La raiforme de l'ortografe
Manet a peint un piquenique empreint d'ambigüité, Monet des amoncèlements de nénufars, Gauguin les iles, et Van Gogh des potpourris d'ognons bien murs, de cèleris et de giroles. Bosch a peint un charriot de foin, Vermeer une dentelière, Harnett un révolver pas complètement règlementaire, Samuel Van Hoogstraten des enfilades de pièces dont chacune doit sans doute recéler pêlemêle un porteclé, un tirebouchon, une serpillère, un faitout voire un curedent. Goya a certainement imaginé une chauvesouris et un millepatte dansant une valse douçâtre devant un parterre de cent-dix-sept sconses, sous les notes suraigües de quelques jazzmans atteints d'exéma, ou d'autres scénarios aussi infernaux où l'abime côtoie la voute étoilée. Ces peintres ont libéré leurs fantasmes, leurs tocades, les ont laissé faire et ont ainsi créé cette pagaille d'artéfacts qui hante désormais notre imaginaire.
Arrêtons-là cette énumération de quincailler et dont vous soupçonnez surement l'apriori : c'était une espèce de gageüre, enchainer un grand nombre d'embuches du français en respectant les prescriptions de la «rectification» de l'orthographe de 1990.
Si, pris d'un doute abyssal, vous avez demandé au hautparleur de votre ordinateur de sonner chaque faute d'orthographe de ce mémento (dont on conçoit que la sècheresse ne vous plait guère), il est probable qu'il n'aura pas cessé de sonner indument. C'est que vous ne l'avez pas autorisé à tenir compte de cette évolution de l'orthographe. Certains correcteurs le permettent.
Depuis bientôt vingt ans ces rectifications ont peu subi le véto des médias ou la piqure des boutentrains des chaines de télévision, et si elles n'ont pas atteint les maximums de protestation ou de haine qu'on aurait pu prévoir, c'est parce qu'elles sont des recommandations, certes appuyées, mais autorisant l'alternative. Et si la dictée de votre enfant est sanctionnée pour avoir employé l'une des deux orthographes admises, vous pouvez être surs de votre droit et assoir votre protestation sur un texte officiel dument estampillé.
Sauf erreur cette chronique contient allègrement 60 mots dont l'orthographe a été modifiée en 1990. Regrettons de ne pas avoir pu y placer «diésel, ponch, placébo ou relai».
Vous trouverez derrière l'icône ci-contre le corrigé de l'exercice. Après cela les plus inconscients s'aventureront sous ce lien et y dénicheront plus de 1300 mots rectifiés supplémentaires, parait-il.
2 commentaires :
un petit exemple en chanson (mais sans la musique...)
http://fr.lyrics.wikia.com/wiki/Pierre_Perret/La_réforme_de_l'orthographe
Excellent.
Merci.
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