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mercredi 20 avril 2022

Jusqu’à l’indigestion

Vous avez nécessairement remarqué que les médias français sont essentiellement préoccupés, depuis peu et pour quelques jours encore, d’un sujet local (en bref, comment éviter que le pire n’advienne tout en le choisissant cependant un peu).
Aussi reviendrons-nous aujourd’hui - on avait prévenu - sur le sujet universel des fraises des bois. 

Que dites-vous ? Vous frôlez l’indigestion ? Notez que c’est un peu la faute de Monsieur Chardin. Peindre avec tant d’habileté une bassine ! … une bassine ? une baignoire ! … une baignoire ? que dis-je ? une montagne de fraises, et accompagnée seulement d’un verre d’eau, transparent, livide, blafard, sans sucre, ni biscuit, boudoir ou cigarette russe - ah, l’adjectif était inconvenant ? Je l’ai retiré.

Naturellement ce petit tableau est convoité, démesurément, on l’aura compris à suivre les épisodes de cette série haletante.

[Lire aussi, sur le même sujet et dans l’ordre, Des fraises de Chardin, La poésie à l’huile, Fraises des bois Marilyn et mondanités].
 
Eh bien sachez qu’était diffusé, dès le lendemain de la vente publique, le premier épisode de la saison 2. On comprend que vous ayez des difficultés à suivre, et c’est un peu notre rôle, médias spécialisés, de vous pré-mâcher et pré-digérer l’information, que vous n’ayez qu’à la régurgiter.

La deuxième saison est donc titrée « Encore un petit coup de Chardin pour la route ». C’est assez vulgaire, effectivement. Peut-être va-t-on y abandonner un peu de nos illusions.

Lors du dernier épisode de la saison 1, qui s'achevait - rappelez-vous - par la célébration de la vente aux enchères, l’équipe de scénaristes avait habilement introduit un personnage qui passait là comme par hasard, la toute nouvelle présidente du musée du Louvre, éblouie par ce monde des objets aux valeurs marchandes extravagantes, prête à s’émoustiller de ses propres pouvoirs (on le découvrira plus bas).


Signalons aux personnes intéressées par les fraises des bois (suivez mon regard) que c’était un des sujets favoris (pas des plus réussis néanmoins) d’Adriaen Coorte autour de 1700, et que sa cote est encore relativement basse. Ainsi elles pourraient s’acheter une quinzaine de Coorte pour le prix du Chardin convoité. Sotheby’s en vend couramment (2009, 2015, 2022) et en a encore en réserve (ci-dessus). Il faut cependant aimer aussi les asperges et les groseilles à maquereau.


Et la saison 2 ne vous décevra pas. Dans ce premier épisode on est exactement le lendemain de la vente historique, et la présidente du Louvre annonce au journal Le Figaro (*) qu’elle veut le Chardin, qu’elle peut l’avoir, mais - et là elle joue sa Cosette - qu’elle n’a pas les moyens de se le payer, ni à 30 (son prix d’adjudication), ni à 15, pas même à 6 ou 7 millions de dollars (**).

(*L’article est payant, les choses deviennent sérieuses.
(**) On est dans un pastiche de série américaine, ne l’oubliez pas (les conversions sont effectuées gracieusement par nos services).
 
Bien sûr, elle a 40 ou 45 Chardin dans des cartons au Louvre, mais elle veut celui-ci, elle n’en démordra pas. On l’imagine, dans le plus profond désespoir, assistant à l’apothéose du tableau dans un grand musée américain dont ce serait l’unique Chardin, et le voyant reproduit en haute définition sur le site du même musée, téléchargeable librement et sans aucun copyright. On en frémit.

Puis elle se ressaisit, et révèle fièrement avoir demandé au ministère de la Culture de déclarer le tableau Trésor national, ce qui lui donnerait légalement 30 mois pour tenter de réunir 30 millions de dollars.
Quelle entreprise, pour obtenir de l’administration certains avantages immatériels (notez le clin d’œil complice du rédacteur), et être de toute façon remboursée de 90% sur ses propres impôts (***), n’aiderait l’impécunieuse ministre à sauver la Nation tout en améliorant quasi gratuitement sa propre image de marque ?

