Razzia sur l'université
Winslow Homer, La cloche du matin (ou le vieux moulin), 1871, 97cm (Yale University Art Gallery, New Haven). Méconnu mais l’un des plus beaux Homer, avec ceux d’Orsay et de Philadelphie.
Aux États-Unis, la nouvelle administration fédérale déploie avec zèle depuis quelques semaines la politique prescrite par le boss, l’épuration du pays dans le but de préserver l’homme américain, blanc, croyant et riche. Elle utilise pour cela des méthodes de restriction et de contrôle des droits bien connues et éprouvées.
Et comme elle imagine, à raison, que la science s’oppose à ses conceptions du monde, elle a nettoyé l’enseignement public de quelques dizaines de milliers d’impuretés, sans négociations.
Du côté de l’enseignement privé, les puissantes universités comme Harvard, Yale, ou Princeton profitent depuis longtemps de subventions publiques et avantages fiscaux, qui représentent 20% à 30% de leur budget annuel. C’est une faiblesse, et un levier persuasif que manipule aujourd'hui l’administration fédérale pour chercher à contrôler la pureté des étudiants, la soumission des enseignants, l’intégrité des programmes et la gestion des établissements.

Heade (Martin johnson), Newburyport Marsh Haystacks, c.1871-75, 61cm (Princeton University Art Museum). Heade aurait peint plus d’une centaine de ces paysages des marais salants et des meules de Newburyport entre 1865 et 1875 (Monet ne découvrait ses premières meules qu’en 1888). Tous les musées de l’est américain en exposent. L’université de Yale en possède également plusieurs.
Aux dernières nouvelles, devant l’ultimatum, Princeton plie, Harvard grimace et Yale prend le maquis, mais cela peut changer du jour au lendemain.
Ces universités ont un budget et un capital supérieurs à ceux de petits pays, elles sont propriétaires des plus importantes bibliothèques au monde et de riches collections d’art qu’elles exposent dans leurs musées et sur leurs sites, où on découvre des chefs-d’œuvre, parfois correctement reproduits.
Il serait sage d’y faire une petite récolte d'images avant qu'elles ne choisissent de se séparer des plus monnayables d'entre eux aux enchères, pour combler quelque déficit inopportun, et semble-t-il inévitable vu les méthodes crapuleuses de la négociation fédérale.

Misrach Richard, Pompes à essence submergées, Salton sea, 1983, Desert Cantos portfolio, photographie (Chromogenic print 58.5 cm) Harvard University Art Galleries, Cambridge.
2 commentaires :
C’est encore moi, désolé…
Les tableaux sont superbes. Tant mieux pour les étudiants qui profitent ainsi d’un patrimoine qu’ils ne pourront sans doute jamais estimer.
Carpe diem…
Cela étant, à ce que j’en sais, les subventions allouées à Harvard, Yale, ou Princeton ont été certainement votées par des poltichiens-zélus dans les « États » de ces universités et eux-mêmes issus de Harvard, Yale, ou Princeton ou autres US, sans que les clowns trompés, bouchés, à bidet ou au bas masqués fédéraux (eux-mêmes issus de Harvard, Yale, ou Princeton ou autres ?) n’y puissent mais (ou plus ?).
Mais bon, je ne suis pas étasunien non plus, hein !
Vae victis, comme disait Aloïs Chaipuki.
Bien à vous.
1. Ne vous excusez pas, un peu de conversation entre gens bien élevés est toujours bienvenue.
2. Sur la superbeté des tableaux, j'ai déjà recueilli une petite série des plus beaux (ou singuliers, parce qu'ils ont aussi des rogatons bien tartinés) de ces 3 universités (il me reste à compulser la très riche collection de photos de Harvard) et j'en ferai un de ces jours un joli florilège.
3. Hélas les subventions sont essentiellement des participations à des programmes de recherche qui sont réalisés dans les universités, et l'état fédéral peut décider seul sous les prétextes les plus bidons d'interrompre sa participation, comme il le fait actuellement sur toutes les recherches ou financements liés au climat, aux populations défavorisées, et aux organismes internationaux.
Quant aux nombreuses exemptions fiscales, il suffit à l'état fédéral de changer la loi, il est assuré d'avoir la majorité au congrès.
Je ne suis pas non plus spécialiste mais quand on lit la grosse panique actuelle des grandes universités on sent qu'ils envisagent d'être bientôt obligés de faire évoluer leur modèle économique. Il faut dire qu'il y a aussi de leur côté des indélicatesses avérées, des subventions qui ne vont pas dans la recherche mais dans des placements boursiers, des abus dans les programmes de "discrimination positive" en matière d'inscription et bourses aux étudiants (à ce sujet la Cour suprême à interdit il y a peu la discrimination positive et les abus inverses sont revenus à grand pas).
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