Départ volontaire de 1169 fonctionnaires
Émile Boussu, la cathédrale de Reims bombardée et incendiée, probablement le 19 septembre 1914 (détail, Rennes musée des beaux-arts).
La première vague des départs volontaires souhaités par le monarque de la France pour 120 000 fonctionnaires vient de démarrer.
Pour ceux qui ne le savent pas encore, car les médias ont été discrets sur le sujet, la cathédrale de Paris vient de bruler, toit, flèche et charpente, emportant une partie de la structure de pierre, qui devrait s’effondrer à l’occasion des prochaines tempêtes.
Immédiatement, sans réfléchir, notre monarque prouvait qu’il était avant tout un homme d’action. Comme il est urgent de rafistoler la cathédrale (14 millions de clients par an), et avant les jeux de 2024 à Paris qui doivent rapporter « un pognon de dingue » aux multinationales et au Comité olympique, il décidait sans délai de créer un établissement public dédié à la formation des métiers du patrimoine et à la « reconstruction » de l'édifice. C’est bête, il aurait pu demander à son administration, où toutes les compétences et les structures existent déjà. Mais ça n’est pas si grave, car les donations atteignent 1 000 000 000 d’euros, c’est deux fois plus que le nécessaire affirment les spécialistes (et puis 75% seront exceptionnellement déductibles des impôts, et imposés aux anonymes qui ne souhaitent pas donner).
Ensuite il nommait un vieux général catholique à 5 étoiles et à la retraite, pour diriger ce grand projet.
Enfin il proposait une loi d’exception (comme contre le terrorisme) autorisant le vieillard à diriger le chantier par ordonnances, c’est à dire à décider, sans l’autorisation des assemblées, de passer outre les règles des marchés publics, les lois de protection du patrimoine et les conventions internationales.
On sent l’urgence de la chose, et en bon guerrier, il devrait tout raser pour reconstruire sur des bases saines. (le lecteur sur le point d’éteindre, pensant que cette chronique divague et mélange l’actualité aux délires despotiques du Père Ubu de Jarry, devrait pourtant lire les liens fournis dans le texte).
Bref, comme il arrive parfois qu’au-delà d’un certain degré la servitude devienne involontaire, une vague de rébellion émerge aujourd’hui au sein des administrations et des métiers du patrimoine, où circule une pétition déloyale.
Et à l’occasion de son édition du 29 avril, le journal Le Figaro livre sur son site pour abonnés la liste des 1169 contestataires, avec leur pédigrée (ils ne sont pas tous fonctionnaires, mais on simplifie pour la clarté de l’exposé).
Il est vrai que si personne ne compte les employer sur ce grand chantier parisien des prochaines années (ou décennies), le souverain de la nation pourrait en profiter pour honorer ses promesses électorales et réduire à 118 831 le nombre de fonctionnaires à remercier. D’autant que la liste abonde en gros salaires, 86 directeurs, 49 directrices, 277 conservateurs et 103 conservatrices (dont 22 du musée du Louvre).
Et tout ça pour le prix d’un abonnement au Figaro en ligne.
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