Répine l'inattendu
Cette chronique sera courte. On a déjà parlé ici-même du peintre russe Ilya Répine, en 2013, et ça suffisait bien.
Mais voilà que la Russie, qui prête rarement les tableaux des peintres russes (*), qui sont donc pour cette raison quasiment inconnus à l’ouest, vient de faire traverser les vestiges du rideau de fer à une centaine de toiles de Répine.
Répine Ilya, L’inattendu, retour inespéré d’un activiste politique dans sa famille, 1888, Galerie Tretyakov, Moscou (détail). Wikipedia raconte en détail l’histoire anecdotique de ce tableau qui est à paris jusqu’à la fin de l’année 2021.
Répine était un peintre naturaliste, vériste disent certains, bref un peu sinistre. Pas question d’arrangements avec la réalité, rien ne devait paraitre fabriqué, pas de poses affectées, ou alors il ratait, comme quand il s’essayait à peindre des fééries. Somme toute une sorte de Courbet en moins pâteux, mais avec des dispositions pour le portrait. On l’a dit, Lénine l’estimait « fondateur du réalisme soviétique ».
Ainsi la Russie le prête jusqu’à la fin de l’année au musée du Petit palais de Paris, qui est une institution sérieuse. D’ailleurs l’annonce de l’exposition (on ne peut pas vraiment parler de promotion) est lugubre, notamment cette vidéo de 40 secondes, chef-d’œuvre de dissuasion.
Peut-être serez-vous découragés par cette chronique déprimée, alors avant de vous jeter du premier pont venu, promenez-vous dans cette galerie monumentale, gratuite et sans laissez-passer, où vous verrez non pas 100 comme au Petit palais, non pas 200, pas le double, mais 518 œuvres de Répine, téléchargeables et de qualité convenable (n'oubliez pas la suite en bas de la page des vignettes).
À vous de voir...
(*) C'est la malédiction des peintres russes. L’étranger qui visite la Russie préfère aller voir les peintres italiens ou français qu’il connait déjà, à l’Ermitage ou au musée Pouchkine, plutôt que de découvrir la peinture russe au Musée Russe ou la galerie Tretyakov. Et dans l’autre sens, les Russes prêtent facilement à l'étranger, mais seulement leurs tableaux européens, à des vendeurs de sacs à main, les mêmes qui, acoquinés avec le pouvoir, privatisent des lieux publics pour y construire des musées extravagants à coups d’avantages fiscaux, puis rameutent la presse, et font payer, pour la deuxième fois, le brave contribuable qui fait la queue pendant des heures pour revoir des tableaux figurant des lieux familiers, par des peintres qu’il connait par cœur.
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