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mercredi 8 juillet 2020

Il n’y a pas d’H à Ermitage (3 de 3)



Posologie : cette chronique contient presque autant de liens externes que de mots. Elle est par conséquent à manipuler avec précaution, voire à ingurgiter en plusieurs séances séparées par des périodes de repos d'une durée appropriée. Vous êtes avertis.

Les épisodes précédents ont montré que la visite virtuelle du musée de l’Ermitage à Saint-pétersbourg était une promenade plaisante, mais que la fonctionnalité était trop fantasque, voire aléatoire, pour une découverte instructive des collections.
Pour cela le site propose un catalogue, complet (antiquités, peinture, sculpture, gravure, dessin, mobilier, horlogerie, armurerie, numismatique, orfèvrerie, fiacres…) et efficace.
La recherche se fait en anglais (или по русски), elle privilégie la saisie multimot, les mots recherchés sont complétés en cours de saisie, les caractères jokers simple (?) ou multiple (*) sont autorisés (exemple : RU?SDAEL).  
Les images sont généralement de dimension et de qualité correctes (2000 pixels) et libres.

Le musée est si riche qu’il donne l’impression d’héberger peu de chefs-d’œuvre. C’est sans doute vrai relativement, mais il recèle une profusion de curiosités dont voici une liste évocatrice, incomplète et désordonnée, mais avec tous les liens (qui ne vivront peut-être plus si vous lisez cette chronique dans quelques années).

Plus de 50 Hubert Robert, beaucoup non exposés, 26 paysages du nord de Rockwell Kent, non exposés, des Rembrandt comme s’il en pleuvait, des David Teniers en pagaille, une vingtaine de paysages de Claude-Joseph Vernet, une dizaine de Bellotto, des Van Dyck à ne plus savoir où les mettre.

Huit Boilly dont la splendide scène de billard, deux nocturnes de Wright of Derby, des Degas exceptionnels, trois Willem Duyster aux mises en scène toujours aussi curieuses, plusieurs intérieurs d’église de Granet, comme d’habitude, dont un avec un chat inattendu, de splendides Alessandro Magnasco.

Une série de bluettes anecdotiques où François Flameng, vers 1900, imaginait Napoléon lutinant dans le parc de Malmaison ou pouponnant sur la terrasse de Saint-Cloud, des contes lestes de La Fontaine illustrés par Subleyras (non exposés), un tableau heureusement rarissime de l’actrice Sarah Bernhardt, et le célèbre et édifiant tableau de Jean-Paul Laurens qui figure l’empereur Maximilien du Mexique, juste avant d’être exécuté, promettant au prêtre effondré qu’il lui enverra des nouvelles du ciel.

Sans oublier ce charmant tableautin d'Hans von Marées avec sa gracieuse fontaine dont l’eau coule d’endroits imprévus, un Jacob Vrel agrémenté d'un gros numéro peint en rouge, quelques anonymes remarquables, comme ce saint Jean-Baptiste raccourci dans une architecture infernale, ou cette allégorie sanglante de la Révolution Française fourmillant de détails réjouissants, sans compter un nombre certain de tableaux en très mauvaise condition.

Enfin quelques magnifiques tableaux de peintres rares, Oswald Achenbach, Jan Asselijn, Gerard Ter Borch, Karl Buchholz, Jakob Hackert, Louis Tocqué, et la découverte d’un peintre remarquable, August Matthias Hagen, russe de la Baltique, certainement marqué par Friedrich, et dont l’Ermitage possède trois beaux paysages qu’il n’expose pas.



Et pour finir le plus beau tableau du musée, de 1699, cette merveilleuse femme au voile, sans doute le plus beau de Jean-Baptiste Santerre, portraitiste inégal universellement méconnu.

