mot suivant dans une phrase.

Deuxième biais, la machine ne comprend pas ce qu’elle fait, elle répète ce que ses calculs statistiques complexes lui suggèrent comme réponse la plus probable, et si la réponse est erronée, absurde, incohérente, voire inconvenante, la machine ne le sait pas. Ces choses arrivent couramment, les concepteurs les appellent des hallucinations. 


Par exemple, si vous avez un peu de temps, demandez à l'IA de Google [il suffit, dans le navigateur Chrome, de taper "@" dans la barre d'adresse et de choisir Gemini] : "Combien y a-t-il de samedis et de dimanches entre le 29 mars 2025 (inclus) et le 28 mars 2026 (inclus) ?". Encore récemment l'IA répondait 54 samedis et 52 dimanches. Ne riez pas, seules 2 IA sur les 5 consultées ont donné la bonne réponse.

On interrogera donc toujours un nombre impair d’IA si une décision vitale en dépend. 


Ces biais sont connus et les correctifs sont progressivement mis en place : on greffe des fonctions de calcul, on accumule des filtres de conformité ou des règles de modération du contenu qui contrôlent les réponses. Ainsi, sur une IA chinoise, l’histoire du Tibet, du Népal ou de la Mongolie sera réécrite et une armée d'invasion deviendra une armée de libération, comme bientôt, sur les IA étasuniennes, disparaitront le golfe du Mexique et le dérèglement climatique. Anecdote récente, Grok, l’IA de la société xAI, vient d’être modifiée (puis rétablie) pour ne plus dire de mal de son propriétaire, E. Musk. 

Évidemment ces couches de correction qui édulcorent et orientent les réponses entrainent d’autres biais parfois surprenants : sur un sujet où l’IA n’a pas de réponse définitive, si vous affirmez avec insistance une stupidité, volontaire ou non, il arrivera parfois qu’elle finisse, conciliante et pour éviter le conflit, par vous donner raison et surenchérir dans l’absurdité (les verbatims sont à la disposition du lectorat sceptique)

On interrogera donc l’IA dans des domaines qu’on maitrise suffisamment. 


Enfin, quand la planète entière utilisera les réponses et les productions de l’IA pour ses propres décisions et réalisations, se profilera le risque majeur, la dégradation rapide du contenu de la base de données, puisque la machine coprophage ne se nourrira plus que de ses propres productions, qui auront alors perdu tout lien avec la réalité perçue, comme des photocopies de photocopies à l’infini.

Le monde de l’IA a récemment pris conscience qu’elle finirait ainsi par ne plus créer que des monstres, mais elle n’a pas encore trouvé le moyen de reconnaitre ses propres rejetons pour les exclure de ce qu’elle ingurgite.


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Passons brièvement sur quelques dommages collatéraux de l’utilisation de l’IA.


Utiliser l’IA sera certes multiplier par 1000 les performances du porridge crânien qui nous sert à avoir un avis sur le monde et piloter nos décisions, mais au prix d’une consommation d’énergie multipliée également par 1000, comme le résume l'IA elle-même : "Une recherche par Google consomme 1000 fois moins d’énergie qu’une requête à OpenAI GPT-4" (GPT-4, février 2025). 


Utiliser l’IA sans vérifier soigneusement ses réponses sera renoncer à une grande part de ce qu’on estimait être notre liberté de choix, de jugement - mais on y avait déjà sérieusement renoncé en faisant confiance aux moteurs de recherche de l’ancien modèle - et il n'est plus temps de se demander si le besoin existait réellement : Google qui craint à raison de perdre sa suprématie a commencé à transformer son moteur de recherche pour y intégrer progressivement les fonctions de l’IA.  


Enfin il est probable qu’utiliser l’IA fera progressivement disparaitre les métiers qui consistent à regrouper, trier, classer et récapituler des données. Cependant pour satisfaire la formidable voracité de l'IA en électricité, les vieilles centrales nucléaires et à charbon commencent à renaitre, avec leurs besoins en main-d'œuvre. La nature est bien faite.


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Concluons : en complément de l'examen de la littérature sur le sujet, Art Recognition dit avoir décomposé et analysé des reproductions en haute résolution des tableaux de chaque peintre, et des peintres proches ou contemporains, et en avoir déduit leur style, leur manière, leur technique ; déduction dit-elle exempte des travers et de la subjectivité de toute expertise humaine. 

