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lundi 8 juillet 2024

Histoire sans paroles (52)


L’affaire de la crue de la Seine
Fin janvier 1910, en quelques jours, Paris s’est crue Venise. La préfecture de police envoyait alors les inspecteurs de l’identité judiciaire. Ils inspectèrent, prirent des mesures, réfléchirent. Le citoyenmarchant sur l’eauattendait un responsable.
Un siècle plus tard, le suspect court encore et menace toujours. Mais pas d’inquiétude, la science a progressé, elle connait le coupable et le surveille. Et en cas de récidive, elle est préparée, elle a inventé un nouveau mot : la résilience des populations.
 
Ci-dessous, Porte de la Gare, Paris 13ème, le 31 janvier 1910.

vendredi 20 janvier 2023

Un peu de publicité déshonnête

Nœud de l’affaire de Gotha, la Zwickau Kombi AWZ-P70 bleue aperçue par un témoin sur les lieux du crime, près du château de Friedenstein, dans la nuit du 13 décembre 1979 (reconstitution).

La chaine Arte a diffusé, ou diffusera - qui de sensé regarde encore la télévision ? - une série intitulée "Art Crimes : tableaux volés", série de 6 "documentaires" sur des voleurs de tableaux, un des plus vieux métiers du monde. 5 des 6 films sont à présent visibles librement sur le site Arte.tv jusqu’au 29 juin 2023.

"Documentaire" est un terme impropre car les auteurs y déploient des astuces de réalisateur de cinéma à sensations, en imitant l’ambiance de films noirs comme "Ascenseur pour l’échafaud". On n’y parle pas d’art ni de peinture, mais de vols de tableaux, de leurs auteurs et de leurs justiciers.

Soigneusement mis en scène, les cambrioleurs (quand ils ont survécu à la prison) et les policiers qui les ont traqués (souvent retraités) content leurs mésaventures, sous une belle lumière de confessionnal, en phrases courtes, interrompues par de longues scènes de ville la nuit, nappées de musique pour ascenseur. On les fait parfois reconstituer évasivement une scène censée ressembler à ce qu’ils ont vécu, ou on le demande à leur famille, à des amis, des témoins, enfin à tout ce qui pourrait rappeler qu’on est toujours dans une histoire vraie, mais belle comme une fiction.  
Hélas dans la réalité les vrais voleurs et les vrais gendarmes n'ont rien de très passionnant à dire, "on s’est aperçu alors que l’échelle était trop courte", ou "Gégé avait oublié les clés du camion", ou "C'est juste, on l’a un peu secouée, mais elle a tout avoué". Et le tout sans suspense puisqu’on connait dès le début les coupables (ils sont devant la caméra) et leur motivation, qui n’est que l’argent. Résultat, si on ne s’est pas endormi, on s’ennuie fermement. Et longtemps, une heure et demi par épisode.
 
Un des 5 films fait exception, bien qu’affligé du même style, c’est l’épisode intitulé "Frans Hals: Gotha, 1979", le vol le plus ancien de la série. 
Le coupable (soupçonné) n’a jamais été accusé du vol, et on n’aura aucune certitude sur sa culpabilité ou ses motivations, puisqu’il est mort en 2016 et pour cette raison ne pouvait pas décemment paraitre devant la caméra. La reconstitution lente et fragmentaire de sa vie, par des témoignages, nous tient malgré tout en haleine, comme dans un roman de Joseph Conrad.
Et on se demandera longtemps comment cinq tableaux inestimables, notamment de Frans Hals ou Holbein l'ancien, dérobés dans un château d’Allemagne de l’est supposément par un conducteur de train, ont pu se retrouver accrochés plus de 30 ans dans le modeste salon d’une famille chrétienne et tranquille d’Allemagne de l’ouest, pour être finalement restitués et retrouver les mêmes murs, après avoir pendant presque 40 ans secrètement hanté la vie d’un homme dont on apprendra si peu de choses, mais qu’on ne pourra que plaindre, et peut-être admirer.

Si vous n’avez pas 90 minutes mais seulement 15 de disponibles, le journaliste Philipp Bovermann écrivait en octobre 2020 dans le Süddeutsche Zeitung de Munich un long article sur l’affaire de Gotha, traduit et partagé par Courrier international. Par ailleurs la Gazette Drouot racontait en avril 2022 l'historique de la collection du musée de Gotha. Certains détails de l'affaire y semblent moins romanesques que sur l'écran, mais pas nécessairement plus justes, le forgeron conducteur de train y devenant par exemple chauffeur routier.

