vendredi 29 février 2008

Chronique inconsistante du 29 février

Le 29 février est une date rêvée pour faire des promesses. On s'engagera à les respecter dans un an jour pour jour. L'interlocuteur distrait ne réalisera pas toujours qu'il devra attendre 4 ans. Voire 8 ans quelquefois. Ainsi Ce Glob Est Plat s'engage aujourd'hui à se mettre sérieusement à la lecture de l'Éthique de Baruch Spinoza, et à en faire un résumé limpide dans un an jour pour jour (quatre ans en réalité, c'est bien plus que la durée de vie moyenne d'un blog. Nous voilà tranquilles). Telle est la fourberie du jour bissextil.

 

Mais ce jour apportera en revanche une grande félicité à l'abonné à la "Bougie du sapeur", «le quotidien du 29 février. le seul quotidien auquel sa périodicité donne le recul indispensable pour traiter l'actualité avec lucidité».

mercredi 27 février 2008

La lune est une chose

Depuis que Galilée l'a visée pour la première fois à l'aide d'une lunette grossissante, on nous répète que la lune est un énorme caillou. Les morceaux de lune, échantillons de roche ou de poussières rapportés sur terre par les pionniers américains au début des années 1970, sont là pour le confirmer : la lune est bien un objet matériel, concret, consistant comme un autobus, tangible comme un platane au bord d'une route départementale. Bref, une chose indiscutable.

Et pourtant, à la voir glisser lentement sur le ciel moucheté d'étoiles, éblouissante, on a du mal à imaginer que c'est autre chose que la forme idéalisée et révérée par nos ancêtres avant Galilée. Sauf les jours où elle est éclipsée. Ces jours-là (ou plutôt ces nuits-là), au moment où elle entre dans l'ombre projetée par la terre, ce qui était un cercle lumineux et abstrait se métamorphose insensiblement en une bille de cuivre rutilante, parfaite comme une perle. Alors pendant quelques dizaines de minutes elle acquiert une présence presque palpable que les photographies ont bien du mal à restituer, à quelques exceptions près, comme sur cette étonnante image de l'éclipse du 21 février dernier capturée par S.G. Sea depuis l'Alaska.

Et encore une fois notre reporter, luttant contre le sommeil, le froid et les nuages, a couvert l'événement pour Ce Glob Est Plat.


La lune le 21 février, peu avant et pendant la totalité de l'éclipse

Au début de la totalité, avec par ordre de magnitude décroissante, Saturne, Regulus et 31 Leo

Prochain rendez-vous astronomique, le 11 juillet 2010 sur l'île de Pâques où cette fois pendant presque 5 minutes la lune occultera le soleil. Souhaitons à notre reporter que les nuées fréquentes à cette saison n'éclipseront pas le tout.

lundi 11 février 2008

L'ile du rat

Turquie, Antalya, Sıçan Adası (île du rat), 30 mars 2006

vendredi 8 février 2008

Le ciment et la fourmi

Ce Glob Est Plat racontera aujourd'hui une fable, le ciment et la fourmi.

Ne me dites pas qu'il ne vous est jamais arrivé de maudire une espèce entière. Que, rentrant chez vous après une journée épuisante et découvrant, au moment de retirer vos chaussures, des empreintes malodorantes constellant votre belle moquette claire, vous n'avez pas souhaité l'anéantissement de cette espèce qui a soumis d'autres espèces dans le seul but d'avoir quelques poils à caresser les jours de détresse ou de manque d'affection.
Cependant il est délicat de s'en prendre directement à l'homme. Il faut quelques talents de dictateur et un degré élevé d'aliénation mentale. Alors des scientifiques imaginatifs on trouvé un substitut docile, la fourmi.

Prenez une gigantesque fourmilière au milieu d'une savane anonyme. Ajoutez des centaines de milliers de fourmis (1) industrieuses et pacifiques. Saupoudrez de quelques entomologistes outillés et déterminés. Filmez le tout. Du résultat, diffusé sur Science Channel, un extrait de 8 minutes est disponible sur Youtube ou WeShow.

Au commencement, les scientifiques prudents introduisent un peu partout dans la fourmilière des tubes de plastique (2) destinés à mesurer la circulation des gaz dans les galeries. Puis, émerveillés, ils se demandent comment est pilotée la distribution de l'air et s'enhardissent. Ils creusent une énorme excavation (3) qui détruit définitivement la fourmilière.
Enfin, leur appétit de savoir s'emballe, exacerbé. Ils s'inquiètent de savoir à quoi peut ressembler cette ville souterraine. Et c'est la surenchère technologique. Trois jours durant, dix tonnes de ciment sont injectées (4) dans une fourmilière. Après un long délai de séchage, les ouvriers retirent la terre (5) et ne reste que la structure ouvragée d'interminables galeries (6).
Le commentateur s'étonne qu'une collectivité dénuée d'intelligence individuelle ait pu réaliser un tel complexe architectural, signe d'un unique créateur. Il le compare à la muraille de Chine, innocent anthropomorphisme xénophobe qui assimile fourmis et chinois.

Soyons intègres ! Les images qui montrent l'injection du ciment ne permettent pas de déterminer si l'opération est effectuée sur une fourmilière habitée ou abandonnée. On ne voit qu'une fourmi sur le plan rapproché. Certains commentateurs dans des forums (le film semble avoir beaucoup ému) affirment qu'en réalité les fourmis avaient été, sauf un faible pourcentage, attirées vers une autre fourmilière par une mixture de miel et de chocolat, puis réintégrées dans une copie de cire et de plâtre de leur colonie d'origine. Après cette double déportation elles auraient même repris leurs tâches quotidiennes exactement où elles les avaient interrompues. Bel exemple.

Quand je vous disais que cette histoire était une fable. Sinon sur la fourmi, au moins sur l'homme.