dimanche 26 février 2023
lundi 19 décembre 2022
Améliorons les chefs-d'œuvre (26)
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Mots clefs : Améliorons les chefs-d'œuvre , Animaux , Bach JS. , Cioran , Féerie , GIF , Jésus , Londres , Mise à jour , National Gallery , Nativité , Père Noël , Piero della Francesca , Restauration
dimanche 3 novembre 2013
Vialatte ou l'art du rahat-loukoum
C'est le cas de La Bruyère, de Céline, Cioran, Flaubert parfois, et sans doute d'Alexandre Vialatte.
On peut aussi bien les dire ou les réciter, au théâtre par exemple. On y perd peut-être la faculté de s'arrêter pour les déguster, mais quelque chose de fulgurant se produit à les entendre, comme une musique amplifiée. Le petit plaisir solitaire s'en trouve multiplié.
Charles Tordjman a demandé à trois grands acteurs d'interpréter un florilège des chroniques de Vialatte sur la petite scène de la Grande salle du théâtre de la Commune, à Aubervilliers. Et pendant trois semaines, en 18 représentations, près de 3000 chanceux ont savouré ce miel durant 90 minutes, en octobre.
Le spectacle s'appelle « Résumons-nous, la semaine a été désastreuse ». On le verra encore le 3 décembre à Clamart, les 6 et 7 à Clermont-Ferrand, puis quatre jours à Nancy, un jour à Sète, deux à Luxembourg en 2014, enfin quatre à Amiens en février.
Alexandre Vialatte a écrit plus de 1100 chroniques entre 1950 et 1971, publiées dans divers journaux, principalement La montagne de Clermont-Ferrand et Le spectacle du monde. Elles parlaient de tout et de rien. Surtout de riens de l'actualité qu'il élevait, en moraliste, au rang de presque riens, mais avec lyrisme. Et aussi de grandes choses qu'il exaltait avec dérision. Il en naissait une profonde mélancolie.

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Mots clefs : Aubervilliers , Céline LF. , Chroniques , Cioran , Flaubert , La Bruyère , Littérature , Mélancolie , Théâtre , Vialatte
samedi 17 novembre 2012
Edward Hopper ou l'ennui
« L'ennui opère des prodiges : il convertit la vacuité en substance. »
Cioran, Syllogismes de l'amertume
On pensait jusqu'à présent que le public ne se déplaçait en nombre que pour les évènements optimistes, ceux qui exaltent l'harmonie de la nature, la grandeur de l'Homme et de ses réalisations, d'où le triomphe des expositions autour des peintres impressionnistes ou des joyaux des pharaons.
Il faudra admettre, à la vue des files interminables (jusqu'à 5 heures d'attente) qui piétinent à la porte de la rétrospective consacrée au peintre Edward Hopper au Grand Palais de Paris, que la règle n'est pas aussi élémentaire.
Car Hopper n'était pas un peintre particulièrement jovial. Il décrivait sur de grandes toiles aux couleurs à la fois fades et acides, une réalité américaine généralement urbaine dont il négligeait les objets inutiles pour ne conserver que les plus emblématiques. Et au milieu de ces décors dépouillés à en devenir géométriques, il déposait quelques personnages qui ne font rien, rien qu'attendre l'instant suivant, qui sera identique au précédent.
Hopper est un peintre de l'ennui. Pas l'ennui métaphysique, pas un ennui existentiel noble et mélancolique, mais un mal-être vague et insipide devant la banalité de la vie quotidienne.
Tout cela n'est pas vraiment vendeur. C'est pourquoi la campagne promotionnelle du commissaire de l'exposition, pour qui le mot « réalisme » doit faire un peu minable, lui a joint l'adjectif « paradoxal ». Il faut toujours fabriquer du mystère, le réel ne suffit pas.
