Histoire sans paroles (56)
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Mots clefs : Blanc , Brouillard , Cabines , Couleur , Gris , Histoire sans paroles , Le Tréport , Manche , Manège , Mer , Plage
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Mots clefs : Blanc , Brouillard , Cabines , Couleur , Gris , Histoire sans paroles , Le Tréport , Manche , Manège , Mer , Plage
Les collections publiques en France, principalement le Louvre, possèdent nombre d’œuvres de Paul Huet, recensées dans la base de données Joconde. Essentiellement des paysages.
Généralement ténébreux, ils souffrent peut-être de la médiocrité des reproductions de la base Joconde ou de l'attente d'une restauration, mais surtout de la vision chroniquement ennuagée du peintre (et d'une technique souvent grossière et expéditive).
Dans ce recensement, parmi une quinzaine de dessins préparatoires au crayon et à l’aquarelle réalisés au pied des falaises des Vaches noires en 1860 (probablement à l’automne), et réunies dans un album conservé au Louvre, se distingue une feuille sur laquelle le peintre a déjà disposé les plus gros rochers au pied de la falaise et esquissé des personnages fantomatiques, dont le noyé et ses porteurs, première pensée du tableau de 1863 écrit le fils du peintre sur l'album.
À gauche, la mer soulevée par la tempête, à droite, sous un ciel sombre, des falaises à pic qui s'allongent jusqu'à l'horizon et se perdent dans la brume. Au premier plan, deux hommes emportent le corps d'un naufragé ; un chien pousse des hurlements ; un peu plus loin, à côté d'une charrette, quelques personnes paraissent attendre, tandis que d'autres s'élancent au milieu des lames pour arracher à la mer ceux qu'elle vient d'engloutir.
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Mots clefs : Cartels , Drame , Falaises , Huet (Paul) , Mer , Naufrage , Noir , Noyé , Nuages , Paysage , Romantisme , Tempête , Vagues
Francis Silva est un peintre américain qui embarrasse les critiques et les maisons de vente qui ne savent pas que dire de lui. Il a laissé peu de traces autres que ses tableaux.
Plus ou moins autodidacte, il n'a pas été impressionné par les courants de peinture de son temps. Il sillonnait, pour y trouver ses motifs, la côte nord-est des États-Unis, de Cape Ann, près de Gloucester - où il a peut-être vu des toiles de Fitz Lane qui venait d’y mourir - à Long Branch, au sud de New York, où il mourut à son tour en 1886.
Seule période de sa vie un peu documentée, on sait qu’il s’était enrôlé dans l’infanterie contre les sudistes dans la guerre de sécession de 1861 à 1865, et avait participé à des évènements relatés dans les livres d’histoire, si bien que les commentateurs espéraient des tableaux héroïques, des illustrations de première main pour une biographie exemplaire. Hélas après la guerre civile Silva n’a peint que des paysages marins calmes, limpides, horizontaux. Parfois les restes d’une épave étaient poussés mollement par la marée, rien de plus.
Alors on trouve dans les essais sur Silva des avertissements du genre "il n’existe aucune preuve que Silva ait eu des conceptions luministes de son art", suivis évidemment d'un long chapitre, justement, sur le luminisme dans la peinture de l’école de l’Hudson river (les métiers de la plume sont souvent payés au nombre de caractères).
Parmi les 110 chefs-d'œuvre de la peinture américaine de 1760 à 1910 exposés à Paris en 1984 - les États-Unis s’étaient séparés pendant 6 mois de leurs principaux chefs-d’œuvre - imaginez l’impensable, le Louvre prêtant simultanément ses plus beaux La Tour, Chardin, Ingres, Watteau - parmi ces 110 chefs-d’œuvre américains donc, il n’y avait pas de tableau de Silva.
C’était il y a 40 ans. Aujourd’hui Silva reste peu connu, et moyennement apprécié, comme dans l’essai cité plus haut où on le dit "artiste charmant mais dépassé… un peintre qui exploitait ses talents au mieux de ses capacités… et même s’il ne rejoindra jamais les anciens, il témoigne de notre époque démocratique". Pour le dire autrement, il a fait de son mieux, il est au moins la preuve que dans notre pays on peut venir de rien et parvenir à faire l'objet d'une étude verbeuse de 41191 caractères dont 6901 invisibles.
Ça n’est pas très charitable. Il est vrai qu’on peut finir par s’ennuyer devant trop de Silva.
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Mots clefs : Bateaux , Ce monde est disparu , Ciel , Enchères , États-Unis , Hudson , Lane (Fitz Hugh) , Marine , Mer , Paysages , Silva (Francis) , Vente
Jacques-Émile Blanche, dans ses fastidieux "Propos de peintre" affirmait que Turner au moment de mourir se serait exclamé "Que n’aurais-je pas fait si j’avais eu cet instrument - le daguerréotype, le premier procédé photographique - à mon service !". Turner pensait peut-être, si l’anecdote est vraie, qu’il aurait ainsi économisé tout le temps passé dans ses voyages à travers l’Europe à remplir ses innombrables carnets de croquis et ses esquisses à l’aquarelle.
