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mardi 4 octobre 2022

Promenade à Detroit

André Kertész, Homing ship, photographie, New York 1944 (Detroit institute of Arts).

Notre civilisation, fière de ses avancées, réalise qu’elles la conduisent inévitablement vers l’abime. Alors elle commence à réagir par de petites mesures sur les conséquences plutôt que sur la cause. Il semble bien que nous devrons désormais, habitants sans privilèges de l’Europe de l’ouest, renoncer à aller visiter ces musées du Nouveau Monde qui nous auront fait rêver, Chicago, New York, Boston, Philadelphie, Detroit… 
Qu’à cela ne tienne ! C’est le rôle des rêves de ne jamais se réaliser. Tant que nous avons un reste d’électricité et un logiciel de navigation (et aussi des tas de serveurs informatiques dans des paradis fiscaux). Les musées américains sont éloignés mais leurs sites sur internet sont prodigues. 

Le Detroit Institute of Arts, un des 10 premiers musées des États-Unis par l’ampleur de ses collections, en partage une grande partie dans de belles reproductions copiables et aux dimensions honorables (2048 pixels).  

Constituée depuis les années 1880 par les magnats et bienfaiteurs de l’humanité, de la presse et de l’automobile que furent les Dodge, Firestone ou Ford, la collection était estimée plus de 8 milliards de dollars en 2014, lorsque la ville de Detroit qui la gérait, en faillite après l’abandon de ces mêmes bienfaiteurs de l’humanité, menaça d’en mettre une partie à l’encan, la plus vendable, Brueghel, Rembrandt, Van Gogh, Matisse. Des solutions de financement furent finalement trouvées, mais l’administration du musée était toujours instable quand survinrent la pandémie de 2020, puis la crise économique. Depuis, nous n’avons plus de nouvelles (pour être honnête, nous n’avons pas cherché à en avoir, afin de maintenir cet optimisme qui fait la marque de fabrique de Ce Glob).  

S’il faut croire l’encyclopédie Wikipedia en anglais, l’évènement marquant de la vie du musée advint le 24 février 2006, quand un garnement colla son chewing-gum sur un grand tableau de 2 mètres d’Helen Frankenthaler. Après 4 mois d’acharnement la toile restaurée par le laboratoire de conservation du musée était comme neuve. On aura frôlé la catastrophe. Par chance le scandale a été oublié car c’était également le jour où les Detroit Pistons ont vaincu les Chicago Bulls.

Pratique : 
La visite des collections se fait par pages de 8 à 9 vignettes, ce qui est assez laborieux, par exemple quand la recherche des mots "de La Tour" annonce 5417 pages. Par chance les premiers affichés seront les résultats qui comportent les 3 mots recherchés (pour trouver une expression exacte, entourez-la de guillemets doubles).
Il faudra également renoncer à déambuler comme dans les salles d’un musée. Pas de consultation de l’ensemble du catalogue en vignettes ; ici, il faut savoir ce que l’on veut. Mais la fonction de recherche est assez généreuse si on saisit des mots anglais suffisamment généraux comme painting, watercolor, etching, pastel, sculpture, french, et si on utilise les filtres fournis, par collection et par date.

Notez enfin qu'il n'est pas rare, après un peu d'attente, de recevoir temporairement et aléatoirement, au lieu de la page demandée, une page "Pardon our dust", qui signifie "pardonnez notre poussière" ou prosaïquement "Site en travaux, revenez dans un temps indéterminé".


Karel Dujardin, détail de la Sainte famille de retour d'Égypte, 1662 (Detroit institute of Arts).
 
Voilà une litanie de liens qui allécheront alphabétiquement le chaland :

Bouguereau, ouvrons avec les mièvres Cueilleuses de noisettes, car il parait que c’est, comme la Joconde au Louvre, de loin le tableau favori des visiteurs du musée (nous ne commenterons pas). Breton, Jules, un curieux incendie dans une meule de blé. Bronzino, 3 belles choses. Pieter Brueghel l’ancien, la fameuse Danse de mariage et de nombreux détails (voir les flèches en haut à gauche dans la fenêtre de zoom). Butinoneâmes sensibles, évitez ce lien - le Massacre des innocents. Caravage, Marthe et Marie-Madeleine. Church F.E, la côte de Syrie. Jan de CockLoth et ses filles. Karel Dujardin, Retour d’Egypte. Fussli, le célèbre Cauchemar. Orazio Gentileschi, Femme au violon. Henri Gervex, Café à Paris. Ghiglia - La rose artificielle (il y a un piège dans le titre). Hammershøi, encore une femme dans un intérieur. M.J. Heade, un Paysage de mer. Holbein, un portrait de femme. André Kertész, beaucoup de belles photos dont la magnifique Homing ship