Mise à jour le 7.03.2023 : Le 6ème film de la série est disponible depuis aujourd'hui sur le site Arte.tv. C'est l'histoire, ou plutôt l'absence d'histoire, du vol en 1969 de la Grande nativité de Caravage dans l'oratoire San Lorenzo de Palerme en Sicile. C'est le pire des films de la série. Il n'y a rien à en dire, aucun indice sérieux depuis 53 ans, alors les auteurs en ont fait une vague histoire de la mafia sicilienne. Délayage et ennui, on ne verra même pas une reproduction du tableau.

vendredi 21 mai 2021

Histoire sans paroles (40)


Paris, les berges de l’ile de la Cité, quai des orfèvres.
C’est un peu ici, disent des historiens, qu’est née la France, quand le colonisateur romain montra au Gaulois comment utiliser la chèvre tripode pour lui construire un temple dédié à Jupiter, dieu des dieux.
Au fil des siècles, le temple disparaitra quand s’installeront sur l'ile et dans le désordre chronologique, le Palais de justice, les principaux tribunaux du pays, dont celui de Commerce, la cathédrale Notre-Dame, la Sainte Chapelle pour servir d'écrin à l’une des 6 ou 7 couronnes d’épines certifiées que le crucifié aurait portées durant son calvaire, et la Préfecture de police, un temps au 36 quai des orfèvres.
Que manquait-il pour faire une nation ?
L’armée ? Inutile pour un petit bastion protégé naturellement. Ah, le pouvoir législatif peut-être ? En a-t-elle réellement besoin ? Elle s’en passe bien actuellement. Non, la France aurait pu s’arrêter là, aux frontières de l’ile de la Cité, ne pas franchir le fleuve et laisser tout le reste en paix.

 

samedi 1 mai 2021

Graff sous graffitis

Les artistes de notre temps côtoient journellement sans trembler les plus profonds gouffres de la pensée, dans lesquels les profanes, vous et moi, verserions au moindre faux pas.

C’est la mésaventure qui vient de surprendre un couple d’amateurs d’art ignorants, quand la police de Séoul (Corée du sud) l’interpela, après l’avoir identifié sur l’enregistrement des caméras de surveillance d’une galerie de peinture qui exposait des œuvres de graffeurs (*).
(*) Artistes révoltés auteurs d’un art de rue illégal et fugace, sous la forme de fresques murales (graffs), mais qui n’a plus rien d’éphémère depuis qu’il se fait en atelier, s’expose dans les galeries chics et se vend chez Sotheby’s ou Christie's.

Le couple ne nia pas l’acte de vandalisme reproché. La scène enregistrée était sans équivoque.

Reconstitution : devant un large tableau d’une quarantaine de mètres carrés couvert de superbes éclaboussures multicolores, à la façon du Jackson Pollock des années 1950, mais en plus guilleret, une silhouette s’empare d’un pinceau, parmi d’autres abandonnés au pied de la toile, le trempe dans un des pots de peinture ouverts proches, et en asperge timidement le centre du tableau de vert émeraude, puis recule pour évaluer et prendre une photo du résultat, tandis qu'une silhouette complice complète calmement le forfait, et repose innocemment le pinceau sur le sol. (voir illustration ci-dessous « Sans titre © JonOne (et Anonymes) », qui alterne l'œuvre avant et après le crime).


Pour justifier cet acte inqualifiable le couple déclara qu’il leur avait semblé évident que les ustensiles de peintre laissés sur place devant ce mur couvert de taches si gaies et fraiches étaient une invitation à participer à la création d'une œuvre d’art publique improvisée.  

Le débonnaire couple savait-il qu’une galerie en vue de la capitale n’expose pas de nos jours le pastiche d’une œuvre du siècle dernier sans une distanciation radicale, sans une audace intellectuelle qui la distinguera ? Et en l’occurrence l’inspiration était dans la présence du matériel de peintre de rue abandonné sur place, comme après un flagrant délit.  

La police, complaisante, relâcha le couple graffiteur jugeant le forfait involontaire et sans intention de nuire.

Décontenancé, JonOne, l’artiste étasunien offensé, qui a fait sa renommée en peignant sur des trains ou des murs de propriétés privées à Paris, et collabore aujourd’hui avec de grandes marques françaises, aurait déclaré à la presse « L’art devrait être religieux, vous ne peignez pas sur une église ».
Il se trouve surtout confronté à un dilemme.
Son œuvre, qu’il avait voulue un hommage à Pollock et que la presse généreuse en zéros estime à 400 000$, attire désormais une foule d’amateurs de selfies. Alors il hésite à faire nettoyer les taches tant qu’elles stimulent sa renommée, et s’oriente probablement - dit un responsable de l’exhibition - vers une remise en état (pour 9000$ couverts par l'assurance) à la fin de l’exposition, quand l’effervescence médiatique sera retombée et que les réseaux sociaux hostiles à la restauration seront passés à autre chose.  

Depuis l’évènement la galerie a installé autour du tableau et du matériel du peintre une clôture basse, dénaturant certes un peu le concept de l’artiste, mais matérialisant plus efficacement cette frontière fondamentale que tout le monde ne perçoit hélas pas immédiatement, et c’est le rôle pédagogique de l’art d’en faire prendre conscience, entre les idées et les choses.
 
