On apprend avec émotion, sur les autobus parisiens, qu'il y aurait plusieurs impressionnismes, au point qu'il est devenu urgent de leur ouvrir un musée, à Giverny (*).
Certes, la manière impressionniste est très populaire. Parce qu'elle représente la réalité comme un éternel printemps, qui serait vu par un
astigmate. Elle enchante les femmes par son univers constamment fleuri et vivement coloré, et rassure les hommes parce qu'il est peuplé de femmes en robes flottantes humblement occupées, dans l'ombre, à des tâches quotidiennes. Et quand elle peint les réalités plus brutales de la ville, elle les noie dans des scintillements de lumière ou des brumes et des fumées qui les voilent avec délicatesse.
C'est un peu le monde merveilleux de
Walt Disney.
Alors imaginez plusieurs impressionnismes... Chacun pourrait choisir l'impressionnisme qui lui convient, comme on choisit la couleur d'un papier peint : un impressionnisme à fleurs jaunes pour l'été, un impressionnisme parme à l'automne, vert pomme pour le printemps.
En haut, 4 vues (parmi 28) de la cathédrale de Rouen peintes par Monet autour de 1890. En bas 4 vues (parmi des centaines photographiées par vous et moi et partagées sur Panoramio) du Château de Cendrillon, à Disney World en Floride. Impressionnisme chez Monet, «impressionnantisme» chez Disney, la différence saute aux yeux. Le musée ouvrira le 15 mai sur un coup d'éclat, une exposition «
Le jardin de Monet à Giverny» (hélas pauvre en tableaux, à peine une vingtaine), suivi d'une rétrospective
Joan Mitchell, peintre américaine rangée sous l'étiquette «
expressionnisme abstrait» et qui a peu à voir avec l'impressionnisme sinon qu'elle a longtemps vécu à Vétheuil dans la maison que Monet avait habitée.
Mais après tout, Monet fut un des précurseurs, derrière Turner, de l'abstraction en peinture. Et puis, tout le monde aura sa place au musée des mots en «
-isme».
***