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samedi 21 octobre 2023

Et où était le peintre ?

Fischer L.H., Le Taj Mahal au couchant c.1890, 94cm., marché de l'art

Ce tableau aurait pu illustrer plusieurs des chroniques irrégulières de Ce Glob, comme "Ce monde est disparu", puisqu’il doit disparaitre en vente publique le 24 octobre à partir de 18h, chez Dorotheum à Vienne, sous le numéro 67. Il représente un mausolée funéraire et pourrait aussi illustrer la "Vie des cimetières". 
Il ira dans la catégorie "Où était le peintre ?", trop peu fréquentée.

Le peintre, graveur parmi nombre d’autres activités et connu pour ses aquarelles de paysages et d’architecture, délicates et conventionnelles, s’appelait Ludwig Hans Fischer. 
Né en Autriche, Fischer est étiqueté à raison orientaliste, pour avoir illustré ses nombreux voyages autour de la Méditerranée. Mais il voyagea aussi de la Norvège à l'Inde. Il se laissait parfois aller à une inspiration lyrique, mais avec retenue, comme dans cette tempête de sable du désert, le Khamsîn, peinte en 1891 (vente Christie’s 2020), dans cette vue des célèbres falaises de l’ile de Møn au Danemark (Møns Klint), ou cette superbe vue du Taj Mahal donc, au soleil couchant.

Reconnaissons qu’il n’est pas trop difficile de faire un beau tableau quand on y colle la silhouette du Taj Mahal. On l’a écrit ici-même, l’espèce humaine ne serait qu’une grossière bévue de l’évolution s’il n’y avait eu Georges de La Tour, Jean-Sébastien Bach, et le Taj Mahal (ou Vermeer, Mozart et la cathédrale d’Orvieto, à la limite).

À Agra, Fischer a choisi un point de vue original et peu fréquenté sur le monument. 
Pour y accéder de nos jours il faut prendre le chemin à partir de l’entrée Est du Taj jusqu’à l’Aga Khan Ki Haveli, maison de maitre d’un officiel au moment de la construction du Taj, aujourd’hui délabrée. 
Là, l’entrée est interdite, par sécurité et parce que le domaine est protégé depuis 2018, mais les amateurs d’exploration urbaine vous montreront les chemins dérobés. Si le portail est fermé ou gardé, il sera peut-être nécessaire de longer sur 50 mètres ce qui ressemble à une sortie d’égout qui "alimente" la Yamuna, la rivière sacrée qui longe le Taj - en réalité la voie royale des eaux usées et des pires infections de la capitale située en amont, Delhi (*) - mais la récompense mérite le détour : un point de vue rare sur le mausolée, de la plateforme d’un kiosque en rotonde où poser son chevalet.

En réalité Fischer ne s’y est pas arrêté, il a continué en longeant la berge vers l’est pour s’installer 50 mètres plus loin, sur une terrasse un peu surélevée. Le soleil se couchait derrière le Taj, c’était l’hiver 1889-1890 en fin d’après-midi (en été le soleil se couche beaucoup plus au nord, sur la droite derrière la Yamuna). Le kiosque est au premier plan en contrejour. 

Fischer n’a certainement pas peint le tableau à l’huile sur place. Il mesure presque un mètre de large, et les détails ont été ajoutés sur un fond déjà sec. Il a plus probablement fait des aquarelles, technique rapide et précise pour noter les couleurs et les ambiances, peu encombrante en voyage, peut-être des photographies pour les détails, et réalisé le tableau en atelier, de retour d’Inde.

D’autant qu’il existe au moins un autre tableau similaire de Fischer (illustration ci-dessous), encore plus grand (1,20m), vendu par Christie’s en 2008, du même point de vue, légèrement plus éloigné à l'est. La brume s’est levée, le mausolée est éclairé cette fois par la lumière du matin. Les fleurs du premier plan ne doivent pas tromper, le climat d’Agra est doux en hiver et il ne gèle jamais.

