dimanche 18 septembre 2011

Note de sévices

Ce billet est destiné exclusivement aux auteurs de blogs qui utilisent les services de Blogger, l'outil fourni par Google. Que les autres détournent leur chemin, au risque de se trouver engloutis dans un maelstrom de désespérance. Car hier ou avant-hier, quand tout le monde dormait, Gougueule a modifié unilatéralement le comportement des images des millions de blogs qu'Elle héberge.

Auparavant, cliquer sur une image l'affichait en une pleine page où il était possible de zoomer. Mais c'était trop simple !
Dorénavant, la même action affiche un écran noir affublé d'un petit train de vignettes en bas de page. Il faut attendre que toutes les images du billet soient chargées en mémoire pour voir enfin l'image souhaitée, réduite aux dimensions de la fenêtre, sauf si le billet est d'avant 2010, auquel cas l'écran reste noir. Dans tous les cas il n'est pas possible de voir plus de détails, sauf en cliquant sur un petit lien cabalistique qui traine vers le bas de page. Alors l'image se comporte comme on l'attendait quelques minutes plus tôt. Attention, pour quitter et revenir au texte du billet, à ne pas appuyer sur la flèche normale de retour. Elle envoie quelque part dans le passé, sur un lien égaré dans la mémoire du navigateur. Il faut d'abord fermer l'onglet ou la fenêtre puis cliquer sur une croix blanche pas toujours visible en haut à droite de la fenêtre noire, ou cliquer sur une zone sans image.
Le lecteur même attentif et bienveillant sera déjà perdu et aura depuis longtemps quitté le blog pour d'autres horizons.

Dans le but d'inventer les ergonomies les plus inattendues, les ingénieurs de chez Google observent discrétement, pour ne pas le perturber, le comportement des utilisateurs (allégorie).




Depuis, c'est l'effervescence dans les forums d'entraide. Les auteurs qui voient leur fréquentation et leur chiffre d'affaires s'effondrer se rallient sous des slogans sibyllins tels «FUCK BLOGSPOT».
Déjà, la résistance propose un contournement efficace. Il est disponible dans une sombre officine de Sheffield entièrement en anglais. Il s'agit de faire vite avant que la réaction s'organise. Pour cela, voici la liste des actions de rébellion :1. Créer un «gadget HTML», sans titre, sur la page de conception des éléments du blog,2. Y coller la phrase magique subtilisée dans ladite officine,3. Et c'est tout.

Mise à jour du 20.09.2011 : le nautonier Vasco signale que l'administrateur de l'officine susdite héberge maintenant une seconde solution, due à Bonjour Tristesse, nécessitant de modifier le code HTML du modèle du blog, remède un peu plus risqué mais nettement plus élégant.
Mise à jour du 13.10.2011 : la déesse Gougueule qui ne se trompe jamais a écouté son peuple qui se plaint toujours. Elle laisse la fonction de présentation des images bestialement mise en place en septembre, mais la fait optionnelle dans les paramètres du blog. Elle affirme également avoir corrigé les anomalies de cette nouvelle fonction. Ce dernier point reste à vérifier.

mardi 13 septembre 2011

Il faut raison (d'État) garder

On s'en souvient, l'accident nucléaire de Tchernobyl, en avril 1986, n'a jamais atteint la France. Le bras armé du gouvernement dans la bataille contre les éléments était alors l'éminent et zélé professeur Pellerin. À la tête du Service de Protection Contre les Rayonnements Ionisants, il avait, comme tout fonctionnaire du nucléaire, prêté le serment du silence sur la pollution radioactive. Et il respectait sa parole. Tandis que les craintifs pays limitrophes exorcisaient leurs frayeurs en distribuant de l'iode et déconseillaient la consommation de certains produits frais, le bon professeur faisait le nécessaire pour que le nuage radioactif se détourne de notre territoire sacré.

Et depuis 25 ans, tel le mélancolique vengeur masqué de nos lectures d'enfant, il n'en avait jamais été vraiment remercié. Il était même poursuivi en justice pour tromperie aggravée par des malades vindicatifs qui lui reprochaient son silence sur la réalité des risques et lui attribuaient leurs cancers. 
Le 7 septembre dernier vient de marquer la fin de son calvaire. La cour d'appel de Paris a prononcé un non-lieu général sur toute l'affaire. Toute contradiction relève désormais de la diffamation. C'est le risque qu'encourt le malheureux A. Le P. par son triste témoignage du 8 septembre 2011 à 22h42 sur le site du Figaro.

Les couleurs chatoyantes de la centrale nucléaire de Dampierre, sur la Loire, à 50km d'Orléans. 
 
Voilà. La vérité est qu'il n'y a pas de lien entre la forte augmentation (admise) des cancers de la thyroïde dans l'est de la France et le célèbre nuage prétendument radioactif. La vérité est que les milliers d'êtres humains qui vivent encore dans la zone présumée irradiée de Fukushima ne doivent pas s'inquiéter, leur anxiété injustifiée n'est qu'une phobie que la psychiatrie apaisera. 

La vérité est que l'accident mortel d'hier sur le site nucléaire de Marcoule dans le Gard (l'explosion d'un four de traitement de déchets radioactifs), est en fin de compte un accident normal sans conséquence catastrophique, qui prouve que la gestion du nucléaire français est sous haute surveillance. C'est ce qu'affirment les organismes officiels et la presse unanimes

Au lent empoisonnement des corps s'ajoute l'intoxication des esprits. Comme dit un proverbe congolais « Quand éclate la vérité, mieux vaut ne pas se trouver sur sa trajectoire. »

lundi 5 septembre 2011

C'est beau, la nature


Le morpho, papillon bleu iridescent qui batifole imprudemment dans les forêts d'Amérique du sud n'a décidément pas de chance. La nature l'a doté, dans sa dernière métamorphose, de couleurs si précieuses, comme un métal enchanté dans un film de Walt Disney, que collectionneurs et naturalistes n'ont jamais pu se retenir d'en décorer à profusion vitrines et musées.
Et tandis qu'un brave papillon commun flanqué de couleurs vulgaires prend tous les matins le chemin du bureau, vit paisiblement ses quelques mois d'existence, butine au passage et se reproduit comme tout le monde en dizaines de petits papillons également communs, l'éblouissant morpho quant à lui finit généralement jeune, épinglé dans une boite poussiéreuse, au dessus d'une étiquette qui précise, d'une écriture cursive et appliquée, le petit nom de l'animal et le paradis où il a été chassé, agrémentés d'un commentaire affligé sur la disparition de l'espèce.

Moralité : il n'y en a pas.