Et il ne s'arrête pas au réalisme paradoxal, mais évoque, dans l'ombre du peintre, des écoles prestigieuses en « -isme », surréalisme, cubisme, symbolisme, romantisme... Et pourquoi pas cyclotourisme ?
Finalement l'engouement vient peut-être simplement du fait qu'Edward Hopper est un peintre inconnu, mais dont on a vu mille fois les œuvres reproduites jusqu'à la nausée sur la couverture des romans policiers dans les gares.
Alors comme l'internet est avare en bonnes reproductions, il est conseillé de réserver une place à la première heure de l'exposition (pour ne pas être confronté au douloureux réel qu'est la profusion des autres visiteurs) et de constater par soi-même que ses tableaux n'ont besoin que d'être là. Leur présence est celle de la réalité. Et la réalité est amère, frivole, incohérente. C'est Alexandre Vialatte qui l'a dit.
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Mots clefs : Amérique , Architecture , Cioran , Ennui , Etats unis , Exposition , Grand palais , Gravure , Hopper , Paris , Peinture , Réalisme , Réalité , Vialatte
samedi 7 juillet 2012
La vie des cimetières (44)
LE ROI : Les rois devraient être immortels.MARGUERITE : Ils ont une immortalité provisoire.Eugène Ionesco, Le roi se meurt, 1962
L'amateur de littérature qui flâne à Paris dans le cimetière du Montparnasse feuillette un album de ses souvenirs en déchiffrant sur les tombes des noms dont il a jadis lu les livres. Des phrases lui reviennent à l'esprit. Tel écrivain qui l'a impressionné est là, tangible, incontestable, son univers se matérialise sur la pierre usée, parmi les mousses humides.
Le cimetière du Montparnasse est empli de ces noms mémorables.
D'abord leur maitre, Charles Baudelaire, douloureux poète à la fois de l'horreur et de l'extase de vivre, condamné par la justice pour offense à la morale et aux bonnes mœurs, et syphilitique. Il est enterré dans la fosse familiale, sous l'autorité et les décorations du général Aupick, le beau-père.
Trop misérable sépulture aux yeux de ses admirateurs qui lui érigèrent 35 ans plus tard, en compensation, un impressionnant cénotaphe à l'autre bout du cimetière. On y admire la momie du poète gisant, surmontée d'une immense chauve-souris ultra-plate et d'une sorte de brute occupée à se concentrer pour penser.
Alentour Ionesco, Beckett, Topor, Cioran, auteurs de l'étrange, de l'insolite, cyniques qui ont bouleversé notre vision du monde. Leurs tombes sont sans histoire, dépouillées au point qu'on ne les distingue pas parmi les milliers d'autres. Ici leur ironie s'est tue.
Puis Proudhon, Emmanuel Bove, Marguerite Duras, Jean-Paul Sartre, d'autres encore.
Et entre ces écrivains, la providence (ou la fatalité) a clairsemé les plus grands lexicographes, faiseurs de dictionnaires et d'encyclopédies, Pierre Larousse et ses définitions polies comme des perles fines, Émile Littré, Ernest Flammarion, Louis Hachette, afin de remettre un peu d'ordre alphabétique dans ce fouillis de pages et de mots éparpillés.




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Mots clefs : Baudelaire , Beckett , Cioran , Dictionnaire , Encyclopédie , Immortalité , Ionesco , Larousse , Littérature , Montparnasse , Paris , Sculpture , Topor , Vie des cimetières
mercredi 28 janvier 2009
L'impasse de l'Avenir
Pour les oreilles : l'offre de musique classique de MusicMe est vraiment misérable. On trouve tout de même une interprétation acceptable du merveilleux concerto en sol, pour piano et orchestre, de Maurice Ravel. Écoutez le sublime deuxième mouvement. 9:31 minutes d'une harmonie raffinée, mouvante, délicate.
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Mots clefs : Avenir , Cioran , Impasse , Ivry , Musique classique , Oreilles (pour les) , Ravel , Schopenhauer