dimanche 24 octobre 2010

Théophile Schuler, peintre mortel

Théophile Schuler était un illustrateur et peintre strasbourgeois au tempérament romantique et au talent médiocre. Il a surtout illustré les livres du célèbre éditeur P.J. Hetzel, à l'époque de la gloire écrasante de son compatriote Gustave Doré. On trouve dans sa production picturale des thèmes exaltants, comme ces « Chevaux en liberté surpris par des chevaux-vapeur », ou l'immense « Char de la mort », lugubre Totenwagen, offert en 1862 au musée de Colmar qui l'expose avec fierté (voir les 3 illustrations de cette chronique).
C'est le thème conventionnel et rabâché de la danse macabre, la procession funèbre censée nous faire accepter cette idée hypocrite et illusoire, l'égalité de tous dans la mort.
Le peintre s'est enterré lui-même, au premier plan, au centre de la toile.


Mais les tableaux aussi sont mortels. Au dessus des chevaux, dans l'ombre bleu nuit du crépuscule, on voit se propager comme une gangrène. C'est le bitume qui composait certaines couleurs en tube de l'époque. Gorgé d'hydrocarbures, il ne sèche jamais et continue, 160 ans après, à ronger et décomposer la couche de peinture.

1 commentaire :

Anonyme a dit…

C'est du pétrole de Pechelbronn ! Théophile passait ses vacances d'été chez son frère pasteur à Preuschdorf, qui était le pasteur des Le Bel, propriétaires des mines de pétrole du Pechelbronn. Il était l'artiste préféré de la famille. Joseph Achille Le Bel, dernier du nom, a légué 4 dessins de bohémiennes de Théophile aux musées de Strasbourg et de Colmar; Les ont-ils toujours ?