(*) L’encyclopédie Wikipedia est sujette à une curieuse dissonance cognitive sur l’environnement du Taj Mahal. La version anglaise de l’article sur Agra fait état des conditions abominables de l’eau et de l'air, de la rivière, et des graves conséquences sur les fondations et le marbre du Taj, quand le même article, dans sa version française, est réduit aux amabilités d'un dépliant fourni par l’office du tourisme.

Fischer L.H., Le Taj Mahal le matin c.1890, 120cm., coll. privée (?)

Mise à jour le 4.11.2023 : le tableau a été remporté par une enchère raisonnable de 29 000$, 2 fois l'estimation basse.

mercredi 8 décembre 2021

Petit guide pour la perpétuité


Doubovskoï Nicolaï, berges d’une rivière en forêt, c.1900 (huile/toile 106x69cm).

Devant la profusion des reproductions d’œuvres du peintre Ilya Répine présentées dans notre dernière chronique, et à la perspective d’une nouvelle vague annoncée du coronavirus qui nous retiendra encore un long moment à voyager sans bouger de chez nous, peut-être avez-vous entrepris de visiter les autres pages de ce site prometteur et manifestement russe.

Vous avez alors dû braver ses méandres labyrinthiens, ses hiéroglyphes cyrilliques intempestifs, ses classements alphabétiques déroutants, et ses pages entières de tableaux qu’on n’oserait afficher même au-dessus de la chasse d’eau.
On vous avait dit le site monumental. Vous l’avez découvert colossal. Près de 11 000 peintres du passé, des centaines de milliers - peut-être des millions - de reproductions généralement correctes ou bonnes, et quelquefois monumentales, comme dans cette catégorie des Musées du monde où 2400 œuvres de la National Gallery de Londres sont reproduites dans des dimensions allant de 4000 à 8000 pixels. 

Créé voilà 10 ans, le site Gallerix existe en trois versions, russe, chinoise et anglaise, est libre d'accès, déclare être agréé auprès des instances de régulation les plus officielles de Russie, dit ne pas faire de bénéfices, est envahi de publicités, et reçoit en moyenne 1.000.000 de visites par mois.

Gallerix, semble avoir recueilli tout ce qui est ou a été disponible un jour en matière de peinture sur internet. Les peintres rares ou les musées pingres n’y sont donc pas représentés, ni les peintres contemporains ou à la dépouille encore fumante, peu reproduits pour des raisons de droits d’auteur. On y trouvera néanmoins, classées par période, 3600 images des productions du fameux Pablo Picasso
Peut-être êtes-vous à l’heure qu’il est encore à errer sur ses pages bariolées, complètement désorientés ?

Alors voici quelques conseils pratiques :

• D'abord, optez impérativement pour un navigateur sur internet qui traduit automatiquement les pages en les chargeant, ou traduit de manière interactive les textes que vous sélectionnerez (Chrome fait les deux). Pensez à sélectionner le drapeau français, en haut à droite, mais avec parcimonie, il vous enverra parfois vers des pages hiéroglyphiques.
• Ensuite, ne croyez pas que si le site présente une liste de peintres d’une catégorie, par exemple la page des peintres russes et soviétiques, celle-ci est nécessairement complète. Dans cet exemple, un grand nombre de peintres russes sont absents, parmi les plus importants (c’était le cas de Répine, mais aussi de Verechtchaguine, Aivazovski, Shishkine, Lagorio…), que vous ne trouverez qu’en les cherchant par leur nom ou parfois, un peu par hasard, dans les listes analphabétiques.  
• Quand, en mode recherche, il vous arrivera de tomber sur des pages en cyrillique, pensez à regarder les liens internet (en alphabet latin bleu). Leur destination est souvent explicite.
• Et si une publicité intempestive envahit l’écran, elle disparait en rechargeant la page.

