samedi 26 septembre 2009

Ghirlandaio

Durant la seconde moitié du 15ème siècle à Florence, l'atelier du peintre Domenico Ghirlandaio et de ses frères était aussi productif et réputé que celui de Sandro Botticelli. Ses jeunes femmes qui s'ennuient avec dignité dans d'étranges scénographies géométriques décorent encore aujourd'hui d'immenses surfaces des plus belles églises florentines. Quelques tableaux de chevalet admirables subsistent, notamment ce portrait de jeune femme actuellement au musée de la collection Gulbenkian à Lisbonne, au Portugal.

Il est difficile d'en trouver une reproduction satisfaisante. En 2005, J.B. est allé sur place et en a fait une photographie, déformée et mal exposée. Il la partage sur le site Flickr. Les outils graphiques numériques modernes permettent de corriger les défauts de la photo et de la transformer en une reproduction idéalisée, rêvée, du merveilleux tableau de Ghirlandaio.

samedi 19 septembre 2009

Quand les biches avaient des bois

Au début, quatre siècles avant notre ère, Artémis était fille de Zeus et sœur d'Apollon quand le sculpteur grec Léocharès la modela. Flanquée d'un petit cerf bondissant elle portait une jupe courte, un carquois, et une casquette de chef de gare. Quelques siècles plus tard, les romains la rebaptisaient Diane, pour faire moins vieillot, et la copiaient dans le marbre.

Et depuis que cette copie a été offerte par un pape à un roi français, vers 1550, il n'y a plus un jardin, un parc, ou un bosquet en France qui n'exhibe une réplique de la statue. Toutes sont fidèles et reproduisent sans ambigüité les cornes de l'animal, mais sont curieusement étiquetées «Artémis à la biche ou Diane à la biche». Ignorance de l'époque en matière de zoologie ou mutation accélérée ?

De nos jours les biches ne portent plus de cornes et seuls les cerfs voient tous les ans pousser sur leur crâne ces portemanteaux saugrenus. Cependant, certains cas très singuliers de mue périodique intriguent encore les naturalistes, comme ici dans le parc de Presles, lors de la fête printanière de «Lutte Ouvrière».

dimanche 13 septembre 2009

Au bonheur des misanthropes

Les plus anciens se souviennent peut-être de leurs premières apparitions. On les croisait dans la rue. Ils avançaient comme des fantômes shakespeariens, fixaient le vide, proféraient des paroles incompréhensibles vers des interlocuteurs invisibles, en conciliabule avec le néant. On a d'abord imaginé que les asiles d'aliénés avaient décidé de libérer les malades les plus inoffensifs. On détournait alors pudiquement le regard. Très vite, la maladie s'est propagée dans notre entourage, et il n'est pas rare, maintenant, dans une conversation banale, de voir notre interlocuteur changer soudainement d'attitude et commencer à parler d'un autre sujet dans un dialogue avec un absent, ou sortir de sa poche un téléphone vibrant, s'excusant et prétextant une éventuelle urgence. Ça refroidit le dialogue.
Nous étions les spectateurs désarmés d'une mutation de l'espèce humaine. Comme il s'était mis, il y a quelques millions d'années, à la bipédie et à la parole, l'être humain évoluait vers un nouvel état où il n'est plus totalement à l'emplacement où on le perçoit et vit à distance de son propre corps.




Et nous sommes peut-être aujourd'hui, avec la nouvelle grippe, à l'aube d'une mutation comparable où seuls survivront ceux qui méprisent le collègue de bureau et le voisin de palier, ceux qui refusent le rituel quotidien de la double bise machinale ou du serrement de main flasque et confraternel. Ceux qui fuient les foules et les rassemblements, et ne fréquentent les grands magasins et les cinémas qu'à l'heure des finales sportives ou des élections décisives, quand les rues sont désertes. Ceux qui espèrent toujours qu'un orage violent viendra disperser le brouhaha dissonant de la brocante ou du marché voisins. En bref, les vrais misanthropes, les déçus de la relation sociale.
Certains, dit-on, souhaiteraient que l'épidémie devienne pandémie, voire hécatombe. Mais sur ce point les médecins sont rassurants.

Alors pour adoucir la déception des plus insociables, voici quelques vues de Roghudi Vecchio, village de Calabre totalement déserté depuis 1973, après des inondations dévastatrices en 1971. Le fleuve même est faux, c'est en permanence un lit de caillasses. Les villages abandonnés par les hommes sont nombreux dans cette région, abandonnée par l'Italie.


dimanche 6 septembre 2009

Musique libertaire (la suite)

Voilà presqu'un an, Ce Glob Est Plat prédisait la mort certaine de l'extraordinaire site MusicMe, dispensateur de musique libre.
Depuis, il n'a pas cessé de s'améliorer et de s'étoffer. La flânerie musicale y est encore plus agréable, la recherche à la fois simplifiée et enrichie, et le tout pendant que l'écoute se poursuit.
Il est même devenu envisageable pour un mélomane exigeant d'y acheter de la musique. Une offre d'achat de musique non protégée contre la copie et dans la meilleure qualité possible (MP3 320Kbps) est maintenant proposée.

Musiciens folkloriques de rue à Taormine, en Sicile. Le CD est à 12 euros.Par exemple, l'extraordinaire double album de Keith Jarrett jouant les 24 préludes et fugues pour piano de Shostakovich est téléchargeable (300 Mégaoctets pour 135 minutes de musique) au prix de 14,99 euros. En fait, il faudra prévoir un peu plus car le paiement se fait par un système de portemonnaie dont la formule la plus proche est à 19,90 euros. Il vous restera un avoir dont vous aurez du mal à vous dépêtrer (le but inavoué étant de vous obliger à alimenter sans cesse le portemonnaie ou à abandonner le reliquat qui n'est expressément pas remboursé).

Le catalogue de musique téléchargeable sans protection n'est pas encore très riche mais la collection libre d'écoute a considérablement cru (de 3,5 millions de morceaux à 5 millions en un an). Par exemple, une des plus belles pièces religieuses de la renaissance, chef d'œuvre d'un musicien quasiment inconnu sinon des amateurs éclairés, «Versa est in luctum» d'Alonso Lobo, est maintenant disponible à l'écoute en quatre versions (pour mémoire, cliquez sur le petit triangle cerclé pour écouter un morceau).

Souhaitons longue vie à la musique libre.