Par les pluvieux après-midis de printemps, quand le temps s'étire sans fin, quand l'ennui s'insinue jusque sous la peau, quoi de plus doux, de plus réconfortant, que d'écouter un peu de musique classique dont les grands auteurs disent qu'elle calme même les douleurs les plus sourdes.
Mais tout le monde n'a pas été initié à la culture classique. Aussi pour révéler à chacun cet univers si raffiné, les grandes entreprises de la culture ont-elles déployé les puissants moyens de l'Internet.
Rendez-vous par exemple dans le magasin en ligne de la
firme à la pomme, qui a vendu 25 milliards de morceaux de musique.
Il est accessible de n'importe quel ordinateur ou téléphone moderne. Il faut ouvrir le logiciel gratuit
iThunes (tout un programme) puis dans le choix des
Genres opter pour
Classique, enfin appuyer sur
Classement. Vous êtes transportés sur la page
Classement Albums classiques, classée par défaut dans l'ordre des meilleures ventes. Les plus grands chefs d’œuvre classiques de l'humanité dégoulinent alors sur la page.
Et vous pouvez écouter quelques secondes, voire une minute de chaque, sans payer !
Pour l'édification des nouveaux-venus dans cet univers de consolation et de joie, voici quelques albums choisis parmi les premiers de la liste (le classement peut avoir changé depuis la réalisation de cette chronique).
Le premier album,
« Getz/Gilberto » , est un mélange de jazz et de bossa-nova où le saxophoniste Stan Getz et Joao Gilberto interprètent Carlos Jobim.
Splendide album qui n'est pas vraiment de la musique classique, mais sans conteste un classique de la musique. Qu'importe, l'excellence se joue des catégories.
Le quatrième album, après les nocturnes pour piano de Chopin par Arthur Rubinstein, est
« Les essentiels de Ludovico Einaudi ».
Einaudi est un musicien contemporain, pianiste minimaliste, très apprécié dans le monde du cinéma et de la publicité. La grande force de sa musique est qu'à la première écoute l'auditeur a l'impression de la connaitre déjà et de l'avoir beaucoup entendue.
Le huitième album est le
« Requiem » soi-disant de Mozart. Musique obèse,
très peu de Mozart qui est mort pendant sa composition, achevée par quelques élèves zélés, notamment le médiocre Sussmayr.
Le quinzième album s'intitule
« Je n'aime pas le classique, mais ça j'aime bien ! » Il compile 45 des piliers de la musique classique, en commençant par les pièces favorites des mélomanes nazis
(Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss, Carmina Burana de Carl Orff et la chevauchée des walkyries de Richard Wagner), suivies de 42 tubes bien connus des amateurs de publicités. Étrangement, aucune musique de Beethoven dans ces merveilles de pesanteur. Mais signalons que devant le succès de l'objet l'éditeur a réitéré avec
« Je n'aime toujours pas le classique, mais ça j'aime bien ! », placé en quatre-vingtième position. Beethoven y fait une entrée remarquée avec trois pièces.
Le vingt-cinquième album est
« Héros Legio patria Nostra », recueil de chansons et chœurs de la Légion étrangère. Là encore, ce n'est pas réellement de la musique classique, mais on y trouvera les grands classiques du bon goût
(le boudin, un dur un vrai un tatoué, le chant de l'oignon, une reprise du boudin, Lili marleen) et la Marseillaise, hymne de tous les amateurs de la musique qui en a.
Arrêtons-là ce panorama
(1). On comprend pourquoi certains l'appellent la Grande Musique. Victor Hugo, grand aussi, aurait déclaré de la musique que c'est du bruit qui pense. On ne saurait mieux dire.