Pause détente, avec le Salvator Mundi présumé de Léonard de Vinci. Pour qui regretterait la disparition du tableau à 450 millions de dollars dans le désert saoudien, Detroit en possède un clone très ressemblant, aussi inexpressif, attribué un temps à Léonard, puis à son "fils adoptif" Salaï, puis à Giampetrino. Mais où s'arrêteront-ils ?

Reprenons avec Alfred Leslie, une violoniste. Detroit possède peut être l'intégrale des gravures de Martin Lewis, et nombre de dessins préparatoires. Nous en parlions en 2009, mais la plupart des liens sont morts. En voici quelques autres : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7. Liotard, portrait au pastel de Marie-RoseThomas Moran, une Venise à la Turner. Rembrandt Peale, un homme lisant à la chandelle. Jan Provost, un délicieux Jugement dernier. De Rauhauser une longue série de photos, dont Car wreck. W.T. Richards et sa Long Branch Beach. Jacob van Ruisdael, le célèbre Cimetière juif. Gilbert Stuart, les beaux portraits de la famille Todd. Un Ter Borch rare, l'homme lisant. Une extraordinaire scène goyesque avant Goya d'Adriaen van de Venne, Quaet slagh ou Angry blows (?) Un étrange portrait d'homme par Velázquez. Une mer calme de Simon de Vlieger. Un intérieur de Vrel. De Richard Wilson, un paysage avec un moine blanc difficile à distinguer. Enfin, les spectaculaires Bottes marines d'Andrew Wyeth.

mercredi 16 octobre 2013

Revue de détails au Metropolitan (1/2)

Et encore un petit musée provincial qui, sur son site Internet, ridiculise le plus grand musée de l'Univers, notre Louvre vénéré, et aussi notre Orsay national, en se riant des principes immémoriaux de la République, à savoir qu'il faut présenter les musées et les œuvres par de mesquines vignettes de mauvaise qualité, prétendre que leur reproduction est prohibée, et interdire toute photographie au touriste de passage, histoire de vendre de la carte postale.
Inutile de revenir sur un sujet maintes fois traité dans Ce Glob est Plat.

Le souffle d'air frais vient aujourd'hui de l'immense Metropolitan museum de New York qui pulvérise décidément sur son site Internet les records de respect du bien public.

Toute la collection du musée y est à disposition (1). La recherche (en anglais) est simple. On clique sur une vignette, puis un autre clic et c'est le paradis. Sous un éclairage idéal, le nez sur l'œuvre, on déguste les détails les plus indiscrets.
N'écoutez pas le Grincheux en haut dans son nuage, faites glisser la souris et rouler la molette. Un dicton populaire, qui veut dire tout et rien, prétend que le Diable est dans les détails. Tant mieux. Dans un musée lointain qui regorge de merveilles, le visiteur fébrile est impatient de ne rien manquer, de sorte qu'il ne s'attarde sur rien, ne retient pas grand chose, et néglige tous ces détails qui ont pourtant demandé aux peintres tant d'attentions.

Le site du musée nous les offre sans restriction (2).

Ah, au fait, on dit que le visiteur, sur place à New York, a le droit de photographier tout ce qu'il désire. 

***
(1) Une tendance naturelle et certainement perverse de ce blog nous a fait explorer particulièrement les peintures occidentales, mais le Metropolitan expose de quoi satisfaire toutes les obsessions, antiquités, arts asiatiques, costumes, dessins, instruments de musique, photographies, sculptures...
(2) Dans la fenêtre appelée Fullscreen où vous zoomez sur l'image vous verrez en bas à droite une petite flèche blanche. Elle invite à télécharger une très grande reproduction de l'œuvre (3800 pixels). Par ailleurs un logiciel pour les appareils mobiles Apple offre de consulter et télécharger 1500 œuvres en très haute définition. 
 