Chroniques sur le même thème : Léonard et la tasse volante (15.08.2009), J'écris ton nom (28.02.2013), Améliorons les chefs-d'œuvre (08.11.2015), La déchéance de Gerhard Richter (18.05.2018)

mardi 26 janvier 2021

Découverte par hasard du vol ignoré d’une copie supposée d'un faux Léonard disparu

Quoi ? Qu’est-ce que vous ne comprenez pas dans ce titre ? 
Bon, reprenons en commençant par la fin.

1. « … d’un faux Léonard disparu. »

Le faux Léonard disparu, c'est ce tableau médiocre qui, entre 1958 et 2017, à force de restaurations et soutenu par de grands experts, est devenu un authentique Léonard de Vinci, acheté 450 millions de dollars par un petit Staline saoudien.
Du jour de sa vente en 2017, les experts se défilant l’un après l’autre, le chef-d'œuvre, qui aurait pu être exposé en tête de gondole à la grande foire au Léonard du Louvre en 2019, et devenir le joyau du Louvre Abu Dhabi, a en fait disparu. On le dit dans le yacht du despote milliardaire.

2. « … d’une copie supposée… »

Avant de devenir le plus cher du monde, le tableau disparu était considéré comme l’un des nombreux exemplaires d’un modèle pictural du Christ vu de face et faisant un signe de la main, venu de Byzance par la Flandre, et dont des spécimens tenant un globe de verre de l’autre main se sont multipliés à la fin du 15ème siècle en Italie.
Dès l'entrée dans le livre des records du tableau du paragraphe 1, les musées qui possédaient des copies d’après le même modèle modifièrent leur catalogue, en ajoutant « d’après un tableau de 450 millions de Léonard de Vinci », ce que fit le musée Doma de l’église San Domenico Maggiore, à Naples, qui en exposait un exemplaire attribué à Giacomo Alibrandi de Messine.  

3. « Découverte par hasard du vol ignoré… »


C’est l’épisode amusant de la blague, sa chute. Des carabiniers italiens qui perquisitionnaient dans l’appartement d’un suspect napolitain ont trouvé au fond d’une armoire, sans le chercher, l'exemplaire du paragraphe 2. Peut-être ont-ils cru un instant découvrir le disparu du paragraphe 1, très semblable, aussi inexpressif, mais ici la robe était rouge, et non bleue, et le sfumato, le fondu entre ombre et lumière, était moins réussi (ou moins restauré). Fermé depuis des mois de confinement, le musée Doma, qui se croyait encore détenteur de ce Christ du paragraphe 2, ne s’était pas aperçu de sa disparition sans effraction.
 
Voilà pour les éclaircissements. Il reste cependant un mystère. Comment une croute peut-elle se transformer en un Léonard de Vinci, puis se transmuer en or et ruisseler sur ses répliques au point de faire briller la cupidité dans les yeux de tous ceux qui les approchent ? 
C’est peut-être ce qu’on appelle le miracle de la foi. Il parait que c’est le même prodige qui maintient en équilibre le petit monde de la spéculation financière.
 
***
Illustration : le tableau recouvré, mis en scène par la police italienne. On admirera sa parfaite connaissance de l’iconographie chrétienne de la crucifixion, qui représente toujours le Christ entre les deux larrons.

jeudi 16 janvier 2020

2019, 2020, tout augmente

Il y a 500 ans déjà, dans les médias, l’avenir de l’humanité ne se présentait pas sous un jour très favorable. Ci-dessus le témoignage de Jérôme Bosch dans son jardin des délices (Madrid, musée du Prado).


Comme chaque année depuis 1989, le film de l’année 2019, celui qui mériterait d’emporter toutes les récompenses, les césars, les palmes d'or, c’est le zapping de l’année télévisuelle, minutieusement assemblé par Patrick Menais.
C’est sa 30ème édition (2016 manque, c’était l’année de son licenciement de Canal+).
Pour des raisons juridiques, le zapping s’appelle maintenant VU. « VU 2019, le VU de l’année » est diffusé sans frais jusqu’au 3 février 2020 sur le site France.tv. Les années précédentes de VU, 2017 et 2018, sont encore plus ou moins disponibles, ici et (prévoir 4h par année).

On y voit donc ce que la télévision française a montré d’un an de notre vie sur la planète. L’ingénieux Menais en a reclassé des centaines d’extraits à sa manière, et leur confrontation donne aux évènements une perspective singulière. Il en ressort une sorte de farce ironique, grinçante, noire.

Certains diront qu’ils n’y ont rien vu de nouveau, que le scénario et les idées fixes de Menais sont les mêmes depuis 30 ans, et qu’on y serine des sujets qui nous ont été chantés sur tous les tons à longueur d’année. Évidemment. Menais peint une fresque sur l’espèce humaine. Elle n’évolue pas, ou peu, à l’échelle d’une génération, mais il faut être juste, elle se surpasse d’année en année.
Et en 2019, certaines performances ont pulvérisé tous les records.