Admettons, mais la base de données parait tout de même un peu mince pour des statistiques raisonnables et le résultat n’aura jamais la force probante d’une analyse physico-chimique des couches et des pigments. Par ailleurs est-on certain que les biais qui faussent habituellement tout jugement humain s’évaporent par miracle quand on les décompose en éléments minuscules dans une base de données ? Les filtres et règles de conformité empilés pour que les IA restent bienpensantes semblent démontrer le contraire.  

Finalement les réponses de l'IA sur l’authenticité des tableaux n'ont fait que confirmer pour Rembrandt, le jugement tiède des expertises à son endroit, et pour Rubens, la virulence des argumentations contestataires et la légèreté des réfutations officielles. La National Gallery dit qu'elle attend depuis 2021, pour répliquer, le rapport définitif et détaillé d’Art Recognition.


Un peu de bruit pour rien, mais qui nous aura donné l'occasion d'étudier de plus près le nouveau mirage que s'est inventé notre civilisation pour ne pas voir le chaos où elle se précipite.


Et si on nous fait remarquer, à la lecture de ce tableau des bienfaits de l’IA, qu’elle promet toutefois des avancées scientifiques notables, on rétorquera que ça serait bien la moindre des choses quand on réalise les pluies de milliards qui arrosent ces domaines bénis de nos dieux où l’IA n’est après tout qu'une nouvelle méthode d’analyse des données, d'autant plus fragile qu'elle sera performante. 



Mise à jour du 10.03.2025 : décidément les surprises pleuvent comme les milliards dans ce monde merveilleux de l'intelligence artificielle. Quand une voiture autonome devra décider entre percuter un mur et finir à la casse ou percuter un être humain et s'en sortir avec un passage dans une laverie automatique, quel sera son choix, à votre avis ? Cet article du 9 mars de Courrier international contient peut-être la réponse. 


mercredi 11 septembre 2024

Du bon usage de la logique Shadok

La centrale électrique EPR de Flamanville, vue de la route touristique. On sent à certains détails imperceptibles qu’on souhaite faire comprendre au quidam en villégiature (de préférence francophone) qu’il aborde à ses risques et périls les secrets de la Défense nationale. 

Le 3 septembre dernier, sur la côte marine de Flamanville en Cotentin, non loin de Cherbourg, l’uranium du premier réacteur pressurisé européen en France (EPR) subissait les outrages de quelques neutrons sciemment envoyés pour semer la discorde. L’agression énervait passablement les noyaux du métal qui ne tardaient pas à s'échauffer. Leur énergie thermique savamment captée taquinait alors une simple bouilloire du commerce dont l’eau, à son tour surexcitée, tentait de fuir l'offensive en se vaporisant. Cette pression était intelligemment captée et détournée vers une turbine placée là opportunément pour transformer le désordre cinétique en un travail mécanique régulier, apte à faire tourner sur son axe le champ magnétique d’un aimant dans la bobine d’un alternateur… Là, on est en train de perdre le lecteur ! 


Résumons. Tout cela générait finalement un flux électrique grâce auquel le plus haut responsable de la centrale de Flamanville présent ce jour-là et un haut fonctionnaire du gouvernement, désigné d'office, se congratulaient rassérénés devant la machine à café de la salle de réunion, qui venait donc de redémarrer.

Et encore, on a énormément simplifié la description du mécanisme.


Évidemment les médias ont suivi l'évènement, mais au lieu d’informer le public sur le fonctionnement de cette merveille de la technologie, ils ont insisté lourdement sur les délais et les couts démesurés de réalisation du projet, en détaillant les 12 ans de retard, le délai multiplié par 3, et le budget initial multiplié par 4 (en réalité c'est par 6, soit 20 milliards d’euros, car la presse recopie sans réfléchir les communiqués de l'AFP, qui a oublié les frais annexes dont les frais financiers, rappelés par la Cour des comptes et par Reporterre).


Tout cela est mesquin. Les médias savent, leurs archives l’attestent, que le mensonge prévisionnel par omission est la raison d’être de tous les projets d’envergure, sans quoi ils n’obtiendraient jamais le moindre financement. Quant au délai, il est permis d’espérer qu’il aura servi à récupérer un peu de l’expérience et des compétences perdues au long des dizaines d’années de sous-traitance au rabais de cette industrie.

