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mercredi 9 juin 2021

Investir sous le coronavirus, épisode 6

Pietro Antonio Rotari, portrait de jeune femme avec une grenade et un masque (non homologué), vers 1760, détail.

Crise sanitaire, confinement planétaire, pertes d’emploi par centaines de millions, augmentation presque générale de la pauvreté… 2020 a été une année terrible.
Providentiellement, une loi inflexible de la nature garantit que l’énergie globale d’un système isolé est immuable, et ne peut que se répartir différemment. Résultat, en un an, augmentation de 31% du nombre de milliardaires dans le monde (ils seraient désormais 2755), dont 9 parmi les nouveaux sont gros actionnaires voire PDG de sociétés pharmaceutiques.

Alors pour ces milliardaires débutants, nous conseillerons de commencer par une vente discrète et en ligne de tableaux aux estimations modestes, constituée essentiellement d’imitateurs médiocres, mais où se cachent deux ou trois raretés. C’est la seconde partie d’une vente des maitres anciens de la peinture, à Vienne (Autriche) au Palais Dorotheum, aujourd'hui 9 juin. La vente, en ligne, finit à 16 heures. Pressez-vous.

Vous y trouverez notamment un portrait inexpressif assez réussi de Pieter Thijs, une étrange scène nocturne de soldats d’Aniello Falcone, et un rare portrait de jeune femme au masque et à la grenade, de Rotari (détail en illustration), dans un très bel état, estimé 25k€ mais déjà disputé au double de l'estimation (comme l'avait été ce très beau portrait en 2013). Le catalogue dit qu’une version de ce tableau se trouve parmi les 368 portraits de la salle des Rotari à Peterhof.
 
Pour information l’ergonomie du site est remarquable et les reproductions, de haute qualité, sont téléchargeables (cliquer Full screen view, puis High resolution image).
Et c’est heureux parce que la visite de l’exposition avant vente, qui finissait hier à 16h, était un insoluble casse-tête. Il fallait arborer, comme laissez-passer, une « preuve de bas risque épidémiologique », soit une vaccination certifiée EMA, entre 21 jours et 3 mois après la première dose, ou depuis 6 mois après la seconde dose, ou depuis 21 jours à 9 mois en cas de dose unique, ou une confirmation médicale de fin d’infection au SARS-CoV2 depuis moins de 6 mois, ou un test PCR négatif de moins de 3 jours, ou un test antigénique négatif de moins de 2 jours (informations non contractuelles)
Enfin il fallait y porter un masque homologué FFP2
Répétons que le masque de la jeune femme du tableau de Rotari, s’il l’était dans l'Europe des années 1750, n’est plus conforme aujourd’hui.


Mise à jour le 9 juin à 17h : Malgré plus de la moitié d'invendus et une vente morne, les 3 tableaux conseillés se sont bien comportés : le portrait de Thijs estimé 15k€ a été disputé au dernier moment jusqu'à 35,3k€, le Rotari estimé 25k€ a fait également l'objet d'un duel emporté contre 81,5k€, la bonne affaire restant le curieux Aniello Falcone, légèrement inachevé mais en bon état, enchéri une seule fois, à 14k€ (17,8 avec frais), en dessous de l'estimation basse. Falcone a certes peint beaucoup de soldats dans beaucoup de batailles, mais une scène où les soldats semblent surpris à discuter des points de revendication syndicale qui les décideraient à participer ou non à la bataille, en fait un sujet singulier.

dimanche 28 juin 2015

Histoire sans paroles (17)

Jardins du Généralife, Alhambra de Grenade, Andalousie
 
Jardin abandonné d'un palais à Viznar près de Grenade,
huile sur toile de Santiago Rusiñol, 1895
(Grenade, Alhambra, palais de Charles Quint, musée des beaux-arts)

dimanche 21 juillet 2013

dimanche 19 août 2012

L'héritage baroque

Le Baroque est un style, un mouvement qui a traversé l'art italien et espagnol, en gros au 17ème siècle. On le retrouve un peu plus tard en Allemagne, puis irrégulièrement, toutes les périodes ont eu un courant ou des individualités baroques.
Le Baroque est une réaction aux rigueurs du Classicisme. À l'harmonie, la proportion, la symétrie, l'équilibre, il oppose déformations, imaginaire, spectaculaire, pathétisme. Il lui arrive de déraper vers la surenchère, le rococo, puis le kitsch, et quelquefois la nouille et le n'importe quoi.