Mais la photographie à ses débuts, du vivant du peintre, de 1840 à 1850, exigeait un matériel lourd, lent, encombrant, impraticable sous les intempéries, et qui ne lui aurait pas permis tous ces points de vue rapportés de l’estuaire de la Seine à Quillebeuf, ses silhouettes dans les carnets et ses multiples aquarelles ou gouaches, autant d’impressions qui le conduisirent à cette grande toile de 1833.
Impressionné et secoué par la marée montante pendant ses séances d’esquisses en bateau dans l'estuaire, le lyrique Turner en a fait une lutte mouvementée contre le courant et finalement un naufrage. Sur une bonne reproduction du tableau (celle de Google ArtsandCulture - notre illustration en taille réelle), ou en se rendant à Lisbonne, on distinguera dans les embruns à droite la hune de vigie d’un bateau qui sombre, et à gauche nombre de poissons, la pêche perdue, où se précipite le tourbillon des mouettes.
Les âmes fétichistes et bourlingueuses qui souhaiteraient aller à Quillebeuf pour reproduire en photographie le point de vue du peintre - elles sont plus nombreuses qu’on le croit - seront désappointées, parce que la forme d'une ville change plus vite (hélas, s'exclamait Baudelaire) que le cœur d'un mortel, et que dans l'estuaire l’humain ne s’est pas gêné pour modifier le paysage plutôt que s’y adapter.
En 1829 Charles Motte graveur et éditeur parisien ouvrait une filiale à Londres et publiait, entre 1829 et 1831, Les rives de la Seine en 59 planches dessinées d’après nature par Deroy et lithographiées et éditées par Ch. Motte, magnifique édition dont une des 59 stations était QUILLEBŒUF.
Au même moment, entre 1829 et 1832, Turner (qui vivait à Londres) allait visiter les rives de la seine et y dessinait notamment sa suite sur Quillebeuf. Coïncidence ?
On constatera, comparant les vues de Deroy et Turner aux images modernes par satellite ou au sol, que le port n’est plus là. Le plan d’eau, zone de sables mouvants plus ou moins recouverte au gré des marées et limitée par le quai aux pieds du phare et de l’église, n’existe plus aujourd’hui. La berge fortifiée en pierres du modeste canal de Saint-Aubin était sans doute ce quai ensoleillé battu par le mascaret chez Turner, et toute la zone de champs et prairies qui se prolonge maintenant sur 4km vers le nord-ouest jusqu’au pont de Tancarville - donc dans le dos du spectateur - a été "conquise" depuis sur les marais et la Seine.
Mais le fleuve sommeille, et le secteur demeure inondable.
Postscriptum : voir les informations sur le naufrage du Télémaque dans les commentaires en fin de chronique.
Reste le mystère du phare. Sur la gravure d’après Deroy, comme sur les vues de Turner, sa forme et ses dimensions ressemblent beaucoup au phare actuel, mais sa distance à l’église Notre-Dame-de-Bonport ne dépasse pas une cinquantaine de mètres (il s’élève à 12m.). Chez Turner il borne le quai de pierres d’origine (au centre de cette vue actuelle) alors qu’il se trouve aujourd'hui nettement plus loin, à 150 mètres de l’église.
Aurait-il été déplacé ?
Le site des monuments historiques précise que l’ancien feu construit avant 1817 a été "remplacé" par le phare actuel achevé en 1862, donc pas déplacé. Et Wikipedia déclare que le phare existait en 1824 - avant le passage des artistes - et a été seulement amélioré en 1862. Licence topographique de Deroy et surtout de Turner, qui se seraient permis de rapprocher les éléments de la scène pour en accentuer l’effet dramatique ?
Remarque : dans la gravure de Motte la tour est dessinée par erreur sur le flanc sud de l'église alors qu'en réalité elle est dans le prolongement de la nef, le dessin original de Deroy étant sans doute ambigu.
En conclusion, on a parfois tort d’affirmer, après Shakespeare, que la réalité est plus riche que toutes les fictions, et on conseillera plutôt d’aller admirer la vision un peu théâtrale de Turner à Lisbonne plutôt que de risquer le voyage à Quillebeuf, car on a oublié de mentionner que quelques usines chimiques à fort risque, classées "Seveso seuil haut", dont l’énorme raffinerie Exxon-Mobil-Esso, ont trouvé les gravures de Deroy tellement romantiques qu’elles ont choisi de s’installer définitivement en face, sur l’autre rive, à Port-Jérôme-sur-Seine, à 500 mètres à peine du sujet de notre chronique.