Avec vos propres critères de recherche, vous trouverez évidemment des dizaines d’autres merveilles dans ce catalogue.
Mais vous y ressentirez peut-être aussi un vague ennui, un sentiment de déjà vu, comme d’un voyage qui finalement ne vous aura pas divertis. C’est que l’Ermitage est un musée européen, fait à l’image des grands musées de l’Europe, pour leur ressembler et les dépasser, avec les mêmes artistes, et fait pour attirer sans les dépayser les 3 à 4 millions annuels de touristes européens d’aujourd’hui.

Il suffirait de sortir de l’Ermitage par la perspective Nevsky, de suivre les quais de la Moyka sur quelques centaines de mètres, de contourner la cathédrale Saint-Sauveur-sur-le-sang-versé, énorme pâtisserie bourrée de crème et de fruits confits, puis de traverser le jardin où Pouchkine tend un bras de bronze couvert de pigeons et indique un grand bâtiment triste et ocre clair à l’architecture néo-classique. C’est le Musée Russe.
Là, vous seriez dans un autre monde. Celui de l’art russe. Mais le flux pâteux des touristes n’y passe pas, et le musée n’a pas les ressources pour construire un grandiose site virtuel à l’image de son voisin prestigieux.

Mise à jour le 15.07.2020 : Pour information, le musée de la vraie vie vient de rouvrir doucettement après 4 mois de lutte sans merci contre le virus planétaire. Le masque et les gants de caoutchouc sont obligatoires.

Détail des illustrations de la page : en haut August Hagen (bord de mer), au centre Jean-Baptiste Santerre (femme au voile), ci-dessous, Jan Asselijn (rupture d’une digue), Gerard ter Borch (portrait de Catarina van Leuninck), et un montage de 3 détails, de Flameng (Napoléon), Magnasco (bandits dans des ruines) et Oswald Achenbach (Fête nocturne à Naples).



 

lundi 29 juin 2020

Il n’y a pas d’H à Ermitage (2 de 3)


Comme dans ce tableau de Jan Kobell (Ermitage, non exposé), ouvrir une simple porte dans le musée virtuel de l’Ermitage est une expérience troublante qui ne vous mène pas toujours où vous le pensiez.

Exaltés par votre errance dans le palais de l’Ermitage, vous n’avez probablement pas résisté à chercher les artistes que vous aimez, et pour cela à consulter le catalogue des collections en ligne.

Mais les liens du catalogue vers la visite virtuelle ne sont pas fiables. Ils vous entrainent le plus souvent sur de fausses pistes.
Vous voulez voir un tableau dans son contexte, cliquez sur le numéro de la salle (Room), êtes transportés vers un nouveau plan, peu ou pas interactif, qui ne comporte pas toujours la salle demandée, ou qui mène à une page vide, et quand vous trouvez par hasard le bouton « Virtual visit 3D » ou « View in 3D », vous êtes admonestés d’un « Erreur 404 non trouvé ».
Alors vous renoncez et revenez au plan de visite virtuelle.
Mais vous savez, depuis l’épisode précédent, que nombre de salles manquent sur ce plan, notamment les arts du 19ème au 21ème siècle.

Or il existe un moyen d’atteindre ces salles hypothétiques, c’est d’utiliser la visite virtuelle en partant d’une salle que vous estimez proche de votre objectif. Pour cela vous disposez, en plus du plan interactif, de deux outils.
Le zoom, qui permet de lire les numéros de salles apposés près de l’encadrement des portes (mais ils manquent souvent et ne sont pas toujours ordonnés), et 150 raccourcis vers des salles prestigieuses que l’Ermitage a distinguées sur une page spéciale. Évidemment, les salles y sont baptisées mais pas numérotées, histoire de brouiller les pistes, mais c'est de là que vous pourrez accéder à Bonnard, Degas, Monet, Vallotton, et tant d'autres.