À la grande époque de l'âge d'or espagnol, l'objectif était d'attirer le client par la magnificence des églises et de l'horrifier par le spectacle des souffrances de l'incroyant et du pécheur.
Les temps modernes, qui ont connu tant de troubles et de drames, ont également ressenti cet élan vital, cet irrépressible jaillissement des formes. On le retrouve dans les architectures démesurées d'Antonio Gaudi à Barcelone, et chez le marchand de glaces de la calle de Zacatin, à Grenade en Andalousie.



dimanche 29 juillet 2012

Nul n'est prophète...

Au delà de la Terre, au delà de l’infini,
Je cherchais à voir le paradis et l’enfer.
Une voix solennelle m’a dit :
Le paradis et l’enfer sont en toi.
Referme ton Coran. Pense librement,
Et regarde librement le ciel et la terre.
Omar Khayyam (1048-1131), extraits des Quatrains (Robaiyat)

La Turquie est bienheureuse.
Elle a depuis bientôt 20 ans Fazil Say, impressionnant virtuose qui fait la renommée de l'art du piano et de son pays dans le monde entier. Comme György Cziffra ou Alexis Weissenberg en leur temps, sa technique est éblouissante, son style fantasque, et son succès considérable.
Il compose également, quantité d'oratorios et de symphonies qui réclament une exubérance d'instruments et beaucoup de résignation de la part de l'auditeur, qui a l'impression d'écouter l'accompagnement musical des pesants films de science fiction américains, comme avec les symphonies d'Anton Bruckner ou de Gustave Mahler.

Mais la Turquie est déchirée.
Car elle organise le 18 octobre une sorte de procès galiléen en miniature, contre son idole Fazil Say pour avoir insulté les valeurs de l'Islam. Trouvant en effet amusante une évocation du poète perse Khayyam, reçue par le réseau Twitter, qui comparait le paradis des musulmans à un rade pour ivrognes garni de prostituées, Fazil a commis le blasphème irréparable de retweeter le tweet. C'est à dire qu'il a transmis le court texte, d'une légère pression sur le bouton idoine de son téléphone, à ses milliers de fans suiveurs. Erreur fatale qui pourrait bien l'enfermer 18 mois dans les prisons turques, dit la loi « pénale ».

Fazil Say n'a jamais caché son athéisme.
La Turquie n'a jamais caché sa laïcité, depuis la révolution de Mustafa Kemal en 1922. Jusqu'à l'inscrire dans sa Constitution.
Mais elle la pratique de moins en moins.

Mise à jour du 21.11.2012 : le tribunal étudie le dossier de la défense. Prochaine audience le 18.02.2013 15.04.2013.
Mise à jour du 16.04.2013 : le verdict clément, 10 mois de prison, ne sera exécuté qu'en cas de récidive dans les 5 ans. Encore un petit effort vers la civilisation...
Mise à jour du 14.11.2018 : l'affaire traine. Le jugement, confirmé en appel en 2013, annulé en 2015 par la Cour suprême, est renvoyé devant un autre tribunal et annulé définitivement en septembre 2016 alors que la presse, les instances européennes et le public éclairé réclament que le pianiste ait le droit de s'exprimer. Pendant ce temps, le pays s'enfonce doucement dans une autocratie réactionnaire, comme bon nombre d'autres pays dans le monde.



Le palais de l'Alhambra à Grenade, en Espagne. L'intérieur du palais (ici la tour de Comares) est totalement recouvert de grouillantes arabesques et d'innombrables inscriptions affirmant qu'Allah est le seul vainqueur. Fazil Say qui est musicien aurait pu se douter qu'en matière d'opinions les murs ont aussi des oreilles.