Enfin, rappelons comme le répète M. Jancovici sur la chaine Public-Sénat, que le prix de l’électricité, même multiplié par 3 ou 4, sera toujours quasiment gratuit compte tenu de l’absolue nécessité du produit. 



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Le lendemain, 4 septembre, l’électricité était coupée par le système d’alerte automatique. Plus de réaction nucléaire, plus de café.


La porte-parole d’EDF et l’AFP étaient rassurantes. Contrôles et analyses étaient mis en œuvre pour identifier l’aléa, peut-être y avait-il une pièce défectueuse ou une "mise en configuration inappropriée de l’installation." Et d’ajouter "Ça prouve que le système de sécurité fonctionne bien."


Magnifique sentence ! 

En effet, s’il faut qu’un système sur deux tombe en panne, il est préférable que ce ne soit pas le système de sécurité, celui qui surveille l’autre, notamment en matière nucléaire. Et puis personne ne contredira que le socle de tout progrès scientifique est l’expérimentation, faite d’essais et de ratés continuels. C'est la méthode expérimentale préconisée dans le livre 1 chapitre 18 de la philosophie des Shadoks de Jacques Rouxel, qui a depuis longtemps supplanté Descartes dans les hautes sphères de l’État.  


Rappelons l’article 1 de la philosophie expérimentale Shadok :

Chez les Shadoks la situation est satisfaisante, les essais de fusée continuent à très bien rater. Car c’était un des principes de base de la logique Shadok, ce n’est qu’en essayant continuellement que l’on finit par réussir, ou en d’autres termes, plus ça rate plus on a de chances que ça marche. […] Il commençaient donc à essayer très tôt le matin. Les essais rataient d'abord pendant toute la matinée. […] Vers midi, ils prenaient un repas léger. Ça continuait ensuite jusqu'à la nuit. Et le lendemain, de très bonne heure, toujours, ils recommençaient.


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La machine a café fonctionne à nouveau depuis le 7 septembre, à 0,2% de sa puissance théorique. Les cafetières des habitants du Cotentin seront probablement alimentées à partir de cet hiver, sauf aléa, imprévu, impondérable, ou manque de chance. 


Et il est réconfortant d’apprendre qu’une floraison d’EPR de future génération poussera bientôt dans les régions de France (loin de la capitale, si possible). Ils ne sont pas encore conçus mais on nous dit qu’ils seront moins compliqués et moins chers, tout en restant aussi fiables et sécurisés. On est impatient de les voir fleurir près de chez nous, par exemple pour remplacer à Saint-Laurent-des-Eaux les deux réacteurs dont le combustible avait commencé à fondre en 1969 et 1980, hors service depuis 1992 et toujours en cours de démantèlement, mais qui, en dépit de ces accidents ("incidents graves" dit la police), manquent cruellement à la prospérité économique, culturelle et sportive de cette belle région.



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Pendant ce temps aux antipodes, dans feue la centrale nucléaire de Fukushima, tout est parfaitement conforme au pire des scénarios. Les millions de mètres cubes d’eau de refroidissement encore un peu contaminée commencent à être déversés dans l’océan, pour faire place, dans les citernes, aux eaux nettement plus contaminées. La Chine et la Russie utilisent ce prétexte pour cesser leurs achats de poisson, coquillages et crustacés Japonais. 

Mais 13 ans après la fusion du combustible des cœurs de la centrale, l’opérateur Tepco a bien d’autres choses en tête. Il cherche à se défaire des centaines de tonnes de débris fondus ultraradioactifs. Et conformément à la philosophie Shadok, décidément fort pratiquée dans ce secteur d’activité, il envoie dans l'enfer des robots de plus en plus sophistiqués et cuirassés, que les radiations déglinguent instantanément.


Pourquoi s’embêter à les récupérer au lieu de tout laisser sur place ? Pour les vendre à la France qui les entreposerait, rente viagère éternelle, dans ses cimetières de déchets de La Hague ou du plateau de Bure ? Sa réputation d’excellence dans les projets sans fin aurait-elle traversé les frontières, comme la radioactivité ?