À commencer par un record dont tout le monde scientifique admet maintenant qu’il est un résultat des actions humaines, le record absolu de température en France, le 28 juin à 16h20.
45,9°C, presque 2 degrés de plus que le précédent record de 2003, couronnement d’une année riche en catastrophes climatiques, déluges, inondations et gigantesques incendies de forêt. Toutes choses si spectaculaires et hypnotiques qui font de l’actualité une superproduction hollywoodienne, avec une différence appréciable néanmoins, car dans les « films catastrophe » quelque héros désintéressé parvient toujours à sauver l’espèce humaine.
Sur ce point, l’inaction des gouvernements a atteint en 2019 des hauteurs inégalées.

Autre record presque absolu, les dividendes distribués aux spéculateurs actionnaires des grandes multinationales ont dépassé cette année ceux d’avant la crise financière de 2008, et la concentration de la richesse et donc du pouvoir s’en trouve renforcée et déshinibée, à l’image de cette dérisoire secrétaire d’État qui joue de sa position pour participer à des émissions populistes et populaires, et bénéficier de ce vedettariat pour promouvoir ses livres.

Et puis, prouesse sans précédent, la police n’avait jamais arraché impunément autant de mains ni crevé autant d’yeux de manifestants et de grévistes depuis longtemps, et c’est stupéfiant de voir sur ces vidéos trop furtives ce métier exercé avec un plaisir si manifeste à détruire anonymement ses congénères et avec la bénédiction des éditorialistes, des ministres et du président.

Finalement, une année plutôt réussie pour la télévision.
Que lui manque-t-il ? Le tir à balle réelle de la police sur des manifestants pacifiques, un accident nucléaire catastrophique qui contamine irrémédiablement tout une région dans le parfait silence des autorités ?
N’oublions pas qu'une attraction extraordinaire au cœur de Paris en avril, cette cathédrale qui s’effondrait sous les flammes, a diffusé sur la capitale, en même temps que les images d’un spectacle exceptionnel comme un don du ciel médiatique, environ 400 tonnes de plomb en fumée, soit 4 fois les émissions françaises d’une année en quelques heures seulement.

Alors ne soyons pas impatients, tout est prêt pour que le pire survienne.
Et il est bon d’en garder un peu en réserve pour que soit encore plus palpitant le zapping de 2020, et des années suivantes tant que la télévision fonctionnera.

samedi 24 mars 2018

Comment perdre la Joconde


60 inspecteurs sont sur ses traces, Bertillon en personne relevant les empreintes digitales, on questionne Picasso, on emprisonne Apollinaire, on promet des récompenses pharaoniques, le musée du Louvre ferme pendant une semaine et son directeur démissionne.
Deux ans plus tard l’emplacement de la Joconde est toujours vide. Personne ne l’aurait retrouvée sans le faux pas de son voleur, ouvrier italien, qui voulut la rendre à sa patrie, à qui elle revenait de droit, disait-il (ce qui lui valut en Italie une peine extrêmement clémente).

De 1911 à 1913, elle venait de passer 2 ans et 4 mois au fond d’une grande valise dans une petite chambre parisienne.
Puis vinrent les deux guerres mondiales. Elle voyagea pendant plus de 10 ans de Bordeaux à Toulouse, puis de Chambord à Amboise, Montauban, Saint-Jean-Lespinasse…
Enfin ce furent les voyages de prestige ordonnés par le pouvoir politique, 4 mois aux États-Unis en 1963, 4 mois en 1974 à Tokyo, puis Moscou.

Alors il est normal que l’actuelle ministre de la Culture de la France, pour qui c’est un peu Noël tous les jours depuis qu’elle occupe cette éminente fonction, ait eu envie, comme en leur temps Malraux ou Pompidou, de faire plaisir à ses amis et ainsi promis un peu partout de leur prêter la Joconde quelque temps.
Le nouveau directeur du Louvre, tout juste reconduit par la ministre même, a osé protester, prétextant une fissure du panneau de bois qui commencerait à entamer le visage de Mona Lisa par le haut du crâne. Soupçonnons qu’il craint surtout l’érosion des recettes du musée si sa principale et quasi unique attraction touristique lui est enlevée (un visiteur sur deux viendrait pour l’entrapercevoir).

La ministre pourtant récente n’en est pas à son premier caprice, elle a fait la même blague avec la Tapisserie de Bayeux, 70 mètres de broderie vieille de presque 1000 ans, et s’aliène régulièrement les professions culturelles par ses décisions arbitraires et incompétentes.

Toutefois, est-ce une idée si bête que de prêter la Joconde ?

Il y a bien longtemps qu’elle n’est plus un tableau qu’on contemple mais l’objet sacré d’un pèlerinage idolâtre, et comme les reliques des saints, elle pourrait être un faux médiocre sans que quiconque ne s’en inquiète (voyez cette photo effarante de son sanctuaire au Louvre).
Confusion des valeurs, consommation désespérée, elle est le fétiche d’une humanité hallucinée qui se précipite vers son effondrement.

