dimanche 25 décembre 2016

Un mendiant à l’hôtel de la Monnaie

Maurizio Cattelan - Lui, exposé dans l'hôtel de la Monnaie, Paris décembre 2016.

Qu’est-ce qui peut séduire dans une œuvre de Maurizio Cattelan ?

L’incongruité des situations ? Comme dans les tableaux de Magritte, l’apparition d’un objet ou d’une scène imprévus dans un environnement inadéquat. Sans compter le titre sibyllin, voire absent, qui n'éclaircit pas l'énigme.
Et on ne sait pas clairement si le plaisir est causé par ce surgissement d’une invraisemblance dans une réalité palpable, un peu comme un trait d’humour, ou par le rassurant retour à l’équilibre de la raison qui a tôt fait de se forger une interprétation personnelle.

Mais les blagues trop souvent répétés finissent par lasser. La surprise s’évente. Et la provocation perd tout sens quand elle est encensée par les institutions qu’elle pensait railler. Elle devient une complaisante taquinerie. On en parle dans les cocktails officiels et les inaugurations. On écrit à l’occasion un petit opuscule opportun où on aligne des banalités prononcées par l'artiste. Sa cote s'en ressentira à la hausse.

Maurizio Cattelan, hôtel de la Monnaie, Paris décembre 2016.

La Monnaie de Paris, la plus vieille institution française et qui frappe la monnaie depuis 12 siècles vient de consacrer quelques lambris de l’hôtel de la Monnaie du quai Conti à une petite rétrospective des œuvres de Maurizio Cattelan.

Et cette accumulation de 17 œuvres laisse finalement le spectateur indifférent, une fois sa curiosité satisfaite.
Le sujet le plus touchant est peut-être ce clochard sans domicile caché dans une vieille couverture dans une petite pièce un peu en retrait.

Maurizio Cattelan, hôtel de la Monnaie, Paris décembre 2016.

Car les œuvres de Cattelan ne sont réjouissantes et impressionnantes qu'inopinément, quand on les découvre par hasard, comme à Rotterdam, au détour d’une visite du musée Boijmans, dans la salle consacrée aux peintres paysagistes du 19ème siècle, quand on remarque au milieu de la pièce une effigie de Cattelan qui a percé dans le plancher un trou entre deux étages du musée et regarde innocemment les visiteurs, comme une bonne plaisanterie.

Maurizio Cattelan, hôtel de la Monnaie, Paris décembre 2016.

dimanche 18 décembre 2016

Améliorons les chefs-d'œuvre (12)

Tu es jeune et dynamique, mais malgré tout les choses vieilles t’intéressent, par curiosité, et tu aimes le langage parlé sommaire et approximatif. Alors rejoins-nous sur la retransmission Facebook Live avec le journal Le Monde et visite avec nous Lascaux 4, la toute dernière réplique de la grotte de Lascaux, qui ouvre justement au public le 15 décembre.
C’est une copie incroyable « avec 16 points de mesure sur chaque dessin représenté sur les parois (9’00"). »

Tu es jeune et handicapé. Ça n’est pas grave, tout est adapté à ton handicap. Tu seras également équipé d’un compagnon de visite, une tablette, et un casque connecté avec un fil. Il détectera « la langue dans laquelle tu parles et ton adresse mail (9’55") » et « si tu es malentendant tu pourras y grossir les textes pour mieux les entendre (9’45"). »

Tu ne connais rien à la préhistoire d’il y a longtemps. Pas de problème, le guide obligatoire te parlera dans un micro, tu l’entendras clairement dans ton casque, et il te dira ce que tu dois regarder et penser.

Tu es un peu claustrophobe ou tu crains le froid et l’humidité. Ne t’inquiète pas, la visite de la réplique (qui ne reproduit toujours qu’une partie accessible de la grotte originale) est très rapide. Au bout de 30 minutes tu seras libéré dans le grand hall du Centre international de l’art pariétal où tu pourras alors jouer à loisir avec les technologies virtuelles devant d’autres reproductions partielles de la grotte (recyclées de Lascaux 3), et puis « Il y a un cinéma en 3D et des animations totalement modernes donc ce qui est intéressant c'est que les enfants vont beaucoup s'amuser (3’40"). »

Enfin tu aimes emporter des images en souvenir des visites qui t’ont marqué et pour les montrer aux malheureux qui n'y seront pas allés, mais tu sais que les photographies sont interdites pendant la visite du facsimilé de Lascaux. Ne t’en fais pas, tu achèteras des cartes postales, et puis sinon tu pourras revoir ces 75 minutes de Facebook live, ou même retourner à Lascaux 4.

Lascaux, l'original du deuxième cheval chinois, paroi droite du diverticule axial 
(extrait du beau site officiel Lascaux.culture.fr)


Autres citations de la retransmission Live et commentaires des spectateurs en ligne :  

13'40" « on évite de l'appeler Lascaux 4. Et pour ceux qui s’intéresseraient au vrai Lascaux, elle va bien et se régule toute seule. »
 
37'00" « Si on ne les préserve pas les peintures risquent de disparaitre. La réplique est faite pour protéger Lascaux et l'offrir au public mais ça n'est pas du tout dans un but commercial, loin de là, c'est dans un but de recherche. »  

72'38" Le téléphone de la marque Apple est cité pour la 3ème fois en une heure. Tu n’as pas d’iPhone ? Alors là, on n’a pas de solution à te proposer.

« Pour des hommes préhistoriques leurs esprits étaient assez développés »

« Il y a t'il des pokémons dans la grotte ? »

« Est-ce que c'est de l'art ? »
  

mardi 13 décembre 2016

Stanislas est un cumulard


Stanislas Leszczynski cumulait les fonctions. Roi de Pologne, duc de Lorraine, grand-duc de Lituanie, arrière-grand-père de Louis 16, et record au jeu de Scrabble avec les 49 points de son patronyme (au mépris de toute convenance phonétique dans la suite des lettres SZCZY).
Par ailleurs il a joué un petit rôle dans Ubu roi d’Alfred jarry en 1896.

Les Nancéiens que la question du cumul des mandats préoccupe peu honorent encore Stanislas comme un bienfaiteur de la Lorraine et prétendent qu’il est également le créateur du baba au rhum.
Ils l’ont représenté dans le bronze en 1831 et l’ont enfermé au centre de Nancy dans une bulle hermétique qui le protège de la pollution atmosphérique et des déjections des pigeons irrespectueux.