(***) En tant que donation pour un Trésor national. Rappelons que c’est à coups de centaines de millions d’euros, presque d’un milliard, en grande partie remboursés par les impôts de tous, que la cathédrale de Paris et d’Eugène Viollet-le-Duc attend d’être reconstruite.

Vous avez certainement deviné la suite. Le prochain épisode verrait le lancement d’une souscription nationale. On solliciterait la générosité et la bonne volonté du citoyen, comme pour les 3 nymphettes de Cranach en 2010. C’était alors pour assouvir une passion condamnable du président du Louvre. Ici, ce sera pour satisfaire une envie de fraises. 

Mais n’anticipons pas...

dimanche 6 juillet 2014

Coorte l'immobile

Coorte Adriaen, Nèfles au bord d'une table et papillon
(Collection particulière Hollande)

Adriaen S. Coorte était un peintre discret. On ne sait ni quand il est né, ni quand il est mort.
De 1683 à 1707 on trouve des traces de sa présence à Middleburg, ville côtière du sud-ouest hollandais, et un peu à Delft.

Vers 1950, Bol, un érudit qui le sortit de l'oubli, dénombrait 80 tableaux de sa main, généralement signés, parfois datés, peints sur papier et ensuite collés sur des petits panneaux de bois.

Alors que ses collègues de l'époque peignaient les natures mortes, métaphores des vanités de l'existence, à grand renfort de vaisselles luxueuses, de fleurs éclatantes et de restes de copieuses agapes, Adriaen Coorte n'a représenté, sur ces 80 petits tableaux, qu'un modeste et unique coin de table ou de cheminée, un rebord de pierre à peine éclairé de la gauche par un rayon de lumière.
Comme si, paralysé, il n'avait jamais vu du monde que les rayonnantes grappes de groseilles, les humbles nèfles, les asperges et les coquillages que quelqu'un déposait devant ses yeux, dans ce recoin de l'espace.

Y a-t-il vraiment autre chose à voir ?

Coorte Adriaen, Groseilles à maquereau sur un coin de table,
1701 (Cleveland Museum of Art)

Coorte Adriaen, Botte d'asperges et groseilles, détail
(Washington National Gallery of Art)

mardi 19 mars 2013

Êtes-vous radiosensibles ?

Dampierre, près de chez vous...

Les cerisiers sont en fleurs dans la préfecture de Fukushima. Les reportages également fleurissent (1). C'est le deuxième anniversaire de la catastrophe.

Les papillons quittent leur chrysalide. On note des mutations bizarres, mais il faut vraiment se rapprocher.
Les enfants portent en permanence un dosimètre qui mesure le niveau de radiations accumulées dans l'organisme. Les données sont analysées ailleurs. Ils attendent encore les résultats.
Les médecins conseillent de dormir au milieu de la pièce plutôt que le long des murs, à cause du césium qui descend du toit. Et dehors, de porter un masque respiratoire. Peu le font (2).
L'agriculture régionale tourne au ralenti. L'export des produits vers les autres préfectures est sous surveillance. Alors ils emplissent les supermarchés locaux. On ne peut pas tout surveiller tout le temps. On rejette dans les eaux des ports les poissons dont le taux de césium dépasse 80 becquerels. On vend les moins radioactifs.

La vie semble à peu près normale à Fukushima. Parfois cocasse, quand parait l'équipe municipale de décontamination. Trois fonctionnaires dévoués et incompétents partis pour la dérisoire tentative de décontamination de la montagne, des terres, de la forêt, des champs, des brins d'herbe. Dès qu'il pleut, il faut recommencer.
La terre irradiée est stockée dans des sacs qui finissent sur un terrain vague. L'auteur d'un des reportages s'étonne qu'un pays traditionnellement organisé et efficace comme le Japon en soit rendu là, et ajoute que cela n'arriverait pas en France où les normes de sécurité sont draconiennes.
On le croit aisément. Il suffit de constater comment la région parisienne est désorganisée dès que tombent quelques centimètres de neige.

