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samedi 4 août 2018

Le musée de l'antipode

Il y a plus de 2200 ans, Pythéas de Massalia, Aristarque de Samos, Ératosthène de Cyrène, disaient que la Terre était ronde. Puis elle s’est dégonflée, aplatie pendant une éternité sous la doctrine des plus grands penseurs de l’humanité, comme Saint Augustin, et n’a recouvré une forme de boule que depuis 300 ou 400 ans, selon Copernic et Galilée.
Ainsi la Terre est de nouveau ronde. Admettons. Et c’est bien là le problème, car l’étymologie est une science aussi exacte que les Saintes Écritures, et le mot antipode affirme cette rotondité. Il signifie « là où les pieds sont dans l’autre sens ».

Cela implique qu’un Européen ne pourra pas se rendre sans fâcheux inconvénients dans les pays à son antipode, comme l’Australie, où tout est sens dessus dessous. Il lui faudrait des chaussures de plomb, il sentirait son sang affluer et faire bouillonner son cerveau, ses yeux se révulser en laissant échapper son âme, ses poches se vider et leur contenu tomber vers le ciel. Il en ressentirait une insupportable angoisse.
C’est pourquoi la National Gallery of Victoria, le grand musée d’art de Melbourne, capitale culturelle de l’Australie, a installé sur le réseau internet (qui se rit des affaires de gravitation), un site spécialement dédié aux habitants de son antipode approximatif, en poussant la prévenance, pour leur éviter la nausée, jusqu’à retourner toutes les reproductions sur leur axe horizontal.

Et ils découvriront tant de belles choses dans ce grand musée par nature si mal connu.


Des artistes australiens, nés la tête en bas (certains prétendent que cela se voit) : Ci-dessus de gauche à droite et de haut en bas, des détails, par James Gleeson (Harbinger 1986), W.M.M. Watkins (Lake Wanaka, summer evening 1878), Eugene von Guérard, autrichien qui vécut 30 ans en Australie (Tea Trees near Cape Schanck 1865), Stephen Bush (L.L. The wish being the father to the thought 1989), enfin Kathy Temin (Duck-rabbit problem - le problème du canard-lapin 1991).


Et des artistes d’autres antipodes, des détails de paysages par G.E. Hering (Druidical monuments at dawn in the Isle of Arran 1871), Henry Pether (Moonlight Westminster 1858), George Clausen (The houses at the back on a frosty morning 1913), Clarkson Stanfield (Mount St Michael Cornwall 1830), Paul Signac (Les gazomètres de Clichy 1886), enfin par J. M. W. Turner (Dunstanburgh Castle Northumberland, sunrise after a squally night 1798).


Et encore d’autres chefs-d’œuvre par Federico Barocci (Portrait of a young girl c.1575), Le Greco (Portrait of a cardinal c. 1600), J.D. De Heem (Still life with fruit c. 1640), D.W. Wynfield (Death of George Villiers 1871), Rembrandt (Two old men disputing 1628), Giambattista Tiepolo (The Banquet of Cleopatra 1743), et des milliers d’autres merveilles, dessins, peintures, sculptures, gravures, photographies.
   

samedi 24 février 2018

Galerie nationale d’Écosse (1 de 2)


Comme nombre d’autres grands musées européens et américains, et sans attendre que le phare de tous les musées de la galaxie, le Louvre de Paris, daigne s’allumer, le musée national d’Écosse à Edimbourg (Scottish National Gallery Edinburgh) vient de mettre en ligne, accessibles à tous, des photographies de très haute qualité de presque toutes ses collections, de peinture, aquarelle, sculpture, photographie, dessin, y compris la galerie de portraits et les réserves, qui sont considérables (92 000 œuvres au total).
Et sous la condition d’une inscription légère, de bonnes reproductions peuvent être téléchargées et utilisées gratuitement.

Comme à l'habitude, quand s’ouvrent à l’internaute insatiable les collections d’un grand musée, il s’oublie dans une errance sans fin sur les détails de chefs d’œuvre dont il ne connaissait jusqu’à présent que de médiocres clichés.
Il y découvre que parmi les trois versions connues de l’énigmatique scène luministe du Greco (garçon allumant une chandelle avec un singe et un homme), celle d’Edimbourg (détail illustration 1) est certainement la plus belle.
Il contemple la souplesse du dessin de Giambattista Tiepolo dans l’immense toile « la découverte de Moïse » (détail ill. 2), dont manque la partie droite (un hallebardier) qui se trouve à Turin (une copie réduite mais complète peinte par son fils, Giandomenico, aujourd’hui à Stuttgart, prouve la séparation).
Il s’amuse à parcourir les détails délirants de « l’allégorie des 2 testaments » d’Hans Holbein, dont ce Christ ressuscité qui foule du pied un squelette et un démon clownesque (détail ill. 3), ou les foisonnantes élucubrations érotico-féeriques de Sir Noel Paton.
Enfin il admire tant de portraits renommés (détails ill. 4), par Gainsborough, par le sculpteur Medardo Rosso, et, par Allan Ramsay, celui de sa femme Margareth Lindsay vers 1760, l’un des plus beaux portraits de l’histoire de la peinture.

À suivre...





dimanche 20 octobre 2013

Revue de détails au Metropolitan (2/2)

Suite et fin de quelques détails parmi les œuvres du Metropolitan museum de New York.



