samedi 27 février 2010

Piette qornichue ilililsbe

Avant donc que d'écrire, apprenez à penser.
Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.
Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
Nicolas Boileau, L'art poétique, Chant 1.

Viloà qelsuqeu mios, à porops d'nue crihonque de la siére «la vie sde cetmeieirs», dnas un cartomimene sur lse feutas d'harthropoge, nuos mttnoies une licercte au dfei de rusésir à lrie aessz aniésmet un ttxee puqsree ilililsbe.
Le pérocéd n'est pas naouevu. C'est un ménalge de centrèpoterie, d'aamerangme et de doryphorgathise. Il est spoupsé mertron qeu, dnas le glanage éirct, une benon pirate de l'ofornimatin tse linuite à la chionméporsen. Nominanés sand le teetx que vsuo êste en tiran de lier, le baligaulore a été égarexé et des mtos ont été soireenusmont térfarsmons pour remblesser à d'artuse et fiare béruchter le lecture. (Il ets pissbole qu'il stere ecorne neu ou xude featus d'harthropoge.)

Cretinas indecis dnas ctete igame aeesntttt qu'il s'agti du potirart d'nue des sulp cérèbles horïènes de la bielb. On torurave cttee pluscurte sur la culée sud ouste du pnot du ritalo, à envies.

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Mise à jour du 23 mars :
Un mois après la publication de ce billet, et sans la moindre réclamation de lecteurs déconcertés, il est aisé de conclure que personne ne lit plus Ce Glob Est Plat. Aussi pour l'hypothétique lecteur égaré qui tombera un jour sur ces lignes, et afin de le retenir un peu, voici la traduction de cette petite chronique illisible.

Voilà quelques mois, à propos d'une chronique de la série «la vie des cimetières», dans un commentaire sur les fautes d'orthographe, nous mettions une lectrice au défi de réussir à lire assez aisément un texte presque illisible.
le procédé n'est pas nouveau. c'est un mélange de contrepèterie, d'anagramme et de dysorthographie. Il est supposé montrer que, dans le langage écrit, une bonne partie de l'information est inutile à la compréhension. Néanmoins dans le texte que vous êtes en train de lire, le brouillage a été exagéré et des mots ont été sournoisement transformés pour ressembler à d'autres et faire trébucher le lecteur. (Il est possible qu'il reste encore une ou deux fautes d'orthographe).
Certains indices dans cette image attestent qu'il s'agit du portrait d'une des plus célèbres héroïnes de la Bible. On trouvera cette sculpture sur la culée sud ouest du pont du Rialto, à Venise.

dimanche 21 février 2010

La vie des cimetières (27)

Inachevée, par endroits contradictoire, difficile à dater, écrite par un autre d'après certains, réécrite parfois pour la rendre plus cohérente, «La vie de Timon d'Athènes» est un pièce très sombre de (peut-être) William Shakespeare. Le personnage, généreux, probablement par intérêt comme dans toute charité, puis désespéré de l'ingratitude des bénéficiaires, s'exile définitivement et maudit l'humanité.

Le texte foisonne de splendides imprécations misanthropiques, et finit par cette épitaphe sur le tombeau de Timon :
«Ci-gît un corps malheureux, séparé d'une âme malheureuse. Ne cherchez pas à savoir mon nom... Que la peste vous dévore tous, misérables humains qui restez après moi!»

La sculpture est de Floriano Bodini (1933-2005) dont on trouve plusieurs œuvres dispersées ici dans le cimetière monumental de Milan.

dimanche 14 février 2010

Aventuriers du troisième millénaire

On dit l'esprit d'aventure envolé depuis belle lurette, et les grandes découvertes déjà toutes réalisées. Mais c'est compter sans les experts comptables. Il suffit de regarder cette affiche promouvant la profession, dénichée dans un aéroport parisien, pour réaliser qu'il subsiste au moins un métier périlleux, fait d'intrépidité et d'équilibre, d'audace et d'aplomb.

En quoi consiste ce métier mystérieux ?
D'après l'image, il s'agit, au moyen d'un téléphone cellulaire, de quelques grands documents imprimés et d'un costume discrètement rayé de se tenir en équilibre orthogonal sur un lampadaire, tout en arborant un air détaché.


Mais l'essentiel n'est pas dans l'apparence, car l'expert comptable est avant tout le technicien des nombres.
Comme l'aurait dit Alexandre Vialatte, les nombres remontent à la plus haute antiquité. Certaines sectes pensaient même qu'ils existaient bien avant le besoin de dénombrer.

De nos jours, on ne pourrait pas vivre sans les nombres, ils animent et étoffent nos phrases les plus banales. Par exemple «Désolé de ce retard, j'ai fait cinq fois le tour du pâté de maisons et finalement je suis garé sur un passage piétons». Ou encore «Ah ça va lui coûter cher à celui-là ! Où est mon carnet de contraventions ?». Notez ici le raffinement. Le nombre n'est pas exprimé directement, mais par un subtil artifice de langage se voit attribuer une valeur floue dont l'ordre de grandeur est pourtant limpide.

On le voit, il fallait bien une profession de spécialistes, flottant au dessus des mortels et des lois de la physique, pour expertiser, réguler et manipuler sans crainte et sans émotion des concepts aussi complexes.