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Mots clefs : Eglise , Fleuve , Gravure , Lisbonne , Londres , Marine , Mer , Monuments , Motte , Naufrage , Où était le peintre ? , Phare , Poissons , Port , Quillebeuf , Raffinerie , Seine , Turner
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Mots clefs : France , Histoire sans paroles , La Digue , Mer , Seychelles , Somme , Vélo
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Mots clefs : Dieppe , Eglise , Érosion , Manche , Mer , Monet , Normandie , Où était le peintre ? , Personnalités , Pourville , Varengeville , Vie des cimetières
Il y a bien longtemps, venu à pied de la lointaine Afrique, l’humain était contraint de s’arrêter à la fin de la terre, qu’il appela donc le Finistère. Impossible d’aller plus loin avant d'inventer le bateau.
Et encore, au début, le bateau lui servait surtout à arpenter les alentours, cueillir la sardine et la rapporter à sa veuve - car il périssait souvent en mer - ou à sa fille de 10 ans, qui l'allongeait soigneusement noyée d'huile dans des boites de métal (on parle là de la sardine) et dans des conditions de travail et d’hygiène discutables, et qui périssait donc beaucoup, elle aussi, d'épuisement ou d’épidémies de choléra, de diphtérie et d’autres variétés de ces bactéries taquines qui aiment tant les voyages en bateau.
Heureusement, un riche industriel qui vendait lesdites sardines aux humains qui n’avaient pas osé s’aventurer dans cette région inclémente, pris de remords devant une telle hécatombe, offrit à sa ville un terrain vacant de plus d’un hectare, à Tréboul, pour y établir un cimetière devant la baie de Douarnenez. Geste philanthrope qui l’assurait en même temps d’être un jour enterré face à la mer qui l’avait enrichi - ce qui sera fait 26 ans plus tard - et entretenu par la municipalité reconnaissante jusqu’à la fin des temps.
C'était en 1849. Depuis les sardines ont disparu de la baie mais les restes du prévoyant industriel sont toujours régulièrement honorés.
Évidemment, à la demande du gardien du cimetière qui interdit de photographier les tombes, ou alors, après négociation, en effaçant les noms gravés - sans quoi la mairie serait submergée de procédures judiciaires actionnées par des familles voyant leur nom diffusé sur internet dans une position peu avantageuse - nous ne citerons aucun des noms des locataires des cimetières de Douarnenez, seraient-ils renommés.
Et de toute manière ils seront vite oubliés. Il n’y a déjà plus de sardines, on l'a constaté plus haut, il n’y aura bientôt plus de poisson du tout et la mer viendra, deux fois par jour au commencement, empêcher les accès au cimetière inondé, jusqu’à ce qu’il justifie pleinement son titre si envié de cimetière marin.
Vous avez bien lu "les cimetières de Douarnenez", parce qu’il y en a au moins quatre. En 1945 la ville absorbait les communes de Ploaré (et un cimetière de 2 hectares), Tréboul (1,2 ha), Kerlouarnec (0,5 ha) et Pouldavid (0,4 ha), qui devenaient de modestes quartiers.
Nous évoquons aujourd’hui le plus pittoresque des cimetières, celui de Tréboul. C’est certainement, plus encore que celui de Talmont-sur-Gironde, le lieu où on aimerait que reposent tous les êtres qu’on a aimés, pour son ciel si capricieux, et pour la planéité presque parfaite de son horizon, propriété utile aux photographes qui évitent ainsi ces clichés penchés qui n'inspirent que des haut-le-cœur.
Le voici en 1905 et vers 1920, plus pastoral que marin, puis surveillé par Gougueule en 2016 et en 2019. Entre ces deux photos trois vieux cyprès de Lambert en bord de mer devenus dangereux ont été sciés au ras, et le destin du géant centenaire survivant qui domine la petite plage en contrebas (à gauche) et perd au fil des tempêtes des branches de plus en plus lourdes, est maintenant incertain.
On ne compte plus dit-on les films et les séries mélodramatiques qui ont choisi ce cimetière pour décor. Il ne recèle pourtant pas de curiosités funéraires particulières et on doit s’y sentir à l’étroit, dans moins de 5 mètres carrés par emplacement, mais il offre, de chacune des tombes installées sur sa pente, orientée précisément vers le nord, un panorama photogénique et parfaitement exposé sur la baie de la sardine.
Et pour rester dans le domaine des poissons, parmi ses 2000 tombes est parait-il enterré un curieux poète hydropathe mort à Tréboul et lauréat du premier prix Goncourt, en 1903, pour un roman frénétique et sombre dont on retiendra surtout que certains des personnages souffraient de merlancolie.
À suivre… dans La vie des cimetières (110)
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Mots clefs : Bateaux , Cyprès , Douarnenez , Finistère , Lierre , Mer , Merlancolie , Paysage , Poissons , Préhistoire , Sardine , Tréboul , Usine , Vie des cimetières
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Mots clefs : Bretagne , Drame , Histoire sans paroles , Mer , Témoins , Vagues
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Mots clefs : Bateaux , Carrosse , Ce monde est disparu , Ciel , De Vlieger , Enchères , Hollande , Mer , Peinture , Pluie , Poissons , Van de Velde (A.) , Vente