Alors autant l’envoyer se promener… et éventuellement se perdre. Ce serait un premier pas.

samedi 7 octobre 2017

La vie des cimetières (78)


Cimetière américain de Suresnes, Mont Valérien

On sait l’opposition des pissefroids contre les amateurs qui photographient les œuvres dans les musées ou les monuments dans les rues. On ne reviendra pas sur leurs arguments élitaires, ou mercantiles, le sujet a été abondamment traité.
Mais sait-on que la photographie est également interdite dans la majorité des cimetières, et que le contexte juridique de cette prohibition est aussi confus que pour les musées ou les monuments publics ? Probablement pas. Qui lit le règlement d’un cimetière au moment de le visiter ?

On en trouve pourtant des milliers sur internet. Des milliers, car chaque mairie, aidée du conseil municipal, est responsable de sa rédaction. Il existe donc potentiellement en France entre 36 000 (nombre de communes) et 43 000 (nombre de cimetières) règlements spécifiques.
En réalité, étant donné que le règlement des cimetières doit respecter le Code général des collectivités territoriales, qui s’étale sur plusieurs milliers de pages alambiquées, les communes pompent joyeusement dans quelques modèles préexistants.

Or un jour, un rédacteur à l’esprit confus mais désireux de montrer à ses supérieurs qu’il connaissait le droit, a ajouté dans l’article sur la police des cimetières une interdiction de photographier les tombes, en mélangeant de vagues souvenirs du droit à l’image des personnes, du droit de la propriété et du droit d’auteur.
Et depuis, son modèle a été copié des centaines de fois, parfois avec des erreurs d’interprétation, reprises elles-mêmes par des centaines de copistes, donnant lieu à quelques variantes.

Ainsi, alors que la loi (le Code des collectivités) ne parle jamais d’interdiction de photographier les sépultures, l’inspiration arriérée d’une poignée de rédacteurs qui croyaient que photographier une tombe peut porter préjudice au mort et à sa famille, et constituer une atteinte au respect que l’on devrait aux morts, est devenue une ritournelle dans près des deux tiers des règlements de cimetière.

Dans un cimetière, on ne rigole pas tous les jours
(Cimetière américain du Mont Valérien)

Les variantes de l’interdiction :

À Cherbourg, l’art.5 interdit […] de chanter sauf les chants liturgiques, de prendre des photographies des sépultures […]

À Saint-Pryvé, l’art.76 interdit à peu près tout, […] de marcher ou de s’asseoir sur les pelouses entourant les tombes, les conversations bruyantes, les disputes, […] d’y jouer, boire, manger, fumer ; de photographier ou filmer à l’intérieur du cimetière sans une autorisation du maire et éventuellement des concessionnaires, s’il s’agit de reproduire l’aspect d’un monument.

À Caen, l’art.19 dit la même chose, mais autorise les photographies aux concessionnaires ou leurs ayants droit qui désirent faire reproduire l’aspect des monuments qu’ils possèdent.

À Rennes, l’art.2-3 interdit expressément […] de se livrer à des activités de loisirs ; de photographier ou filmer sans autorisation écrite délivrée par le maire ; de mendier ou d'effectuer des quêtes sauf autorisation expresse de l'autorité municipale ; de faire des offres de service aux visiteurs […]

À Brunoy l’art.5 interdit uniquement les films publicitaires ou commerciaux, comme Paris dans son art.7 qui soumet […] l’activité des photographes et cinéastes à autorisation lorsqu’elle s’exerce dans un cadre professionnel ou commercial.

À Saint-Brieuc on ratisse large, l’art.8 interdit […] de se livrer à des opérations photographiques, cinématographiques, sans une autorisation de l'administration et des concessionnaires.

À Ligny-le-Ribault, l’art.7 fait preuve d’une amusante originalité, il interdit […] de photographier ou filmer les monuments sans autorisation des ayants droits (mais pas de la mairie), d’inhumer des cadavres ou disperser des cendres d’animaux domestiques, d’éviter l’utilisation du téléphone portable dans l’enceinte du cimetière […] Oui, vous avez bien lu, il interdit d’éviter l’usage du téléphone. C’est dire le sérieux avec lequel tout cela est rédigé.

En résumé le motif profond semble bien être le respect dû au repos des morts. Il s’agit de ne pas les irriter, ni de les réveiller, afin de ne pas voir des hordes de zombies piétiner les pots de géranium et envahir nos charmantes municipalités.

Statue de chat sur une sépulture par Niki de Saint Phalle
(Cimetière du Montparnasse, Paris)

Précisons que l’article L2213-8 du Code attribue au maire la police des funérailles et le maintien de l'ordre et de la décence dans les cimetières, et que cela peut être interprété de manière très large. Ainsi, dans les règlements, fumer dans l’enceinte des cimetières est généralement considéré comme inconvenant.
Rappelons que les employés municipaux peuvent vous faire expulser poliment d’un cimetière (en faisant intervenir la police municipale) au prétexte que vous portez atteinte à la décence du lieu, mais personne n’a le droit de vous confisquer ni appareil photo, ni films, ni cartes mémoire dans ces conditions.