Avec Fukushima commence une nouvelle ère. Une ère depuis longtemps prédite par les auteurs de science-fiction. Une ère où il faudra se débrouiller pour survivre aux radiations.
Fêtons donc, tous les 11 mars, avec les humbles pionniers de Fukushima, l'ère de la radioactivité.

Mise à jour du 29 mars 2013 : voir la chronique « Rebondissements »

*** 
(1) Surtout « Fukushima une population sacrifiée » de David Zavaglia pour LCP, également « Le monde après Fukushima » de Watanabe, et « Fukushima chronique d'un désastre ».

(2) En dépit des dénégations des autorités, la région est contaminée, jusqu'à 100 kilomètres de la centrale. À Tokyo, par endroits, 250 kilomètres plus loin, il arrive que les seuils d'alerte soient atteints. À Fukushima, afin de convaincre qu'il n'y a pas de danger, la municipalité a organisé une grande fête avec Mickey. Où les enfants étaient assis, la radioactivité était de 10 microsieverts par heure (soit 87 millisievert par an).
Avant 2011, la loi japonaise (comme le code de la santé publique en France) interdisait qu'une personne subisse plus d'un millisievert par an (une radiographie équivaut à 0.3), et plus de vingt pour les professionnels exposés.
Après l'accident nucléaire de mars 2011, les autorités ont passé la norme de un à vingt, pour ne pas avoir à évacuer un million d'habitants. Et la nouvelle norme n'est même pas respectée par les tribunaux qui considèrent parfois que l'évacuation n'est pas justifiée en dessous de 100 millisieverts par an.


lundi 5 septembre 2011

C'est beau, la nature


Le morpho, papillon bleu iridescent qui batifole imprudemment dans les forêts d'Amérique du sud n'a décidément pas de chance. La nature l'a doté, dans sa dernière métamorphose, de couleurs si précieuses, comme un métal enchanté dans un film de Walt Disney, que collectionneurs et naturalistes n'ont jamais pu se retenir d'en décorer à profusion vitrines et musées.
Et tandis qu'un brave papillon commun flanqué de couleurs vulgaires prend tous les matins le chemin du bureau, vit paisiblement ses quelques mois d'existence, butine au passage et se reproduit comme tout le monde en dizaines de petits papillons également communs, l'éblouissant morpho quant à lui finit généralement jeune, épinglé dans une boite poussiéreuse, au dessus d'une étiquette qui précise, d'une écriture cursive et appliquée, le petit nom de l'animal et le paradis où il a été chassé, agrémentés d'un commentaire affligé sur la disparition de l'espèce.

Moralité : il n'y en a pas.



vendredi 12 janvier 2001

Peintures fraiches


Rosebud - Venise San Michele, 2025 - hst 70x70cm
De rose sale à jaune pisseux, pas un écran sur la planète et pas un œil regardant cet écran ne verra ce mur de la même couleur. En réalité il est orange, "brique un peu ensoleillée". "Ça dépend du taux de fer dans l'argile" ironiserez-vous. Alors choisissez vous-même votre taux de fer parmi 7 tonalités en descendant à la fin de cette page. 


2025, l'odyssée de l'espace vert - Blaye, 2025 - hst 70x70cm
(Oui, la blague du titre n'est pas bien fine, mais il fallait bien un titre ? Vous auriez préféré "45.1313, -0.6666", peut-être ?



La réponse à la grande question - Saint-Germain-en-Laye
2024, hst 55x46cm
Contrairement à ce qu'ont avancé nombre de scientifiques après D. Adams, la réponse à la grande question de la Vie, de l'Univers et du Reste n'était pas "42" mais "68333", plus précisément le dodécaèdre gallo-romain "MAN68333".
Voir une reproduction plus bleutée, ou plus sombre, ou plus claire.