Illustrons. Vous bruliez de voir dans quel contexte est présenté le « carré noir sur fond blanc » de Malevitch, un des fondements de l’art moderne, dont l’auteur déclarait, dit la notice « Le carré n’est pas une forme subconsciente. C’est une création de la raison intuitive. […] Le carré est vivant, c’est le premier pas vers la créativité pure ».
Le catalogue le localise salle 443, qui est absente des plans.
En examinant la liste des 150 salles, vous trouvez sur l’onglet 11 des salles dont l’art vous parait moderne, le nom de Malevitch se trouve même sur la vignette de la salle « Dmitry A. Prigov ».
Vous êtes près du but. Vous cliquez sur la vignette…, puis sur le bouton « View in 3D »…

Sur place vous inspectez les salles avoisinantes. Pas de numéros de salle. Pas de Malevitch alentour. Mais vous arrivez par hasard dans une salle où vous reconnaissez, sur certains tableaux, un style caractéristique. Le titre de la page le confirme, vous êtes dans la « salle Friedrich ». Vous cherchiez la 443, vous êtes dans la 352, inaccessible autrement.

L'exceptionnelle salle des 8 tableaux de Caspar Friedrich, dont le catalogue des collections dit qu’elle porte le numéro 352, mais qu’on ne peut atteindre qu’en fouinant autour des salles de l’art contemporain, elles-mêmes accessibles un peu au jugé.

D’accord, l’exemple était mal choisi. Qu’à cela ne tienne, la physique la plus moderne prétend que la matière se comporte ainsi dans la réalité, qu’elle peut se trouver n’importe où et dans plusieurs endroits en même temps. Les physiciens appellent ce phénomène la non-localité. Et puis avouez que vous vouliez voir cette riche collection de paysages de Friedrich.

Abordons enfin un sujet gênant. Dans l’épisode précédent nous promettions de résoudre le mystère de l’introuvable salle 308, qui recèle notamment, dit le catalogue, 3 des tableaux les plus fameux de Jean-Léon Gérôme, dont sa plus grande version du nébuleux et pathétique « après le bal ».
Hélas, après des heures d’errantes insomnies, reconnaissons que c’était pure vantardise.
Nous nous excuserons en offrant un abonnement au blog, gratuit et à vie, pour tout indice déposé dans les commentaires.

Nonobstant ces petites déconvenues, maintenant familiers des lieux, vous avez réalisé que la plupart des œuvres (98%) ne sont pas exposées (Not on display), ou sont fréquemment introuvables, mais qu’elles sont bien documentées dans l'excellent catalogue en ligne qui regorge de curiosités et de raretés. Nous le feuillèterons dans le prochain épisode.

Au cours de votre visite de l’Ermitage virtuel, si vous êtes ici, c’est que vous êtes perdus, toujours dans le musée, mais dans une zone étrange qu’il vaudrait mieux éviter. Revenez sur vos pas, retrouvez les salles Picasso en passant par la salle Vlaminck, ou vous resterez à perpétuité dans cet environnement carcéral. 
À défaut reprenez le jeu au début, ou éteignez tout.

dimanche 9 février 2020

Au royaume du Danemark

Christen Købke, Vue de la citadelle de Copenhague depuis un grenier à grains, 1831, 43 x 51,7cm (SMK Copenhague). Cliquez sur l'image pour un zoom en haute définition.


Y a-t-il invention plus féconde que les frontières, les pays, les folklores, ces particularismes qui enrichissent la culture de l’humanité, parait-il ? Il est bien utile, il est vrai, lorsqu'on cherche les responsables de nos malheurs, de trouver des lignes pointillées imaginaires qui permettent de distinguer le bien du mal. Et puis cela permet de redécouvrir régulièrement, à la fréquence d’une ou deux générations, toute une culture oubliée entre-temps.