Notons enfin que depuis 10 ans, au long de 78 chroniques sur la vie des cimetières, Ce Glob est Plat a probablement profané des milliers de fois, sinon les cimetières visités et leurs sépultures, au moins des quantités de règlements municipaux, et se promet de persévérer.

samedi 13 août 2016

Un peu de réclame cocardière

Paris ne manque pas de lieux accueillants, comme ce quartier du quai d’Orsay et de l’Assemblée nationale, près des Invalides. Son architecture faite de lignes pures et austères pourrait certainement attirer le touriste. 
Or on lit partout qu’il boude la France, et on accuse le terrorisme. 
Pourtant, où pourrait-on se sentir plus en sécurité que dans ce quartier chargé d’histoire, farci de caméras de surveillance et sillonné par des bataillons de militaires et de policiers couverts d’armes ?

Une touche de couleur, tout devient tout de suite plus gai, et le touriste apparait. 

lundi 14 mars 2016

Sempiternelle actualité

On pourrait croire que l’actualité est un peu comme le secret ou le silence dans la blague du sphinx « Quand on parle de moi, je disparais. Qui suis-je ? »
Alors on en parle, histoire de s’en débarrasser un peu. Mais elle revient toujours.

En France, depuis quelques années, le code du travail, qui était pourtant une bien belle création de la civilisation pour protéger l'humain contre l'humain, fond comme les glaciers. Au rythme des réformes infligées les plus optimistes estiment qu'il restera à peine le contenu d'un verre d’eau d'ici la fin du mandat présidentiel.
Le code tiendra alors dans cette phrase lapidaire « démerde-toi. »

C’est pourquoi quelques dizaines de milliers d'humains ont utilisé cette semaine un droit acquis après des siècles d’humiliation et de luttes pour clamer leur désapprobation dans la rue et protester contre la perte d'autres droits qu'ils avaient également acquis dans les mêmes luttes.
Il aurait été plus efficace de la part du gouvernement de leur supprimer d'abord le droit d’exprimer leur opinion. Ce qui tend à démontrer que tout cela n’est pas vraiment réfléchi.


Pendant ce temps aux États-unis d’Amérique le célèbre Bureau fédéral de police judiciaire, soutenu par des éminences comme Bill Gates, Donald Trump ou le Président en personne, essaie de dissimuler ses échecs et son incompétence en accusant la marque Apple de protéger les terroristes.
En effet l’industriel affiche un refus déterminé de placer une porte dérobée dans le logiciel de son célèbre téléphone, ce qui permettrait à la police (et évidemment à n’importe quel malfaiteur) de voler à volonté les informations contenues dans tous les téléphones de la marque.

Le directeur du FBI a même déclaré « on vit dans un monde qu'on n’a jamais connu, aux graves conséquences pour la sécurité publique, un monde où il y a pour la première fois des endroits inaccessibles pour la police. »
Et comme on ne manque pas non plus en France de ces imbéciles frustrés dotés d’un peu de pouvoir qui rêvent d'un contrôle absolu sur la vie et la pensée des autres humains, quelques députés ont surenchéri en menaçant d’interdire la vente du téléphone en France si Apple refusait de coopérer avec les autorités.
Qu’espèrent-ils trouver dans ces téléphones, hormis des recettes de cuisine et des listes de courses ? Car tout le monde sait, depuis les révélations de Snowden, que les réseaux sont de véritables passoires, et les criminels vraiment malins ne leur confient plus leurs secrets et emploient aujourd’hui des méthodes éprouvées depuis des millénaires, le papier volatil, la parole, la mémoire.

Enfin, en Corée du sud, l'humain vient de battre, sans conteste, à l'aide d'une machine électronique qu'il a récemment conçue, le champion du monde d'un jeu qu'il avait également conçu, il y a 2500 ans, le jeu de Go. Les spécialistes sont enthousiastes car c’était le jeu le plus épineux à modéliser.
Et il était temps, car on commence à s'inquiéter des capacités de l’homme à vaincre la nature dans la partie qu'il joue depuis un siècle ou deux, et que certains appellent l'anthropocène, et d’autres le saccage systématique de la planète.
Mais comme il n’a pas créé les règles de ce jeu-là on comprend qu’il ne le maitrise pas bien. Il lui faudrait encore un ou deux millénaires de réflexion. Il y a peu de chances que la planète lui accorde ce délai.

Car pendant ce temps le cosmos, malgré le léger raté du 29 février, poursuit avec superbe son cours inexorable. Mercredi 9 mars, comme prévu par l’astronomie, le soleil a disparu jusqu’à 4 minutes au large de l’Indonésie. Pour honorer cette manifestation de leur créateur, et surtout louer sa ponctualité, nombre de croyants se sont enfermés dans les lieux de leur culte pendant l'éclipse pour prier un dieu qu'ils ont créé (ou recyclé) il y a 1400 ans.

