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vendredi 25 avril 2025

Razzia sur l'université

Winslow Homer, La cloche du matin (ou le vieux moulin), 1871, 97cm (Yale University Art Gallery, New Haven). Méconnu mais l’un des plus beaux Homer, avec ceux d’Orsay et de Philadelphie.



Aux États-Unis, la nouvelle administration fédérale déploie avec zèle depuis quelques semaines la politique prescrite par le boss, l’épuration du pays dans le but de préserver l’homme américain, blanc, croyant et riche. Elle utilise pour cela des méthodes de restriction et de contrôle des droits bien connues et éprouvées.   

Et comme elle imagine, à raison, que la science s’oppose à ses conceptions du monde, elle a nettoyé l’enseignement public de quelques dizaines de milliers d’impuretés, sans négociations.


Du côté de l’enseignement privé, les puissantes universités comme Harvard, Yale, ou Princeton profitent depuis longtemps de subventions publiques et avantages fiscaux, qui représentent 20% à 30% de leur budget annuel. C’est une faiblesse, et un levier persuasif que manipule aujourd'hui l’administration fédérale pour chercher à contrôler la pureté des étudiants, la soumission des enseignants, l’intégrité des programmes et la gestion des établissements.  



Heade (Martin johnson), Newburyport Marsh Haystacks, c.1871-75, 61cm (Princeton University Art Museum). Heade aurait peint plus d’une centaine de ces paysages des marais salants et des meules de Newburyport entre 1865 et 1875 (Monet ne découvrait ses premières meules qu’en 1888). Tous les musées de l’est américain en exposent. L’université de Yale en possède également plusieurs.



Aux dernières nouvelles, devant l’ultimatum, Princeton plie, Harvard grimace et Yale prend le maquis, mais cela peut changer du jour au lendemain. 


Ces universités ont un budget et un capital supérieurs à ceux de petits pays, elles sont propriétaires des plus importantes bibliothèques au monde et de riches collections d’art qu’elles exposent dans leurs musées et sur leurs sites, où on découvre des chefs-d’œuvre, parfois correctement reproduits.

Il serait sage d’y faire une petite récolte d'images avant qu'elles ne choisissent de se séparer des plus monnayables d'entre eux aux enchères, pour combler quelque déficit inopportun, et semble-t-il inévitable vu les méthodes crapuleuses de la négociation fédérale.



Misrach Richard, Pompes à essence submergées, Salton sea, 1983, Desert Cantos portfolio, photographie (Chromogenic print 58.5 cm) Harvard University Art Galleries, Cambridge.


lundi 9 mai 2022

Le paysage de Fitz-Henry Lane

Lane F.H, Coffin's beach, 1862 (Boston MFA)

Les Étasuniens sont bienheureux. ils ont, jalousement consignés dans leurs vastes musées, les plus grands peintres paysagistes du 19ème siècle, A. Bierstadt, A.T. Bricher, F.E Church, S.R. Gifford, W.S. Haseltine, M.J. Heade, W. Homer, G. Inness, J.F. Kensett, F.H. Lane… Arrêtons-nous au L. 
Ils les ont classés, après leur décès, dans "l’École de la rivière Hudson" parce qu’ils pratiquaient le paysage essentiellement aux alentours de l’Hudson, entre Boston et New York, mais la plupart ne se connaissaient même pas. Et il ne faut pas la confondre avec "l’École luministe américaine", qui regroupe un sous-ensemble des peintres de l’Hudson river school. À moins que ce soit l’inverse. De toute manière ils ne se fréquentaient pas non plus.

D’ailleurs qui les connait en Europe ? L’Amérique est possessive. La dernière fois qu’elle a montré sérieusement aux Français la richesse de son 19ème siècle (élargi), c’était au Grand palais de Paris en 1984, l’exposition Un nouveau monde, chefs-d’œuvre de la peinture américaine 1760-1910 : 115 parmi ses plus précieuses peintures. 
Un beau geste ! Un bouleversement ! Madame X par Sargent, le Renard dans la neige de Homer, les horizons marins de F.H. Lane (alors Fitz Hugh, aujourd’hui Fitz-Henry), épurés, précis, presque naïfs, les paysages de Kensett, aux couleurs si délicates qu’on ne peux même pas les reproduire. La France alors découvrait l’Amérique.

On objectera que leurs paysages sont trop grandioses parfois, au point que, pour ne pas souffrir de la comparaison, leur cinéma inventera dans la foulée le procédé Technicolor.
Mais c’est parce que leur pays est colossal, cascades, geysers, cyclones, concrétions, déserts, tout y est démesuré. Et la vallée de la Mort ! Le soleil peut y cuire une omelette, parait-il ! Tandis que sur la plage de Trouville, on mâchonne nos œufs durs en regardant Eugène Boudin poser ses petites touches rouges et bleues sur un fond gris, les pieds pataugeant dans le sable.

