jeudi 15 mai 2025

Célébrons un bicentenaire (2 de 2)

La Vierge et l'Enfant avec les saints Louis et Marguerite (peintre inconnu néerlandais ou français)
Constituée de 31 mégapixels (pour 15 mégaoctets), l’image peut demander quelques secondes de chargement. Le panneau original est large de 106 cm, la reproduction fait 163 cm, donc affichez l’image à 65% pour visualiser le panneau dans ses dimensions réelles.


Tout ce que nous pensions découvrir sur les célébrations du bicentenaire de la National Gallery de Londres grâce à la tenace perspicacité des médias (on comprend qu’ils demandent une cotisation pour ça) était en réalité décrit en détail, mot pour mot, et directement accessible sur le site du musée, sous un petit lien perdu en bas de page, parmi les communiqués de presse. 

Pareillement, nous avions apprécié la discrétion du musée sur l’invité(e) tiré(e) au sort qui passerait la nuit dans le musée et ferait gratuitement la publicité de la literie des magasins Marks & Spencer et des croissants du chef étoilé. Eh bien un autre communiqué de presse nous décrivait déjà sa biographie : conférencière, gérante d'associations caritatives et surtout artiste, mère et grand-mère de 10 enfants, élue parmi 22 000 admissibles et souriante (photo à l’appui).   
Les images de son réveil au cœur du musée couverte de miettes de croissant dans son lit fastueux de marque M&S ne sont pas encore publiques. Espérons qu’on lui aura fourni un peigne et une brosse à dents avant la conférence de presse du soir.

Quasi seule dans la nouvelle salle 54 du musée, la bienheureuse aura tout de même rencontré la Vierge, avec l’Enfant et les saints, Louis, roi de France, et Marguerite, sur ce panneau étrange, anonyme, ayant appartenu à une famille anglaise du Dorset, convoité depuis des décennies par la National Gallery, négocié en vente privée début 2025 par Sotheby’s au prix spécial, insiste le musée, de 22 millions de dollars (après conversion), et décrit dans un autre communiqué de presse

Aucune expertise n’a jusqu’à présent réussi à l’attribuer à un peintre connu. Il faut dire qu’il n’a pas été exposé depuis 65 ans et qu’il est pour la première fois publié en couleurs. Documenté dès 1602 à Gand, en Belgique, il est peint à l’huile sur des planches d’un chêne de la Baltique abattu en 1483. Les spécialistes le datent entre 1500 et 1510 et lui trouvent des ressemblances de style avec Jan Gossaert (Mabuse) et Jean Hey (Maitre de Moulins). On pourrait leur objecter qu’aucun des deux n’a jamais succombé, comme ce peintre anonyme le fait ici sur les visages de la sainte, de l’ange à droite et surtout de l’Enfant, à la difficulté qu’éprouvent même de bons dessinateurs à placer correctement et aligner les yeux sur des visages vus de trois-quarts. 
Erreurs de dessin qui s'effacent devant les qualités de rendu et de présence des matières, la bizarrerie singulière, voire unique, et humoristique de l’iconographie, et l’atmosphère étrange pour une scène religieuse. 

Quelques excentricités notables

✵  l’Enfant torture un chardonneret, 
✵  le trône de la Vierge repose sur des planches brutes clouées,
✵  la posture douloureuse du dragon bavant, et ses oreilles en forme de nageoires, 
✵  l’ange de gauche joue de la guimbarde (instrument qui produit le son d’un ressort métallique quand il se détend), 
✵  toutes les figurines sculptées sur les chapiteaux des pilastres et jusqu’au sceptre du roi sont nues, parfois dans des attitudes curieuses, comme celles qui s’enlacent aux pieds d'un singe, ou cette autre, un angelot peut-être, qui exhibe un anus ostentatoire.

5 commentaires :

GjG a dit…

Pas un dragon, mais c’est une tarasque, con*
La bébête de la Margot de Tarascon.

*NB : ne prenez pas ombrage, le « con » est pour la rime alexandrine.

Les dragons sont du nord et les tarasques (& autres appellations AOC) du sud.

Par ailleurs, cher Costar, sachez que les vrais anges n’ont ni zizi, ni anus : il n’y a pas de WC, ni papier-toilette au paradis, je vous le dis. C’est comme ça.

Je note que le petit jésus est rouquin, comme les deux Jules (César* et Renard) et comme Vincent van Gogh : c’est peut-être un indice pour un peintre hollandais (à débattre).

*Il y aurait une thèse selon laquelle, Jésus serait un descendant de Césarion (et donc de César & Cleopatre) via une fille ou une sœur du roi juif Hérode. (Mais bon, les commérages hein !)

Je passe sur le pigeon crasseux sur l’épaule de Margot…

Bon sinon, ce n’est pas la joie chez les saint Louis hein ! Le plus rigolo, le plus sympa, c’est encore la tarasque. Faut le faire.
Cela étant, oui, les détails sont époustouflants.

Bien à vous

Costar a dit…

Que la bête soit plutôt un monstre du pays de la lavande et du romarin, je veux bien vous croire, n'étant en rien spécialiste, mais sur la question du sexe des anges, au moins des angelots, je ne crois que ce que je vois (et encore), et l'histoire de la peinture regorge d'angelots à zigounette, certains même sur le point de s'en servir, et sur les cimaises du Louvre même, temple du bon gout et de la bienséance (https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010062420). Et croyez-vous que la nature les abandonne au moment où se pose la question de savoir où placer cet appendice ?

Costar a dit…

J'ajoute qu'ils disposent d'un appareillage standard qui leur permet de faire des plaisanteries douteuses à leurs collègues : https://www.meisterdrucke.ie/kunstwerke/1260px/Giovanni%20Battista%20Tiepolo%20-%20The%20Rape%20of%20Europa%201720-21%20%20-%20%28MeisterDrucke-69921%29.jpg

GjG a dit…

Ah, comme quoi les bicentenaires sont souvent l’occasion de ressortir les bonnes vieilles querelles de famille tel le sexe des anges.
Je fais souvent de bons pipi d’ange, mais jamais aucun putto n’a m’a pissé ou crotté dessus.
Alors…
Il n’y aurait alors que le pape pour nous départager, bien que le tout nouveau doit avoir des choses moins sérieuses à traiter en ce moment.
Auriez-vous son 06 ?
Sinon, c’est le duel sur un pré à l’aube.
Désolé…

Costar a dit…

Je choisis mon arme, ce sera le Bénézit, et mes témoins seront le Dominiquin, et le fils Tiepolo.