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mercredi 3 avril 2019

La vie des cimetières (85)


Pierre de Castillon vicomte d’Aubeterre, de retour d’une croisière à Jérusalem d’où il rapportait quelques blessures sarrasines et des bouts de bois ouvragés, avait été très impressionné par le tombeau du prophète des chrétiens, et par les églises creusées dans les rochers de Cappadoce.
Aussi, pour mettre à profit le prestige de ce voyage martial en Terre sainte, il proposa aux moines bénédictins d’agrandir deux églises souterraines de sa seigneurie, à Saint-Émilion et à Aubeterre, en Aquitaine, pour y exposer ses souvenirs de vacances comme saintes reliques et ainsi attirer le flot généreux des pèlerins de Compostelle.

Certains disent que c’est une légende, qu’il n’y a pas trace des reliques, ni du vicomte, qui est peut-être mort en orient. Pourtant les deux églises ont été réellement embellies au début du 12ème siècle, peu après la première croisade.

L’église d’Aubeterre-sur-Dronne, dont l’Encyclopédie dit qu’elle est une des plus grandes églises souterraines monolithes soustractives de France (creusées à l’intérieur de la montagne calcaire), est réellement monumentale. On en est impressionné comme dans une cathédrale, ou un film de Steven Spielberg.

Une galerie qu’on atteint par un escalier qui s’élève à une quinzaine de mètres, surplombe un imposante nef au bout de laquelle trône un grand monument monolithique ouvragé dans un style roman, qui aurait servi de reliquaire. Et puis 170 tombes ou sarcophages dispersés, creusés dans la pierre, car l’église était pendant des siècles une nécropole pour gens de marque, avant de devenir fabrique de salpêtre en 1794 (on avait besoin de poudre à canon), puis ossuaire et débarras jusqu’en 1865. En 2010 les archéologues ont exhumé les restes de 600 corps. On suppose qu’ils demeurent maintenant dans des tiroirs étiquetés, au fond d’un long couloir, sous le clignotement livide et irrégulier d’un néon.

Le voyagiste TripAdvisor, qui a la bonne idée de ne pas demander à des experts, mais à des humains quelconques, d’exprimer (gratuitement) leur avis sur les sites remarquables qu’ils visitent, est une source inépuisable d’informations de première main. Citons-le :

- À voir, mais petit bémol sur l’hygiène des audioguides.
- Pas grand chose à voir.
- À voir absolument. Hors du commun. Visite rapide, en moins de 30 minutes mais prix d’entrée un peu excessif.
- On se sent tout petit mais le prix est un peu élevé.
- Dans le village les ruelles montent et descendent (certains veulent absolument s’exprimer).
- 9000 m3 excavés par 250 ouvriers pendant 10 ans (un expert non rémunéré a voulu briller).
- Travail titanesque de simples bénédictins avec des moyens dérisoires (ils avaient tout de même des petites cuillères).
- Une force spirituelle en émane. 
- La foi déplace des montagnes.

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vendredi 15 février 2013

L'Apocalypse ouralienne

La Russie est grande, la Russie est vaste et généreuse. Après la météorite de la Toungouska en 1908, elle était préparée pour recevoir l'astéroïde 2012-DA14 (voir notre prévision d'apocalypse dans la précédente chronique).

Et la fin du monde est arrivée au jour annoncé, ce matin 15 février 2013, à Tcheliabinsk en Russie. Moins destructrice que prévu, c'est entendu, mais avec toutes les images et les sons authentiques.
Ce n'était pas 2012-DA14, qui a dédaigné la Terre, mais c'était tout de même un météore de belles dimensions, qui s'est émietté dans un flamboiement cinématographique en déchirant l’atmosphère.

L'histoire commence dans un plan-séquence à rendre incolore de jalousie les Spielberg et autres cinéastes méticuleux, tant il est parfait. Un mouvement de caméra gracieux et inexorable, minuté au millimètre, avec le sujet toujours exactement centré.
Il fallait être sur le bon échangeur de l'autoroute à la sortie de Yekaterinbourg et quitter, d'une élégante queue de poisson, la route orientale de Tioumen pour se diriger au sud vers Tcheliabinsk, au moment exact où la fin du Monde se précipitait de l'horizon est, pour finir, après 15 secondes, par se désagréger prématurément à 25 kilomètres d'altitude.

Un peu plus d'une minute plus tard, en dessous, à Tcheliabinsk, l'onde de choc soufflait des milliers de vitres et des pans de murs en ruines. Les débris projetés ont blessé 500 à 1000 personnes.

Pendant plusieurs mois, nombre de chercheurs d'aérolites (et quelques chercheurs de débris de vaisseau extraterrestre) braveront la boue et le froid ouraliens et hanteront cette région marécageuse qui aura eu la chance d'accueillir la fin du Monde et le loisir d'en réparer les dommages.

Mise à jour du 17.02.2013 : la Russie explose depuis 2 jours sur Internet. Personnellement visée par cette médiocre fin du Monde, elle en profite pour se parodier avec esprit, comme sur ces fascinantes photos de Tcheliabinsk avant et après la « pluie de météorites ».












Par ailleurs les savants on fourni quelques précisions sur l'évènement. La météorite mesurait 15 à 20 mètres de diamètre, pesait 10 000 tonnes, et a explosé à une altitude de 20 à 30 kilomètres à la vitesse de 20 kilomètres par seconde, avec une puissance de 30 fois Hiroshima.
Pour mémoire, l'Hiroshima est une unité de mesure polyvalente très pratique qui correspond à 15 000 tonnes de TNT, mais aussi à 100 000 innocents civils pulvérisés.  

Aperçu en basse qualité de la vidéo