La vie des cimetières (17)
Lady Macbeth. - «Quelles balivernes! C'est une vision créée par votre peur (...). Oh! ces tressaillements, ces soubresauts, simulacres d'une véritable peur, conviendraient à merveille au conte que fait une femme, en hiver, au coin du feu. - C'est une vraie honte! Pourquoi faites-vous tant de grimaces? Après tout, vous ne regardez qu'une chaise!»
Shakespeare a beau le démentir avec lucidité, l'homme s'ingénie toujours à croire qu'il reste des traces impalpables des morts ailleurs que dans sa mémoire. C'est ainsi qu'il a installé le fantôme de Mozart dans le cimetière monumental de Milan. Une plaque commémorative rappelle que quelque part à Milan, en 1858, est mort l'aîné des fils de Wolfgang et Constance, dernier survivant de la famille Mozart, fonctionnaire à la Cour des Comptes.
Il y est écrit «À la mémoire de Carlo Mozart, dernier fils du musicien suprême, fonctionnaire de la ville de Milan (Vienne 1784 - Milan 1858). Avec lui s'éteint la lignée mais non la gloire impérissable de l'illustre géniteur. Pour le centenaire de sa mort, l'association des autrichiens de Milan, 31 octobre 1958»