Buzogabuzozozogaga ans !
On le sait maintenant, les déchets nucléaires les plus mortifères le restent pendant des dizaines, des centaines, voire des milliers de milliers d'années.
La Finlande engluée dans la question aujourd'hui insoluble de bazarder ceux qu'elle produit s'est lancée depuis une quarantaine d'années dans un projet insensé sur la presqu'ile d'Olkiluoto qui accueille déjà un complexe nucléaire.
Elle creuse dans la roche une immense galerie poubelle qui serait terminée en 2020, et où seraient entreposés à 500 mètres de profondeur tous les déchets finlandais passés et à venir, pendant un siècle. Puis vers 2100 le couvercle serait scellé « définitivement » de telle sorte que personne ne puisse s'en approcher durant les 100 000 ans qui suivront.
Évidemment c'est une blague ! Pas le projet, qui bénéficie du concours des instances finlandaises les plus officielles, mais les ambitions annoncées.
Les constructeurs sont interrogés dans un reportage récemment diffusé à la télévision (1), au nom pompeux « Into Eternity » (dans l'éternité) et au style ampoulé et prétentieux (musique dramatique, ralentis, personnages fantomatiques, ton grandiloquent). Pas de regard critique, tout y est dramatisé à la gloire de cette opération pourtant dérisoire, digne du professeur Shadoko, et qui aurait demandé plutôt légèreté et ironie.
Car c'est réellement cocasse de voir ces fonctionnaires ordinaires se poser des questions vertigineuses évidemment sans réponse sur des évènements qui surviendraient dans les millénaires à venir, se demander dans quelle langue informer les futures générations de ne jamais creuser dans le coin ou par quel moyen leur faire oublier l'existence de ce tombeau afin d'empêcher les razzias quand le cuivre et l'uranium seront épuisés sur terre.
On réalise que l'ambition du projet dépasse les misérables capacités de l'espèce humaine. Jusqu'à présent toutes les tentatives d'enterrement ambitieuses de ce genre se sont perdues dans des atermoiements irrésolus ou soldées par des monstruosités écologiques, comme le scandale de la mine d'Asse.
Le cinéaste, quant à lui, a déjà les réponses. C'est son film qui traversera les millénaires et informera les habitants de l'avenir. Convaincu de la pérennité de son œuvre, il la sous-titre « Un film pour le futur » et signe sur l'écran. Il aura eu le mérite de nous faire ricaner d'un sujet pathétique. N'est pas Stanley Kubrick ou Werner Herzog qui veut.
Au milieu du film, un directeur de recherche déclare en riant « un bruit court dans les équipes. En creusant on va trouver un sarcophage de cuivre un peu comme ceux que nous allons déposer mais dont on ne comprendra pas les raisons... »
L'espèce humaine a créé une chose monstrueuse dont elle ne se débarrassera peut-être jamais.
***
(1) Disponible un peu partout en DVD, en VOD et en P2P.
La Finlande engluée dans la question aujourd'hui insoluble de bazarder ceux qu'elle produit s'est lancée depuis une quarantaine d'années dans un projet insensé sur la presqu'ile d'Olkiluoto qui accueille déjà un complexe nucléaire.
Elle creuse dans la roche une immense galerie poubelle qui serait terminée en 2020, et où seraient entreposés à 500 mètres de profondeur tous les déchets finlandais passés et à venir, pendant un siècle. Puis vers 2100 le couvercle serait scellé « définitivement » de telle sorte que personne ne puisse s'en approcher durant les 100 000 ans qui suivront.
Évidemment c'est une blague ! Pas le projet, qui bénéficie du concours des instances finlandaises les plus officielles, mais les ambitions annoncées.
Les constructeurs sont interrogés dans un reportage récemment diffusé à la télévision (1), au nom pompeux « Into Eternity » (dans l'éternité) et au style ampoulé et prétentieux (musique dramatique, ralentis, personnages fantomatiques, ton grandiloquent). Pas de regard critique, tout y est dramatisé à la gloire de cette opération pourtant dérisoire, digne du professeur Shadoko, et qui aurait demandé plutôt légèreté et ironie.
Car c'est réellement cocasse de voir ces fonctionnaires ordinaires se poser des questions vertigineuses évidemment sans réponse sur des évènements qui surviendraient dans les millénaires à venir, se demander dans quelle langue informer les futures générations de ne jamais creuser dans le coin ou par quel moyen leur faire oublier l'existence de ce tombeau afin d'empêcher les razzias quand le cuivre et l'uranium seront épuisés sur terre.
On réalise que l'ambition du projet dépasse les misérables capacités de l'espèce humaine. Jusqu'à présent toutes les tentatives d'enterrement ambitieuses de ce genre se sont perdues dans des atermoiements irrésolus ou soldées par des monstruosités écologiques, comme le scandale de la mine d'Asse.
Le cinéaste, quant à lui, a déjà les réponses. C'est son film qui traversera les millénaires et informera les habitants de l'avenir. Convaincu de la pérennité de son œuvre, il la sous-titre « Un film pour le futur » et signe sur l'écran. Il aura eu le mérite de nous faire ricaner d'un sujet pathétique. N'est pas Stanley Kubrick ou Werner Herzog qui veut.
Au milieu du film, un directeur de recherche déclare en riant « un bruit court dans les équipes. En creusant on va trouver un sarcophage de cuivre un peu comme ceux que nous allons déposer mais dont on ne comprendra pas les raisons... »
L'espèce humaine a créé une chose monstrueuse dont elle ne se débarrassera peut-être jamais.
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(1) Disponible un peu partout en DVD, en VOD et en P2P.
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