mardi 24 avril 2007

Simplifions Dante Alighieri

On ne lit plus beaucoup «La divine comédie» de Dante Alighieri. Non que les croyances en ses niaiseries sentencieuses aient de nos jours disparu, mais parce que le style en est ampoulé, et la pensée souvent laborieuse, comme dans ces textes antiques qui seraient à peine compréhensibles sans leur appareil de notes minuscules en bas de page, ou pire, en fin de volume. La Divine Comédie, écrite dans les années 1310, est le récit d'un cheminement tortueux du plus profond des souterrains de l'enfer vers le plus haut étage du paradis. L'auteur s'y fait guider par le poète romain Virgile, mort 13 siècles auparavant, et y croise nombre de personnages mythologiques comme Lucifer, Ulysse, la Sainte Vierge... Le spectacle des souffrances (surtout) et des félicités raconté dans cette épopée a inspiré beaucoup d'illustrateurs qui ont pu ainsi impunément exprimer leurs penchants pervers ou bêtifiants, et faire survivre l'œuvre au fil des siècles.

 
Gustave Doré - Illustration de l'Enfer (X. 40-42) gravée par Pisan
Mais cela ne suffit plus. Pour relancer l'intérêt de la clientèle, un vrai rajeunissement simplificateur est devenu nécessaire, à l'instar du récit wagnérien bêtifiant et alambiqué de Tolkien, «Le seigneur des anneaux», qui a été revigoré par la saga cinématographique ennuyeuse, mais populaire, de Peter Jackson. Un premier pas dans ce sens vient d'être fait par la ville de Paris, à la ré-ouverture du musée du petit palais. Au sous-sol, une statue romantique de Dante Alighieri est mise en scène sous une lumière inquiétante, comme dans les cercles de l'enfer. On notera les différents accés aux enfers actualisés par l'architecte, notamment les petits personnages lumineux verts, fléchés, qui indiquent clairement le chemin vers le purgatoire et le paradis, concession ingénieuse à la modernité. Là où Dante en avait bavé pour retrouver son chemin vers "le soleil et les autres étoiles", ce qui fait la matière essentielle de son ouvrage, le visiteur moderne en vivra l'expérience en toute sécurité, guidé vers la lumière par la signalétique prévenante des services municipaux.

2 commentaires :

Jul a dit…
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Jul a dit…

C'est tout ? C'était un bon début mais vous auriez pu mener votre pensée plus loin et simplifier vraiment Dante Alighieri, comme vous l'anonciez en titre. Dommage, on reste sur sa faim.