La génération de 1985 avait appris, à l’occasion d’une monumentale exposition (192 œuvres) sur « L’Âge d’or de la peinture danoise, 1800-1850 », au Grand palais de Paris, que le Danemark était un petit pays plat et prospère, entouré d’eau de mer, où avait fleuri au début du 19ème siècle une remarquable école de peintres rigoureux et raffinés, dont les plus adroits, malgré l’orthographe barbare de leurs noms, faite de Ø barrés et de Å auréolés, n’avaient rien à envier aux peintres d’histoire, de portrait et de paysage qui rayonnaient alors de la Prusse à la France.

Ils avaient pour nom Eckersberg, Købke, Lundbye, Sødring, Rørbye, Kyhn, Bendz, Skovgaard…

La génération suivante, en France, ne les a jamais connus (à part le sévère Eckersberg, leur professeur, largement exposé, notamment en 2016 par la fondation Custodia).
Il faut reconnaitre que ces lettres voisines mais introuvables dans l’alphabet français, et classées après le Z dans l’alphabet danois, en embrouillent sérieusement le classement et constituent de nos jours paradoxalement un handicap dans les médias numériques.

La génération d’aujourd’hui les découvrira donc, bientôt, du 28 avril au 16 aout 2020, 35 ans et 100 mètres plus loin, au Petit palais cette fois, dans une exposition de 200 œuvres, « L’Âge d’or de la peinture danoise, 1801-1864 ». Notons qu’en 35 ans l’Âge d’or se sera légèrement décalé et allongé de 13 ans, mais les peintres et les œuvres seront sans doute les mêmes.

Elle y découvrira surtout un artiste qui aurait été le plus important des peintres danois s’il avait vécu au-delà de 37 ans, Christen Købke (prononcer à peu près Keub-ké).
La couverture du catalogue de 1985 (illustration ci-dessus), 47 œuvres exposées alors (53 pour Eckersberg), et 3 ou 4 paysages exceptionnels au couleurs d’une subtilité rare révélaient chez Købke une précision et une élégance du regard qui ne se retrouvaient, à son époque, que dans les toiles de Caspar David Friedrich.
Et Købke ne souffrait ni du romantisme à la métaphore parfois trop soulignée de Friedrich, ni du classicisme ingresque un peu empesé d’Eckersberg.

Le Petit palais, clairvoyant, ne s’y trompe pas. Il a fait du détail d’une toile de Købke l’annonce de l’exposition sur son site internet (et peut-être la future affiche), et d’un des plus beaux paysages de Købke (et de l’histoire de la peinture - attendez de l’avoir devant les yeux avant de vous récrier), la première des trois illustrations de son diaporama sur la même page.

Et comme si tant de félicité attendue ne suffisait pas, le SMK, Statens museum for Kunst, musée national d’Art de Copenhague, capitale du pays dont on parle ici, vient d’ouvrir en ligne l'accès à l’ensemble de sa collection de peintures, gravures, dessins, sculptures et installations, et à quantité d’images de très haute qualité et libres de droits.
On y trouvera immanquablement des reproductions d’une partie des œuvres qui se préparent à voyager de Copenhague à Paris.

N’oubliez pas, dans vos recherches sur le site, en particulier parmi les noms d’artistes, que le æ, le ø et le å se trouvent à la fin de l’alphabet danois, après le z, et qu'il n'existe pas de peintre au nom de Kobke.

Mise à jour le 16.07.2020 : Vous aurez noté que l'exposition n'a pas eu lieu à cause d'un parasite planétaire. Néanmoins elle ne semble pas annulée, mais reportée du 22 septembre 2020 au 3 janvier 2021. Tout cela peut encore changer en fonction de l'actualité du virus.

Peter Ilsted, Femme préparant des chanterelles, 1892, détail (SMK Copenhague).
Jens Juel, Main au bord d'une table, c. 1790, détail (SMK Copenhague).
 

dimanche 23 mars 2014

Friedrich à Dresde

Friedrich, Caspar David (1774-1840), La grande Réserve près de Dresde.