Si elle ne prête pas beaucoup ses paysages peints, l’Amérique en fait des catalogues. 
Le musée de Cape Ann à Gloucester dans le Massachusetts, où F.H. Lane a vécu presque toute sa vie, et qui possède une belle série de ses œuvres, vient de rendre public un site consacré à son catalogue raisonné
Il documente précisément, pathologiquement, l’univers de Lane, le sujet unique de ses tableaux, la côte autour de Gloucester, le port et les navires, l’emplacement exact du peintre quand il a réalisé telle vue, le descriptif technique de la goélette représentée, le plan de sa voilure, et quelques études captivantes, comme ce dossier sur 4 facsimilés peints par Lane et son élève très douée, Mary Blood Mellen.

Tout est en anglais, mais les principaux navigateurs sur internet traduisent aujourd’hui de façon transparente vers le français. Les reproductions des tableaux sont correctes, parfois bonnes.


Lane F.H. florilège de paysages. Le détail de chaque tableau se trouve dans le catalogue raisonné.

jeudi 13 octobre 2016

Revue de détails à Washington (2/2)

Suite et fin de quelques détails parmi les peintures de la National Gallery of Art de Washington.
(n'oubliez pas d'appuyer sur le bouton Zoom)  



1.1  Van Eyck Jan - Annonciation 1435
1.2  Bosch - Mort et la misère 1490
1.3  Vermeer - Peseuse 1664
2.1  Boilly LL - Le studio du peintre 1800
2.2  Gonzalès Eva - Nounou et enfant 1878
2.3  Vermeer - Dame écrivant 1665
3.1  Degas Edgar - Leçon de danse 1879
3.2  Johnson Eastman - Cueillette des fleurs de nénufar 1865
3.3  Homer Winslow - Retour du père 1873



1.1  Bricher AT - Quiet day near Manchester 1873
1.2  Bellotto Bernardo - Forteresse de Konigstein 1758
1.3  Vallotton Félix - Église de Souain 1917
2.1  Gérôme JL - Vue de Medinet El-Fayoum 1870
2.2  Dossi Dosso - Énée sur la côte lybienne 1520
2.3  Turner - Venise douane et San Giorgio 1834
3.1  Van Gogh  - Champs verts à Auvers 1890
3.2  Calame Alexandre - Paysage suisse 1830
3.3  Cuyp Aelbert - Cavaliers dans un paysage 1660



1.1  Coorte Adriaen - Nature morte aux asperges 1696
1.2  Harnett WM - Le vieux violon 1886
1.3  Hulsdonck Jacob van - Fraises et œillet 1620
2.1  Bronzino - Jeune femme et enfant 1540
2.2  Manet - Toréador mort 1864
2.3  Eakins - Archevêque 1905
3.1  Chardin - La bulle de savon 1734
3.2  Di Giovanni Benvenuto - Christ dans les limbes 1491
3.3  Chardin - Le château de cartes 1737

jeudi 28 décembre 2006

Chose passée : Winslow Homer

À quand remonte la première fois où j'ai vu une peinture de Homer?
Peut-être à la fin des années 1970, au Louvre. "Un soir d'été". Deux femmes dansent devant la mer, les silhouettes des spectateurs se mélangent aux vagues. Peut-on imaginer un tableau plus magique?

Puis j'oubliais Homer. Internet n'existait pas, il était difficile de trouver de bonnes reproductions.

Au printemps 1984, les États-Unis exposaient à Paris, au Grand Palais, 110 chefs-d'œuvre de la peinture américaine. On savait que des peintres américains avaient réalisé quelques belles toiles, reproduites à l'infini dans d'édifiantes histoires de l'art, mais on n'avait jamais pensé que Heade, Lane, Sargent, Eakins étaient aussi "grands" que les plus "grands" européens (Ce Glob Est Plat consacrera un jour une chronique à chacun d'eux).
Parmi ces merveilles, quelques Homer, le "soir d'été", et un grand tableau, bouleversant, peut-être par la pureté plastique de ses lignes, par je ne sais quoi... un renard dans la neige.

À l'automne dernier, le musée américain de Giverny exposait une cinquantaine d'œuvres sur le thème "Homer poète des flots". On connaît mieux Homer qu'en 1984, abondamment reproduit depuis sur la Toile (omniprésence américaine oblige). Mais les représentations de la mer agitée sur la côte Est des États-Unis sont parmi les plus belles œuvres de la fin de sa vie.
Après de nombreux atermoiements, un vendredi pluvieux d'octobre, je suis à Giverny, deux jours avant la fin de l'exposition.

Et de loin, parmi les huiles et les aquarelles marines, je l'aperçois. Il est là, comme il y a plus de 20 ans, dans la neige, menacé par les mêmes corbeaux.
À quoi tient la magie d'une image?
À la magie d'un instant?

Au fond de la scène, une tâche bleue. Ça doit être la mer, le thème de l'exposition. Sinon, le musée de Philadelphie se serait-il privé cinq mois d'une tel enchantement?
Il est maintenant en Amérique ; le "soir d'été" est toujours à Paris, au musée d'Orsay.