Enfin, avant de vous égarer, pensez à noter ces 4 repères :

➤ Page d’ACCUEIL du site Gallerix en français :
➤ Page de RECHERCHE de peintres (partiellement en français) :
https://fr.gallerix.ru/roster/
➤ Page des peintres commençant par la LETTRE A, classés par le nombre de reproductions (choisir une lettre en haut de page) :
➤ Page d’index des visites par MUSÉE :
https://gallerix.org/album/Museums#fr

Ainsi équipés de ces instruments de navigation, vous pourrez entreprendre une odyssée qui durera des jours, des mois…
Ha ! Il peut bien venir nous submerger, ce virus de l’apocalypse et sa cinquième, sixième, ou septième vague avant le jugement dernier ! Nous sommes fin prêts pour un confinement perpétuel.

Verechtchaguine Vassilii, le Taj Mahal à Agra c.1875 (huile/toile 55x40cm)

vendredi 28 février 2014

Tout s'emballe


Dès son plus jeune âge Christo Javacheff souffrait d'une obsession, une idée fixe qui le poussait à empaqueter tous les objets alentour. Certains croient que le choc émotionnel originel aurait été la présence des cadavres de partisans communistes gisant dans les rues, recouverts d'un drap, en Bulgarie en 1943, ou l'épuration sanglante de l'automne suivant quand les mêmes partisans (les survivants) prirent le pouvoir aidés par l'armée soviétique. Christo avait 9 ans.
Pour un enfant élevé dans un milieu artistique, cette réalité était certainement inacceptable. Il fallait la dissimuler sous des draps épais et la ficeler pour l'empêcher de ressortir.

Christo emballa d'abord des boites de conserve, des magasines, des mobylettes. Comme il était incapable ensuite de les déballer (à cause du traumatisme originel, évidemment) les paquets s'amoncelaient dans son petit appartement. Pour libérer de la place il les exposa donc dans des galeries d'art complaisantes où ils trouvèrent une profonde résonance dans les fantasmes des collectionneurs et du public.

Puis les choses s'emballèrent, démesure et mégalomanie. Christo demanda qu'on l'appelle désormais « Christo and Jeanne-Claude » et se mit à empaqueter des monuments de plus en plus monumentaux, deux kilomètres de côte australienne en 1969, le Pont-neuf de Paris en 1985, jusqu'au parlement allemand en 1995 (Wrapped Reichstag).
Ce fut un triomphe : 5 millions de visiteurs à Berlin en deux semaines ! Aucune exposition n'a jamais atteint le quart de cette fréquentation.

Cependant, même totalement financées par l'auteur, ces œuvres pharaoniques installées sur des édifices publics ne sont que temporaires, et il n'en restera jamais que du papier, des études chiffrées, des dessins préparatoires et des reportages photographiques.
Alors pour affronter l'éternité « Christo and Jeanne-Claude » conçut le Mastaba, un gigantesque hexaèdre creux en forme de prisme droit dont deux faces sont des trapèzes isocèles, et qui serait posé en plein désert, au sud d'Abu Dhabi. Il y resterait indéfiniment. Les faces seraient constituées de 400 000 bidons de pétrole diversement colorés, et le tout dépasserait de quelques centimètres la hauteur de la plus grande pyramide de Gizeh.

Voilà trente ans que l'artiste essaie de convaincre les émirs arabes unis d'accepter la construction de ce Taj Mahal du désert, devenu un mausolée en mémoire de la femme qui partagea toute sa vie et son œuvre, qui organisait la réalisation de tout ce qu'il concevait, Jeanne-Claude, morte depuis 2009, et sans qui il serait peut-être encore un emballeur de mobylettes.

Ceci dit, après ce long préambule sur l'art de l'emballage, quel est l'objet caché sous la toile de l'illustration ?

***
Toutes les images en lien proviennent du magnifique site de Christo, « Christo and Jeanne-Claude ».

mercredi 18 juillet 2007

4 cartes postales estivales

Pour faire d'jolies cart' postales
En cett' période estivale
Si t'as pas le Taj Mahal
Va donc voir le Pont-Canal
Et d'une balad' vespérale
Tu fais des clichés banals
Ça f'ra chic dans ton journal
Et un succès triomphal.

Chanson traditionnelle briaroise.