Après des années d'attente, une reproduction acceptable du sublime tableau de Caspar David Friedrich, « La grande Réserve près de Dresde » est enfin apparue sur Internet. On peut la détailler sur le site Cultural Institute (anciennement Google Art Project).

Le tableau représente la réserve d'Ostra sur la rive sud de l'Elbe à l'ouest de Dresde, en Allemagne. Le site est aujourd'hui occupé par le parc des expositions de Dresde (Messe Dresden).
On peut encore se faire une idée du paysage de l'époque en se plaçant un peu à l'ouest de l'autre côté du fleuve, sur la rive nord et regardant la rive sud vers l'est où Friedrich s'est assis au soleil couchant et à probablement réalisé quelques esquisses préparatoires à la sépia ou à l'aquarelle en 1831 ou 1832.

Sa santé avait commencé à décliner. Le tableau sera un de ses derniers chefs-d’œuvre. Acheté en 1832 par ses amis de l'Association d'Art de Saxe, il est depuis 1909 au musée de Dresde, aujourd'hui sur un mur de la Galerie des nouveaux maitres de l'Albertinum, avec une quinzaine d'autres œuvres de Friedrich. Seuls les musées de Leipzig et de Berlin hébergent une collection de ses tableaux de cette importance.

samedi 29 juin 2013

Friedrich aux oubliettes


Lorsqu'une mode remplace la précédente, elle l'ensevelit sans distinguer le bon du mauvais. Puis périodiquement renaissent des gouts, des styles similaires, et si les ferveurs religieuses et les vagues de fureur intégriste n'ont pas tout détruit au passage, quelque spécialiste exhume un jour des œuvres perdues au fond d'un musée de province et reconstitue avec peine des bribes de la vie d'un artiste oublié.
Ainsi furent ressuscités Vermeer et Georges de La Tour au tournant du 20ème siècle, et quelques décennies plus tard, Caspar David Friedrich. Reconnu depuis comme un des plus sublimes paysagistes de la peinture occidentale, Friedrich reste méconnu et rare parce que tous ses tableaux sont exilés dans des musées lointains de Russie et de l'est de l'Allemagne.

Et si la presse avait fait son métier qui est d'informer, vous auriez certainement su que 18 chefs d’œuvre du peintre étaient regroupés durant trois mois au musée du Louvre dans l'exposition « De l'Allemagne 1800-1939, de Friedrich à Beckmann » qui vient de fermer. Jamais les Français n'avaient vu autant de tableaux de Friedrich réunis depuis la mémorable exposition de l'Orangerie sur la peinture allemande à l'époque du romantisme, fin 1976.
Mais la presse n'a pas daigné informer sur cette réunion exceptionnelle. Tous les articles sur l'exposition, nombreux, n'ont eu de mots que pour une polémique imbécile soulevée par la presse allemande à propos de l'histoire de l'art qui conduirait inévitablement au nazisme.

Il faut reconnaitre que le Louvre aura tout fait pour rater le rendez-vous. Le gros et couteux catalogue de l'exposition, par exemple, n'en est pas un. En principe, un catalogue contient au minimum une liste énumérative méthodique et commentée des œuvres exposées. Ici, rien de tout cela. Vous ne saurez (et encore, partiellement) ce qui était exposé que par des illustrations éparpillées.
Par ailleurs, hormis Friedrich, un paysage de Böcklin, quelques œuvres de Carus, d'Otto Dix et des portraits au crayon de Menzel, étaient accrochées là les peintures les plus laides que le 19ème siècle a produites. Von Marées, Von Stuck, Böcklin, Corinth, et les peintres nazaréens affectés et empesés, cautionnées par les divagations pseudo-scientifiques de Goethe sur les couleurs. Une ratatouille de romantisme et de symbolisme un peu trop cuits surnageant dans une sauce de légendes germaniques et de religiosité.

