Tableaux singuliers (5)
Tout amateur de Venise connait ces vastes vues limpides peintes avec une précision au millimètre et où fourmillent de minuscules personnages affairés et indifférents.
L’auteur en est le plus souvent Antonio Canal, dit Canaletto, initiateur et grand fournisseur de ces paysages dessinés à l’aide de la chambre obscure et peints avec un flegme d’entomologiste.
C’est la Venise du 18ème siècle, la Venise du déclin, quand la ville est devenue un décor de carnaval, et qu’il ne lui reste que d’exhiber son passé en attendant la proche invasion du tourisme de masse.
Pendant une vingtaine d’années, de 1723 à 1745 Canaletto est assisté de son père et, en 1735 de son neveu Bernardo Bellotto dit Canaletto le jeune. Le père meurt en 1744, et le neveu, très brillant, s’absente souvent à partir de 1743, et va peindre Rome, Florence, Turin où ses vues ne concurrencent pas celles de l’oncle.
Le principe, hérité de certains maitres hollandais comme Van der Heyden, est de peindre avec le plus de minutie possible un quartier de la ville que les clients reconnaitront et seront fiers de suspendre sur leurs murs. Et comme le client cherche en général la grandeur, la majesté, l’ostentation, on trouvera toujours dans ces tableaux des édifices illustres. Parfois le point de vue choisi les éloigne un peu au second plan. Si le premier plan est en travaux ou en ruines, l’intégrité du peintre veut qu’il le reproduise également avec exactitude.
L’auteur en est le plus souvent Antonio Canal, dit Canaletto, initiateur et grand fournisseur de ces paysages dessinés à l’aide de la chambre obscure et peints avec un flegme d’entomologiste.
C’est la Venise du 18ème siècle, la Venise du déclin, quand la ville est devenue un décor de carnaval, et qu’il ne lui reste que d’exhiber son passé en attendant la proche invasion du tourisme de masse.
Pendant une vingtaine d’années, de 1723 à 1745 Canaletto est assisté de son père et, en 1735 de son neveu Bernardo Bellotto dit Canaletto le jeune. Le père meurt en 1744, et le neveu, très brillant, s’absente souvent à partir de 1743, et va peindre Rome, Florence, Turin où ses vues ne concurrencent pas celles de l’oncle.
Le principe, hérité de certains maitres hollandais comme Van der Heyden, est de peindre avec le plus de minutie possible un quartier de la ville que les clients reconnaitront et seront fiers de suspendre sur leurs murs. Et comme le client cherche en général la grandeur, la majesté, l’ostentation, on trouvera toujours dans ces tableaux des édifices illustres. Parfois le point de vue choisi les éloigne un peu au second plan. Si le premier plan est en travaux ou en ruines, l’intégrité du peintre veut qu’il le reproduise également avec exactitude.
Ainsi dans les œuvres de l’oncle comme du neveu, vues réelles ou imaginaires, les paysages ordinaires sans un monument mémorable sont rarissimes. C’est pourquoi ce tableau du musée de Bristol où on les remarque à peine est si singulier. Il représente un endroit désolé et banal de la lagune, non loin de la vieille tour en ruines de Malghera au centre (détruite au 19ème siècle). À l'horizon une vague silhouette rappelle un peu l’église de la Salute.
Les experts attribuent le dessin du British Museum à l’oncle, ce serait l’original, mais la question est discutée. Un dessin similaire de la main du neveu est conservé à Darmstadt.
La peinture est sans trop de contestation (depuis quelques décennies seulement) attribuée au neveu, sur des critères de style dans certains détails.
Cette scène triviale et sans grand attrait (ce qui fait son charme un peu surréel aujourd’hui) ne risquait certainement pas de menacer les affaires de l’oncle, qui commençait alors à connaitre une certaine désaffection de la clientèle.
Canaletto s'en ira pour Londres en 1746, et représentera pendant 10 ans la Tamise et les monuments anglais, pour revenir mourir à Venise.
Bellotto pendant ce temps rencontrera lui aussi un succès considérable dans les cours de Dresde, Vienne, Munich, et enfin de Varsovie où il mourra, 12 ans après son oncle.
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