1.1  Farrer Henry - Paysage au clair de lune 1869
1.2  Post Frans - Paysage brésilien 1650
1.3  Jones Thomas - Ponte Loreto 1787
2.1  Seurat - Forêt à Pontaubert 1881
2.2  Heade Martin Johnson - Newburyport meadows 1881
2.3  Cole Thomas - The oxbow 1836
3.1  Kuindji - Couchant sur le Dniepr 1908
3.2  Lane Fitz Hugh - Gloucester Harbor 1862
3.3  Church Frederic - Cœur des Andes 1859



1.1  Poussin - Orion aveugle 1658
1.2  Maitre de Sainte Godelieve - Vie de sainte Godelieve
1.3  Fra Carnevale - Naissance de la Vierge 1467
2.1  Corot - Destruction de Sodome 1857
2.2  Bierstadt - Nevada falls Yosemite 1873
2.3  De Jongh Ludolf - Scène dans une cour 1660
3.1  De Hooch Pieter - Loisir dans un intérieur 1665
3.2  Petrus Christus - Orfèvre dans son échoppe 1449
3.3  Style de Jérôme Bosch - Le Christ descend aux enfers 1560



1.1  Rembrandt - Aristote 1653
1.2  Ochtervelt - La lettre d'amour 1670
1.3  David Gerard - Annonciation 1510
2.1  Hokusai et atelier - Poule
2.2  Greco - Portrait d'homme 1600
2.3  Ghirlandaio - Sassetti et son fils 1488
3.1  Degas - Chez le chapelier 1881
3.2  Engebrechtsz - Crucifixion 1527
3.3  Brueghel Jan - Route en forêt et voyageurs 1607

samedi 24 janvier 2009

Les délices au microscope

Comme tout le monde vous n'habitez pas Madrid ni ses alentours. Comme tout le monde vous avez, un jour d'été, poireauté sous le soleil espagnol de midi, pour réaliser, après deux heures d'attente sans l'ombre d'une ombre, votre ticket d'entrée au musée du Prado en main, qu'il vous restait peu de temps pour admirer tous ces tableaux de Velazquez, Goya, Greco dont vous rêviez depuis si longtemps. Comme tout le monde, quand vous êtes arrivés devant le «Jardin des délices», l'immense collage surréaliste de Jérôme Bosch, vous avez réalisé qu'il était inutile de vouloir le voir en entier tant il y avait de monde devant.

Alors, comme tout le monde, désabusé, vous avez grappillé quelques détails furtifs, aperçus entre deux touristes japonais, au moment où les gardiens annonçaient déjà l'heure de fermeture du musée. Comme tout le monde vous ne reviendrez peut-être jamais à Madrid.



Les années ont passé. Vous vous êtes récemment consolés en constatant que le musée mettait progressivement en ligne sur son site de splendides reproductions détaillées. Vous pouviez alors scruter (1) les personnages ironiques et macabres du «Triomphe de la mort» de Brueghel l'ancien ou les paysages idylliques de Patenier.

Et puis voici quelques jours, Gougueule (encore Elle) annonçait que tout le monde pouvait désormais découvrir les détails les plus microscopiques de certains chefs-d'œuvre du Prado et examiner le «Jardin des délices» comme seul Jérôme Bosch ou quelques experts couverts de laissez-passer ont pu le voir. Et c'est indescriptible (2). Il suffit de lancer Google Earth (3).


Mise à jour du 2 février 2016 : les calomniateurs d'internet n'ont pas tort. Planter des repères, créer des liens vers d'autres sites est inutile, penser qu'une ressource sera disponible plus d'une ou deux années est illusoire. Gougueule s'est probablement fâchée avec le Prado car la gigantesque reproduction du Jardin des délices a maintenant disparu de Google Earth, et avec elle les autres tableaux du Prado. Le musée s'est également volatilisé du site culturel de Gougueule (Google Art Project). Les choses se présentent mal pour les amateurs de Bosch à distance.

Mise à jour du 13 février 2016 : c'est un vrai coup de théâtre, le Jardin des délices est réapparu aujourd'hui. C'est l'image en extrêmement haute résolution photographiée par Gougueule en 2009, pourvue d'une ergonomie idéale. Le voyage peut reprendre dans l'univers de Bosch.


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(1) Cliquez sur la reproduction du tableau, puis à nouveau sur la reproduction suivante. Une fenêtre apparaît alors avec l'image en haute définition.
(2) Les 4 illustrations de cette chronique sont extraites du Jardin des délices. Les droits de reproduction sont détenus par Jérôme Bosch et Google, inévitablement.
(3) Cherchez «Madrid Prado» (ou ouvrez ces coordonnées) avec Google Earth. Assurez-vous que l'option «bâtiments 3D», dans l'onglet «Infos pratiques», à gauche de l'écran, est bien cochée. À l'emplacement du Prado, cliquez sur l'étiquette blanche «Museo nacional del Prado», choisissez un tableau et abusez de la mollette de votre souris.

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Pour les oreilles : Tyranny and Mutation de Blue Öyster Cult, un rock limpide, carré, irréprochable, des phrases de guitare mémorables. Écoutez par exemple «Mistress of the salmon salt».