On comprend qu'au milieu de ce vacarme idéologique il était inattendu de découvrir ces paysages silencieux de Friedrich et leurs minuscules personnages qu'on ne voit que de dos, perdus dans des brumes glaciales, des ciels d'orage ou des aubes éblouissantes.

***
Reconstitution de la liste des tableaux de Friedrich exposés au Louvre du 28 mars au 24 juin 2013 :

Brume matinale en montagne 1808 (Rudolfstadt) - illustr. centre droite 
Paysage du Riesengebirge 1810 (Moscou M. Pouchkine) - ill. bas gauche
Riesengebirge au clair de lune 1810 (Weimar musée d'état)
Ville au clair de lune 1817 (Winterthur)
Neubrandenburg 1818 (Greifswald Landesmuseum)
La cathédrale 1818 (Schweinfurt)
Nuit au port (les sœurs) 1818 (Munich NeuePinakothek)
Femme devant le soleil couchant 1818 (Essen Folkwang)
À bord du voilier 1819 (St-Pétersbourg Ermitage)
Tombeau hunnique en automne 1820 (Dresde GNM)- illustr. bas droite
L'arbre aux corbeaux 1822 (Paris Louvre)
Paysage rocheux Elbsandsteingebirge 1823 (Vienne Belvédère)
Matin en montagne (170cm) 1823 (St-Pétersbourg Ermitage) - ill. haut droite
Le tombeau d'Ulrich von Hutten 1824 (Weimar musée d'état)
Le Watzmann 1824 (Berlin Alte Nationalgalerie) - illustr. haut gauche
Entrée de cimetière (inachevé) 1825 (Dresde Galerie Neue Meister)
Le temple de Junon à Agrigente 1828 (Berlin Alte Nationalgalerie)
L'étoile du soir 1830 (Francfort) - illustr. centre gauche

L'exposition de 1976 (voilà 37 ans), monumentale, était presque une rétrospective Friedrich. Il y était de loin le mieux représenté, avec 38 œuvres (sur 255), dont 27 toiles. Parmi elles, La Grande Réserve et Tumulus dans la neige du musée de Dresde, Lever de lune sur la mer de Berlin, Prairies près de Greifswald de Hambourg. Brume matinale, Paysage du Riesengebirge et 4 autres toiles de l'exposition de 2013 y étaient également.

samedi 10 février 2007

Ces œuvres n'existent pas

Friedrich C.D. - L'hiver, détruit en 1931
Le 6 juillet 1931, brûlaient à Munich, dans l'incendie du Glaspalast, 3000 tableaux, dont 110 romantiques allemands, dont 9 de Caspar David Friedrich. Au début de l'année 1945, sous les bombardements aériens, de nombreuses œuvres de la Nationalgalerie de Berlin étaient détruites, dont certains tableaux de Caspar David Friedrich.

Friedrich C.D. - Paysage d'automne, détruit en 1931
Il ne reste d'eux que des photographies en noir et blanc. On trouve sur Internet des essais de mise en couleurs qu'il est préférable d'oublier. Peut être existe-t-il encore quelque vieil amateur qui a vu ces tableaux et leurs couleurs. Mais on lit aussi sur Internet, à propos du "cimetière sous la neige", que l'absence de couleur n'est pas critique, s'agissant d'un paysage de neige.

Friedrich C.D. - Cimetière sous la neige, détruit en 1945
C'est juste. En art, c'est à présent le concept qui importe, l'œuvre peut être absente. D'ailleurs, les conditions d'exposition des tableaux sont souvent tellement pénibles (mauvais éclairage, foule...) qu'on les apprécie mieux en reproductions. Qui peut se vanter d'avoir réellement vu la Joconde. Entr'aperçue, derrière une épaisseur mouvante de touristes et les reflets de la lumière artificielle sur la vitre blindée, la mauvaise copie d'un débutant ferait l'affaire. La Joconde est une abstraction. Elle n'a plus besoin d'un support matériel. Les paysages de Friedrich non plus.