Orage - Vers l'Aisne 2024, hst 60x60cm
(La tonalité du champ est malaisée à reproduire, vous en trouverez des variations peut-être mieux adaptées à votre écran à la fin de la page de mosaïque des peintures) 



Les 17 signes de l’égalité - Jumièges 2024, hst 65x92cm
N’y cherchez pas de métaphysique, il n'y en a que 17.
(N’ayant pas de bonne photo du tableau, celle ci-dessus en restitue assez bien l’ambiance, mais sans les détails, cette autre en lien est plus précise mais exagère les détails et déforme un peu la géométrie. Faites votre choix) 



Fauteuil à fleurs et aux deux hommages - Tours, Dresde, Nantes, Paris 2023, hst 65x92cm



47.2602, -2.4365 (coordonnées) 2023, hst 80x80cm



Eppur si muove, Fontfroide 16.09 10h23 2023, hst 60x60cm






hst 60x60cm - Coll. CFP
Vers 330 avant l’ère actuelle, Pythéas, astronome à Marseille alors grecque, emmène une expédition maritime autour de l’Europe, par l’Atlantique, jusqu’à l’Islande. Il écrira y avoir vu quelque chose comme de la terre, de l’eau et de l’air ensemble en suspension, dans un mélange où on ne peut ni marcher ni naviguer, et qu’il comparera assez justement à des méduses (poumons de mer). Ératosthène, puis Hipparque le croiront, pour ses découvertes en astronomie. Plus tard le géographe grec Strabon le traitera de menteur parce qu’aucun peuple ne peut vivre dans ces contrées septentrionales. 
Le fortuné Strabon, le Loucheur, n’aura jamais dépassé, au nord, les frontières de la Gaule, parce que ses amis les Romains n’y voyaient pas de peuples assez riches pour qu'ils les soumettent, et n’y avaient pas de résidence de luxe car il y faisait trop froid. 
Pourtant sa célèbre Géographie en 17 livres sera la vérité pendant des siècles, 1000 ans peut-être. Il y cite quelques fois Pythéas, pour s'en moquer. Aucune copie du véritable récit de Pythéas, "De l'Océan", n’a été retrouvée jusqu’à présent.



Test d'aéronef anonyme (anagramme du lieu, et Limoges)
2022 - hst 80x80cm






Crédit social épuisé - Venise 2021 - hst 70x70cm



Le cri (ceci n'est pas un Magritte) - Briare 2021 - hst 60x81cm - Coll. AL



Machine à remonter le temps
Appelée également Cléopatreur parce que sa technologie primitive ne permet pas de remonter plus loin que l’époque de la dernière reine d’Égypte, ni d’en revenir, d’ailleurs.
La Bussière 2020 - hst 60x60cm



Copie d'après Jeune fille à la perle, de Vermeer, au Mauritshuis de La Haye.
Sait-on si on reverra un jour ces tableaux ? Alors tous les 2 ou 3 tableaux, je ferai sans doute une petite copie pour m'entourer de mon musée imaginaire.
La Haye 2020 - hst 50x50cm - Coll. PLSR (détail du visage)



Et une douzaine de vanités... - Grenade 2020 - hst 70x70



Le retour des extraterrestres - Meung-sur-Loire 2020
hst 92x65 - Coll. CJWL



Copie du Songe de Joseph, de Georges de La Tour, vers 1640, au musée des Arts de Nantes.
C'est le plus beau tableau du monde. Ces choses ne se discutent pas. 
À présent invisible, et massacré sur internet, il était temps de s'en faire un double permanent.
Nantes 2020 - hst 60x60cm



Les philosophes - Gênes 2020 - hst 60x60cm - Coll. PCCB



Le journal de 20 heures - Venise 2019 - hst 81x60cm



Le printemps de Louis Convers - Paris 2019 - hst 50x50cm



Colloque sentimental (*) - Ravello 2019 - hst 81x60cm coll. BR



La baleine et le lapin - Praslin 2018 - hst 70x70cm - Coll. ABW



Au zoo d'Orvieto - Orvieto 2018 - hst 61x46cm



L'anagramme (atelier ou réalité) - N'importe où 2018 - hst 70x70cm



La sélection naturelle - Stresa 2018 - hst 60x60cm - Coll. DC



La conclusion du Procès - Normandie 2018 - hst 60x60cm



La maladie de Vermeer - Bruges 2017 - hst 65x81cm



Pareil Dolly - Penmarch 2017 - hst 70x70cm - Coll. NTJFP



À Bruges - Bruges 2017 - hst 50x50cm - Coll. JLG



Le dinosaure - Briare 2015 - hst 81x60cm - Coll. JBW