 

1.1  Verrocchio et atelier - Madone et enfant 1470
1.2  Sargent - Madame X 1884
1.3  De La Tour Georges - La bonne aventure 1630
2.1  Metsys Quentin - Adoration des mages 1526
2.2  Vermeer - Portrait de jeune femme 1667
2.3  Sharaku - L'acteur Matsumoto Yonesaburo 1794
3.1  Schiele Egon - Portrait de femme 1910
3.2  De Predis - Fille aux cerises 1495
3.3  De La Tour Georges - Madeleine pénitente 1640



1.1  Villers Marie-Denise - Charlotte du Val d'Ognes 1901
1.2  Guardi - Capriccio
1.3  Van der Heyden - Huis ten Bosch à La Haye 1670
2.1  Van Ruisdael Jacob - Champs de blé 1670
2.2  Robert Hubert - Artistes ambulants
2.3  Frère Théodore - Vue de Jérusalem 1881
3.1  Corot - Hagar dans le désert 1835
3.2  Van Ruysdael Salomon - Près de Gorinchem 1646
3.3  Bingham - Deux marchands sur le Missouri 1845



1.1  Van Eyck et atelier - Crucifixion et jugement dernier 1435-40
1.2  Carpaccio - Méditation sur la passion 1490
1.3  Tiepolo Giovanni Domenico - L'enterrement de Punchinello 1800
2.1  Rothko Mark - White, Black, Rust, on Brown 1968
2.2  Ingres - Princesse de Broglie 1853
2.3  Kertész André - Fête foraine 1931
3.1  Eckersberg - Rue avec personnages à Copenhague
3.2  Ingres et atelier - Odalisque en grisaille 1834
3.3  Doré Gustave - Cavalier et cheval mort 

À suivre...

lundi 25 juillet 2011

Des photos en pagaille

Une belle photo est limpide. Les formes, l'organisation des lignes et la distribution des volumes en rendent la lecture aisée, l'intention évidente. Une belle photo en dit un peu plus que la réalité qu'elle représente. Pas trop, comme un glacis de vernis translucide donne de la profondeur à une peinture. Une belle photo est imprévue, pas farfelue. Elle peut avoir été prise par le voisin de palier. Une belle photo semble authentique, plausible, on apprendra peut-être un jour qu'elle avait fait l'objet d'une mise en scène, mais trop tard. Elle aura marqué l'imaginaire.

Photo aimablement prêtée par un voisin de palier (2005, © JFP)

Qui a le temps de respecter ces critères, de passer ses journées à ne rien faire d'autre qu'épier l'évènement, l'observer du dehors, le décortiquer sans le vivre, à se faire expulser de lieux interlopes ou de cimetières de province parce qu'on le prend pour un profanateur pervers, à demander au quidam qui vient d'accomplir l'exploit de sa vie de le refaire sous un angle plus avantageux ?
Personne, excepté quatre ou cinq grands photographes qui ont pour nom Kertesz, Erwitt, Cartier-Bresson, Doisneau, Koudelka.
Et de ces photographes, on ne trouve pas aisément sur internet des reproductions plus grandes qu'un timbre et en nombre suffisant, sinon sur une espèce de blog en forme de capharnaüm impérialiste nommé Onlinebrowsing.

Le propriétaire du blog n'a peur de rien. Une monographie lui plait, il en scanne toutes les reproductions et les jette à la queue leu-leu, sans référence pour chaque photo, si bien qu'il n'est pas rare de trouver, au milieu des œuvres de l'un, des photographies d'un autre qui l'a influencé, sans en être crédité par un quelconque commentaire. Le propriétaire ne s'embarrasse pas non plus de l'ordre alphabétique pour classer sa liste de mots clef, ainsi les photographes sont triés dans l'ordre de leurs prénoms. Il faudra penser à chercher Kertesz dans les A. Enfin, ses pages surchargées de reproductions (jusqu'à 200) mettent tant de temps à s'afficher qu'il est conseillé, une fois la page chargée, de regarder les photos en détails dans un autre onglet ou une nouvelle fenêtre (1).

Mais ce blog est un mine d'or. Beaucoup de photos d'Elliott Erwitt, de Joseph Koudelka, d'André Kertesz, encore plus d'Henri Cartier-Bresson, et des florilèges des grands journaux et magazines, un siècle de photos du New York Times, 70 ans du magazine Life, une anthologie du magazine National Geographic.
Alors récupérez sans tarder vos images préférées avant que le blog ne soit foudroyé par le dieu vengeur des droits d'auteur.

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1. En fonction du navigateur que vous utilisez, il vous faudra appuyer sur la touche Commande, Contrôle, ou Majuscule tout en cliquant sur l'image. Ou cliquer au même endroit avec le bouton de droite de la souris et choisir dans le menu contextuel.