Affichage des articles dont le libellé est Vérone. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Vérone. Afficher tous les articles

dimanche 22 mai 2016

Potins de l'art

Jamais on ne louera assez le rôle des militaires dans l’histoire de l’art.
Hier encore, le président de la République d’Ukraine, flanqué de magnifiques et gras douaniers couverts de codes barres multicolores, aurait découvert dans un champ de luzerne, assisté de militaires en tenue de combat, 17 tableaux volés au musée de Vérone en Italie le 25 novembre 2015.

La découverte aurait eu lieu à Turunchuk, près de la frontière moldave, le 6 mai 2016. La mise en scène a été filmée et postée sur les réseaux sociaux habituels, et on dirait un épisode des aventures de Tintin.

On reverra donc bientôt à Vérone le singulier panneau peint par Caroto et figurant un jeune garçon montrant un dessin d’enfant. Il était parmi les œuvres volées et avait fait l’objet d’une chronique ici-même.


Pendant ce temps, le polyptyque de l’Agneau mystique, immense bande dessinée peinte par Van Eyck vers 1432 et qui fait se déplacer des millions de touristes vers la cathédrale Saint Bavon de Gand et constitue la fierté du peuple belge, avait besoin d’une bonne révision des 600 ans.

Le minutieux travail de restauration devait prendre 5 ans et finir en 2017. En fait ce sera fin 2019, et même 2020 ou 2021 disent certains. Et pour deux fois le budget estimé, voire trois fois. Aucune source n'est très claire. On parle de millions d’euros, trois, six, neuf peut-être.

C’est chose courante. Les pouvoirs publics et les institutions ne financeraient jamais ces projets pharaoniens si on leur annonçait un budget et des délais réalistes. Alors on divise les prévisions par trois. Une fois les travaux lancés, s’agissant d’opérations de prestige, il est souvent impossible de revenir en arrière. L’honneur de la nation serait en péril. On fait appel au mécénat d'entreprises, on aliène le bien public et on paiera tant bien que mal.

Dans l'atelier du musée des beaux arts de Gand le public peut suivre le cours de la restauration des panneaux de Van Eyck.

Enfin, alors que le musée du Louvre interdit dans ses expositions de photographier les œuvres qui sont pourtant dans le domaine public, qu’il en usurpe les droits de reproduction à son propre compte et ne publie en ligne que de médiocres miniatures, les musées qui lui ont prêté ces mêmes œuvres en partagent généreusement de splendides reproductions sur leur site internet.

C’est le cas de la collection de dessins et gravures de la bibliothèque Morgan de New York, une des plus riches au monde, et qui vient de prêter un dessin à la rétrospective Hubert Robert du Louvre, et un autre dessin, de Jean-Baptiste Oudry, à l’exposition sur l’ancien parc du domaine d’Arcueil, également au Louvre actuellement.

Et il y a bien d’autres merveilles dans cette fabuleuse collection en ligne, de Boilly, Danby, Daumier, Doré, Fragonard, Goya, Hogarth, Ingres, Thomas Jones, Ottavio Leoni, Mantegna, Maitre du manuscrit Herpin, Menzel, Merson, Piazzetta, Raffet, Robert, Roberts, Sargent, Schiele, Tenniel, Tiepolo G.D., Turner, Watteau, Zielke, Zingg, Zuccaro, et de tant d’autres.

Oudry Jean-Baptiste, Arcueil la première grande terrasse (détail), vers 1745 (Morgan library and museum, New York).

jeudi 26 novembre 2015

Tableaux singuliers (2)

Giovanni Francesco Caroto était un bon peintre de la première moitié du 16ème siècle dans l’Italie du nord. Né à Vérone en 1480, après avoir passé une dizaine d’années à Mantoue ou il se formera à l’école de Mantegna, Lorenzo Costa et Corrège, puis une dizaine d’années à Casale Monferrato, le reste de sa vie s’écoulera à Vérone où il mourra à 75 ans.

Très apprécié, il a laissé nombre de fresques, de retables et de beaux portraits. On voit ses œuvres dans des musées prestigieux comme l’Ermitage de Saint-Pétersbourg ou les Offices de Florence, et un magnifique portrait de femme dans le débarras du Louvre à Lens.

Il est particulièrement présent à Vérone, au musée de Castelvecchio, par une série de tableaux dont se distingue une œuvre singulière, le portrait d’un jeune garçon au sourire étrange et au léger strabisme qui montre un dessin d’enfant au spectateur.

On dit qu’en voyant ce portrait quand il visita le musée le pédiatre anglais Harry Angelman y reconnut le syndrome d’un trouble neurologique responsable d’un retard mental irrémédiable qu’il décrivit en 1965 et qui porte désormais son nom.

Et quelle est cette étrange forme rouge en bas à gauche, une manche, un couvre-chef ?

Inutile de se précipiter aujourd’hui à Vérone pour l’examiner de plus près, car il vient d’être dérobé le 19 novembre 2015, avec un autre portrait de Caroto et 15 toiles de maitres, notamment de Tintoret, Pisanello, Mantegna, de Jode, dont certaines ont été roulées par les cambrioleurs pour le transport, ce qui détériore toujours une peinture sèche depuis 500 ans. Par chance le jeune garçon au dessin d’enfant est peint sur un panneau de bois.

Mise à jour : Les tableaux dérobés ont été retrouvés en Ukraine le 6 mai 2016.