On le voit, l'actualité nous fait croire à son emprise sur les siècles, mais elle n’est en fin de compte, comme le dirait Spinoza, que l’épuisement de tous les possibles dans le présent, qui est la seule réalité. Il faut s’en contenter.

vendredi 5 février 2016

Ne lisez pas cette chronique

Êtes-vous certains que la page que vous êtes en train de lire n'est pas de celles dont la simple lecture est depuis quelques jours passible de deux à cinq ans d'emprisonnement ?
Comment vous êtes-vous assurés qu’elle ne fait pas l’apologie du terrorisme ?
Savez-vous que la définition du terrorisme n’existe pas dans la loi et dépend seulement du bon plaisir d’un fonctionnaire, sans le contrôle d’aucun juge ?

Tout cela ne vous rappelle rien ?

Il est trop tard pour se poser ces questions car la loi Anti-terrorisme est aujourd'hui en cours d’adoption et vogue sans obstacle du Sénat vers l'Assemblée nationale. Elle mélange gaiement dans son article 10 (Art. 421-2-5-2 du code pénal) les actes de terrorisme et les images pornographiques de mineurs.
Car finalement tout peut être du terrorisme et la définition évoluera sans cesse. Aujourd’hui par exemple, grâce à l’état d’urgence, un brave écologiste qui souhaite s’exprimer en défilant dans la rue devient un dangereux extrémiste méritant l'assignation à résidence. C'est pourquoi personne ne vous dira si le site que vous visitez enfreint la loi ou non, il ne sera pas désactivé, ni bloqué, et vous ne le saurez qu’après avoir été pris sur le fait.

Car saviez-vous de surcroit que depuis la loi Renseignement adoptée le 24 juin 2015 un fonctionnaire rudimentaire peut surveiller discrètement et impunément vos communications (courriel, téléphone, textos), le contenu de votre « nuage » et votre navigation sur internet ?

Et comme l'état d'urgence actuel, qui autorise l’intervention non motivée des forces de l’ordre en pleine nuit à votre domicile, est en voie de devenir permanent (jusqu'à la chute de l'État islamique aurait déclaré le Premier pitre du gouvernement), un commando de brutes excessivement armées est peut-être déjà dans votre cage d’escalier sur le point d'exploser votre porte, alors qu’elle n'est pas fermée à clef et qu’il suffirait de tourner la poignée.

Tout cela ne vous rappelle rien ?

Allez, on plaisante, c'est de la fiction. Depuis que vous suivez les conseils de Ce Glob est Plat vos communications électroniques sont protégées par un réseau privé virtuel (VPN), vous êtes anonymes et vous ne laissez plus rien filtrer de vos faits et gestes.


Maison de la banlieue parisienne venant de faire l'objet d'une visite, courtoise car la porte d'entrée est intacte, dans le cadre des lois d'exception.

dimanche 5 décembre 2010

Arbeit Macht Frei

Le travail rend libre. Profonde devise inscrite en fer forgé à l'entrée des camps d'extermination nazis, et régulièrement citée depuis par les nantis (ceux que le travail des autres rend libres), notamment par l'actuel Roi de la France.

Depuis des siècles l'être humain fournit une vie de labeur au service de la Patrie et de la Famille, après quoi on lui accorde de se distraire un peu, ou de se reposer, le plus souvent horizontalement avec les asticots.
Lorsque l'être humain est ainsi autorisé à cesser de travailler, s'il tient encore à la verticale, on appelle cela « la retraite ». C'est dire le peu de valeur qu'on accorde à cet état intermédiaire. Il suffit de lire la liste désespérante des synonymes du mot retraite (refuge, solitude, asile, fuite, repli, trou, cachette...)
On raconte qu'il existerait des êtres humains pour qui le travail est un bonheur quotidien et non une pesante obligation. C'est certainement de la propagande, une légende imaginée pour faire tourner les usines, les commerces, le système... Les plus simples y croient.

Se rassembler à six, armés d'appareillages sophistiqués, masqués par un tunnel et un virage, et surprendre les excès de vitesse des voitures entrainées par une pente naturelle, malgré la ressemblance avec un loisir, constitue cependant un travail rémunéré.

C'est donc fait depuis le 9 novembre. Le clan de ceux qui ont été élus pour ne pas avoir le même régime de retraite que les autres, a voté, sous l'impulsion du clan de ceux qui n'auront jamais assez cotisé pour partir à la retraite à l'âge légal, une loi ajoutant deux années à cet âge légal, c'est à dire deux années de peine supplémentaire pour ceux qui auraient déjà suffisamment cotisé pour partir à l'âge légal précédent. Le clan de ceux qui en souffriront est descendu dans la rue, par millions, mais le clan de ceux qui les coordonnaient, qui n'auront pas eux-mêmes le quota de cotisations nécessaire pour partir à l'âge légal précédent, ne semblait pas vraiment motivé pour contre-argumenter.

