mercredi 10 juin 2015

Sale temps sur Moulinsart ?

Le château de Cheverny, amputé des deux bras par Hergé en 1944, retouché en 2005 par Christophe Finot, et en 2015 par Photoshop.

Depuis plus de 20 ans, le nouveau mari de la veuve d’Hergé règne en maitre sur l’héritage, au nom de la société Moulinsart. La moindre association de fans qui souhaite utiliser sans but commercial quelques vignettes d’albums de Tintin doit engraisser le despote sous peine de poursuite judiciaire.

Or une bande de 680 passionnés, « Hergé Genootschap » (l’Association Hergé), a toujours refusé d’honorer cette taxation. Attaquée en justice par Moulinsart l’association a déniché pour sa défense un contrat du 9 avril 1942 où Hergé cède l’ensemble des droits de publication de ses albums dessinés à la société d'édition Casterman, et ce en toutes langues.

La justice néerlandaise vient par conséquent de rejeter la demande de Moulinsart concluant qu’elle n’aurait aucun droit sur la publication des textes et images extraits des aventures de Tintin dans l’exercice du droit de citation.
Ainsi depuis 32 ans, les héritiers d’Hergé auraient usurpé des droits patrimoniaux, illégalement interdit des publications et indument encaissé des bénéfices à la place de la société Casterman.
Mais il semble évident que tous le savaient, et que Casterman qui vit déjà grassement d’Hergé a volontiers abandonné aux héritiers la tâche ingrate des poursuites judiciaires et les gains mineurs en regard de la manne qu’est la publication mondiale des albums de Tintin.

Alors, amateurs du petit personnage insipide, ne vous réjouissez que très modérément, car si la chose se confirme il y a gros à parier que Casterman poursuivra la politique agressive de Moulinsart.

Et si la décision de la justice néerlandaise (semblable à certaines en France) procure une petite satisfaction théorique, il faudra toujours attendre l’an 2054 que l’œuvre d’Hergé revienne au domaine public. Et probablement plus encore, car d'ici là les bénéficiaires des droits d'auteur auront tout le temps d'obtenir de l'incorruptible législateur, comme dans un passé récent, une prolongation de la durée de protection de leur rente.
   

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