samedi 28 janvier 2017

Manipulons les antiquités

Le lecteur se souvient peut-être de l’amertume de l’auteur de ce blog quand il réalisait, visitant le musée d’archéologie de Saint-Germain-en-Laye, que les objets exposés dans les vitrines étaient souvent de médiocres copies de plâtre. Peut-être se rappelle-t-il alors la rumination sans issue sur l’idée de Vérité que ce constat avait provoquée chez l’auteur. 

Et bien le musée propose depuis peu une solution assez élégante à cette question existentielle. Dans le cadre du projet « France Collections 3D » piloté par la Réunion des Musées Nationaux, qui est une grande campagne de numérisation en trois dimensions des objets des collections nationales, le musée d’archéologie a déjà confié 80 pièces majeures. 

Et elles sont aujourd’hui à la disposition du public sur le site du musée, dans une interface encore un peu rudimentaire et avec une information minimaliste, ou bien, assorties d’une ergonomie plus souple et d’une fiche signalétique plus complète, sur le site de Sketchfab, société qui héberge les données numériques du musée et les outils d’affichage. 

Ainsi la Dame à la capuche de Brassempouy (illustration ci-dessus), extraordinaire portrait préhistorique de quelques centimètres sculpté dans l’ivoire il y a 25 000 ans, peut être agrandie, contournée, basculée, manipulée, scrutée dans une qualité bien plus proche de l’original que la lointaine copie exposée dans le musée. 

On y trouvera aussi la Vénus de Tursac aux formes pures comme modelées par Brancusi, et le Cheval propulseur, et l’Ourson… 

N’oubliez pas d’employer toutes les ressources de la souris (ou sur tablette, des doigts), clic droit, clic gauche avec ou sans touche Alt, molette…

mardi 24 janvier 2017

Une mauvaise fréquentation

Les chiffres de fréquentation des musées pour l’année 2016 viennent de tomber (c’est le mot juste). Et c’est dramatique, le Louvre va certainement perdre sa place de plus grand musée de l’Univers, car le Japonais le boude.

Le château de Versailles et le Louvre ont perdu 15% de visiteurs, le musée d’Orsay, 13%. On rend responsables les attentats terroristes du 7 janvier 2015 contre le journal Charlie Hebdo et du 13 novembre 2015 au Bataclan et dans les rues de Paris. Le musée Pompidou à Beaubourg aurait pourtant enregistré une hausse de fréquentation de 9%. Comment l’explique-t-on ?

Comme les conditions de visite des musées sont déjà déplorables (attente pendant des heures sous la pluie glacée et salles surpeuplées), et comme le contenu des expositions est devenu anémique, la seule variable d’ajustement qui reste aux inventifs gestionnaires des biens publics est le prix du billet d’entrée (et éventuellement l’interdiction de photographier pour relancer la carte postale).

L’équation est simple, il suffit donc d’augmenter le prix du ticket d’un taux au moins égal en valeur absolue à la baisse de fréquentation. Ainsi le château de Versailles augmente ses tarifs de 20% au premier janvier 2017, et la visite des jardins ne sera plus gratuite que les lundis, mercredis et jeudis.
Le Louvre, prévoyant, avait dès juillet 2015 augmenté ses tarifs de 25%, mais au détriment surtout des 70% de visiteurs étrangers. Ce qui était une erreur puisque c’est surtout la défection du client étranger, notamment du Japonais, qui a fait baisser les visites en 2016 (7,3 millions seulement, à peine 23 000 touristes par jour, quelle misère !)

Bien entendu les prix ne baisseront pas pour autant quand les visiteurs reviendront. Donner c’est donner, reprendre c’est voler.

Vue du château et des jardins de Versailles désertés par le touriste.

lundi 16 janvier 2017

La vie des cimetières (73)

Chapelle dédiée à l'archange saint Michel sur le rocher d'Aiguilhe.

Au sommet du rocher d’Aiguilhe, au milieu du dixième siècle, fut édifiée une chapelle dédiée à l’archange saint Michel.
On raconte qu’une jeune vierge sous la bienveillance de l’archange, sa pureté mise en doute, voulut prouver sa chasteté en se précipitant du haut du pic. L’archange amortit sa chute.
Revigorée par l’expérience elle fit une deuxième tentative qui suscita le même miracle.
La troisième fois, elle fit la promotion du spectacle et comptait bien en recueillir quelque prestige. Le peuple afflua. Le miracle ne se répéta pas.

Mystérieux pictogramme au sommet du rocher d'Aiguilhe.

Depuis sur le mur de la coursive qui encercle la chapelle, un panneau au mystérieux pictogramme stigmatise tout excès de vanité en interdisant de se jeter plus d’une fois du haut du roc.

Cimetière nord du Puy-en-Velay aux pieds du rocher d'Aiguilhe.

En contrebas pourtant, prêt à loger les désespérés, s’étale sur le coteau parmi les sapins les mélèzes et les épicéas le grand cimetière nord du Puy-en-Velay avec son point de vue pittoresque sur le rocher.

lundi 2 janvier 2017

Nouvelles de la Terre

Voilà 8 ans déjà que nous avons pris des nouvelles de la Terre. Et ces dernières nouvelles étaient déjà alarmantes.

Et puis, apprenant partout sur internet que l’année 2016 avait été en moyenne la plus chaude depuis des millénaires, battant ainsi l’année 2015 qui avait déjà le précédent record, nous avons envoyé sans attendre un reporter pour vérifier ces allégations certainement excessives.

Hélas notre envoyé n’a trouvé personne sur place pour confirmer ces chiffres.
L’endroit était désert, et il allait repartir bredouille quand un ruban rouge et blanc interdisant d’approcher le globe de trop près, ce qui est préjudiciable à un journalisme de qualité, attira son attention.
Soupçonneux, il fit un tour complet de la Terre et distingua, stupéfait, que la glace de l'Antarctique avait totalement fondu et avait été remplacée par une trappe discrètement aménagée.

Tout devenait alors limpide. Notre enquête confirmait sans contestation possible le réchauffement déraisonnable de la planète, et dévoilait en exclusivité que les odieux responsables de cette catastrophe avaient filé par une porte dérobée.

Vous aurez remarqué que notre journaliste, qui vient de faire le tour de la Terre le 1er janvier 2017, en a rapporté des photographies qui semblent prises en plein été. C’est une preuve supplémentaire du fameux dérèglement climatique.