Ainsi, avec les progrès de la civilisation, s'étendront les cimetières de ceux qui sont morts au travail, pendant que leurs élus, démocrates fervents et prospères, sur leur lit de mort naturelle, auront l'expression sereine et satisfaite de celui qui croit son travail accompli.

samedi 4 septembre 2010

La sclérose des plaques

Les adeptes de Pythagore, vieux routiers de la numérologie, n'en croyaient pas leurs yeux lorsqu'ils ont vu circuler, au printemps 2009, les premières plaques d'immatriculation françaises au nouveau format, copie exacte du système italien.
Car la nouvelle numérotation débutait à la lettre A. Et ce qui peut sembler logique pour le mortel de base ne l'est pas toujours pour un numérologue avisé (1). En effet, les plaques italiennes (semblables donc aux françaises) ayant déjà épuisé toutes les combinaisons jusqu'à la lettre C, il était évident qu'allaient donc circuler en Europe des voitures aux numéros identiques, alors qu'un des objectifs déclarés du nouveau système est de «répertorier les véhicules volés au niveau européen».
Mais nos numérologues pensaient - leur candeur est touchante - qu'un système qui se dit «européen» avait prévu une méthode pour distinguer les inévitables «homonymes» (2), puisqu'un autre objectif majeur du système est de «lutter contre la délinquance automobile en améliorant l'efficacité des contrôles des forces de l'ordre...»

Et bien les premières erreurs policières où des véhicules et leurs conducteurs, victimes de cette homonymie, ont été arrêtés par les forces de l'ordre, viennent démentir l'optimisme des numérologues. La preuve est faite : dans la base d'information de la délinquance européenne, les numéros de voitures volées italiennes et françaises sont identiques (3).

Afin d'aider les services de police, voici un petit truc simple pour différencier une immatriculation. Le nombre 000 n'ayant pas été jugé valide pour l'administration française, toute voiture dont le bloc central est 000 sera donc nécessairement italienne. Ou peut-être slovaque. En tous cas elle ne sera pas française, ce qui est déjà un grand pas vers l'identification d'un véhicule.


Alors un jour sur la route, si vous êtes arrêtés sans ménagement par un barrage de police sûr de son droit et surarmé, ne manifestez pas votre terreur, levez calmement les mains en l'air. Avec un peu de chance, il s'agira d'une petite erreur due à cette imprévoyance bien humaine dans la grande harmonisation européenne.

Cette amusante anecdote rappelle l'histoire fameuse de la sonde américaine «Mars Climate Orbiter» dont personne ne prévoyait qu'elle s'écraserait sur le sol martien avant même d'avoir commencé sa mission, en septembre 1999. L'enquête démontra que des éléments de navigation chargés du calcul des poussées, fournis par Loockeed, s'exprimaient en livres anglo-saxonnes, alors que la NASA, depuis longtemps convertie au système métrique international, espérait ces valeurs en newtons. C'est bête (4).
Mais c'est l'éternelle malédiction de la tour de Babel. L'humain, ce gros orgueilleux, croit pouvoir contrôler la circulation routière en Europe et comprendre la météorologie sur Mars. Or le Bon Dieu, qui est jaloux de tant de pouvoir, fait échouer ces projets grandioses en inventant de sournoises différences de langage entre les hommes.





À la nouvelle numérotation ont été joints de discrets aménagements du Code de la Route. En cas de vol de voiture notamment, des peines exemplaires seront appliquées (Photo : San Gimignano, musée de la torture et de la peine de mort).



***
1. Pour désamorcer toute critique qui prétendrait abusive la classification de cette chronique dans la catégorie «numérologie», au prétexte qu'une lettre n'est pas un chiffre, nous rappellerons qu'en numérologie les mots n'ont pas le sens trivial que leur attribue le langage courant, et qu'un alphabet n'est qu'un système de numération comme un autre où chaque lettre possède la valeur de sa position dans l'alphabet et dans le mot. Dans le cas de la numérologie minéralogique, l'alphabet, légèrement mutilé, comporte 23 lettres (les voyelles I, O et U étant administrativement exclues pour éviter certaines confusions ou plaisanteries, ainsi que l'association de deux S ou deux W).
2. Le code des lettres signifiant le pays, minuscules en blanc sur fond bleu, à gauche, est illisible pour les systèmes d'identification automatisés (radars).
3. On remarque, sur le site officiel SIV, une phrase ajoutée en fin de page, qui précise «La présence de tirets entre les blocs de chiffres et les blocs de lettres permettra de distinguer les plaques françaises des plaques italiennes». Signalons tout de même que les plaques italiennes affichent parfois des tirets, et que la Slovaquie a choisi le même système de numérotation avec, nuance délicate, un tiret (ou un logo) entre les deux premiers blocs. Tout ceci est bien complexe et un peu oiseux puisque ces petits caractères ne sont de toutes façons pas lus par les radars. (Informations vérifiables dans le foisonnant site de l'association Francoplaque)
4. Lisez l'histoire passionnante, voire touchante, qu'en fait Philippe Labrot sur son site consacré à la planète Mars, monumental, fascinant et si bien écrit.