jeudi 30 octobre 2014

La vie des cimetières (58)

Saint-Marcel en Savoie près de Moûtiers, environ 600 habitants.

Le site du cimetière est impressionnant avec sa petite chapelle haut perchée comme dans une gravure romantique, son point de vue dans la vallée sur la route nationale sinuant vers la gare de Pomblière, le tout agrémenté d’une aire de jeux aux couleurs vives.

Il ne serait pas étonnant qu’on recense ici plus d’habitants que de survivants dans le village.







vendredi 24 octobre 2014

Miracle à l'italienne

L’indispensable Monsieur Rykner, toujours au fait des informations réellement importantes, signale dans sa Tribune de l’art qu’une loi italienne sur le développement de la culture et la relance du tourisme, promulguée le 30 juillet 2014, autorise désormais la photographie dans tous les établissements culturels du pays.
Parmi beaucoup d’autres mesures, le texte déclare la photographie libre si elle est destinée à l’étude, la recherche, la libre expression, la création artistique ou la promotion non lucrative du patrimoine culturel.

Rappelons que la France venait quelques jours auparavant de faire le même geste (en plus timoré) par une directive ministérielle (Charte Tous Photographes).
Et il est bien possible que nombre de musées en Italie pratiqueront encore quelque temps l’insubordination, par habitude, ou cupidité comme en France le musée d’Orsay.

D’ailleurs, le Musée des impressionnismes de Giverny qui pratique aujourd’hui le harcèlement intensif du visiteur photographe, prétend ne pas connaitre la directive mais affirme tout de même qu’elle ne lui est pas applicable.
Au sens strict, la Charte ne lui est pas imposée, mais seulement conseillée, puisqu'il est un établissement public culturel régional (et non national). Notons cependant que son vice président se trouve être l’inévitable et constant baron G.C., actuel président récalcitrant de l'établissement public culturel national du musée d’Orsay.
 
Disons que ça ne serait pas très malin de laisser les régions de France à la traine d'un mouvement qui est de toute façon inéluctable. Cela avantagerait les 34 musées nationaux qui sont principalement parisiens.

Morren George, le verger, 1890 (collection particulière - Galerie Lancz, Bruxelles), lors de son exposition au musée des impressionnismes en octobre 2014. La photo était interdite, ce qui est une excellente précaution si on souhaite qu'un peintre inconnu ou méconnu le soit pour toujours.

lundi 20 octobre 2014

Chacun sa vérité

L’idée était ingénieuse. Elle venait de deux archéologues, Tilman Lenssen-Erz et Andreas Pastoors. Demander à des chasseurs bochimans de déchiffrer des traces de pas préhistoriques laissées depuis des milliers d’années dans des grottes du sud-ouest de la France.

Les Bochimans (ou Bushmen, ou Sans), peuple de la brousse, habitent l’Afrique australe depuis 50 000 ans, et depuis ils pistent les animaux de la savane en lisant leurs empreintes dans le sable. Aujourd’hui opprimés et plus ou moins exterminés pour des intérêts miniers, quelques dizaines de milliers d’individus survivent de petits métiers dans le désert du Kalahari, notamment en servant de guides aux riches touristes friands de chasse.

Sylvia Strasser a fait un reportage touchant et un peu long de leur épopée archéologique, « Des pisteurs sur les traces du passé », diffusé il y a peu sur la chaine Arte et aujourd'hui disponible sur le site YouTube (faites vite avant que la cupidité et le droit d’auteur ne l’éliminent) et sur les réseaux de partage clandestins.

On y voit pendant les 70 premières minutes trois sympathiques bochimans désignant sur le sable du désert de vagues traces à peine visibles et précisant aux deux archéologues béats qu’une antilope est passés à 6h23 le matin et qu’une zorille mâle a croisé son chemin de 50 degrés environ, à 6h57.

Les 20 dernières minutes sont plus palpitantes. Les trois bochimans emmitouflés découvrent émerveillés le train à grande vitesse, les automates de lavage de voitures et les verts paysages des Pyrénées sous la pluie.
On les emmène à Cabrerets près de Cahors, dans la célèbre grotte du Pech-Merle.
Dans un passage de la caverne une mare d’argile a enregistré voilà plus de 10 000 ans douze empreintes de pieds.
Depuis un siècle des générations de paléontologues et d’éminents podologues se sont ruiné la santé à déchiffrer le sens de ces traces désordonnées, imaginant le plus souvent la danse rituelle d’une ou deux personnes, l’expression d’une forme de religion primitive. Il faut dire que depuis qu’il a acquis une certaine conscience de lui-même le brave Sapiens (qui sait tout) est incapable de penser l’inconnu sans lui attribuer une cause créatrice externe, une origine divine.
Or après l’examen minutieux des traces de pas, les trois pisteurs africains sont formels ; ils n’y voient pas l’exécution d’un mystérieux cérémonial paléolithique, mais simplement les allées et venues ordinaires de cinq femmes et hommes de tous âges qui passaient par là (une femme de 25 ans avec un garçon de 10 ans, deux hommes, de 35 et 50 ans, et une femme qui portait une charge).

Après cet épisode sacrilège, les gentils archéologues, en bons scientifiques qui trouvent leur plaisir dans la contradiction, conduisent alors les pisteurs dans la grotte du Tuc d’Audoubert, une des cavernes de la rivière Volp, dans les Pyrénées ariégeoises.
Là, dans une grande cavité d’accès malaisé, ont été modelés il y a 15 000 ans deux bisons d’argile. Alentour, près de 150 traces de pieds, uniquement des talons, ont toujours intrigué les scientifiques qui y voient quelque danse mystérieuse.
Pour les bochimans, plus terre à terre, la scène est immédiatement lisible et ils en refont sans peine la chronologie, où un homme de 38 ans et un enfant de 14 ans prélèvent l’argile dans un bassin en contrebas et l’emportent pour la modeler. Ils attribuent l’absence des doigts imprimés dans le sol au degré de séchage de l’argile.

Finalement les archéologues, et la cinéaste sont ravis. Ces explications si précises, comme des évidences, les laissent admiratifs, quand les interprétations classiques faisaient appel à toute une théorie de croyances et de symboles.
Et cette petite aventure en forme de fable aura au moins pointé du doigt la manie insidieuse, le travers de raisonnement qui consiste à idéaliser ce qu’on ne comprend pas encore, et à l’attribuer à un au-delà de circonstance.

Art rupestre, « In situ » par Mygalo, fort d’Aubervilliers, juillet 2014.

Mais les bochimans étaient-ils eux-mêmes convaincus de leurs propres conclusions ? N’ont-ils pas exagéré le trait parce qu’ils savaient faire ainsi plaisir aux archéologues fascinés par leur savoir-faire ancestral ?
Les scientifiques auraient peut-être dû faire preuve d’un peu plus de rigueur, par exemple en séparant les trois pisteurs et en confrontant leurs hypothèses.

dimanche 5 octobre 2014

Les spectres du musée d'Istanbul

Peu à peu la religion est de retour au sein des institutions turques. Les mésaventures judiciaires du pianiste Fazil Say n'en finissent pas. La basilique Sainte-Sophie va sans doute redevenir une mosquée.
Les fantômes de la Grèce antique hantent le musée d’archéologie d’Istanbul.