Score : neuf à deux
Autour du Grand Palais à Paris, dans les parterres et sur les bancs, des employés municipaux vêtus de combinaisons vertes ramassent les restes congelés des touristes qui avaient espéré visiter l'exposition consacrée à Claude Monet.
900 000 visiteurs, se vante l'administration du musée. Un véritable triomphe. On ne dit pas le nombre de ceux qui n'ont pas résisté aux cinq heures d'attente dans les courants d'air hivernal, sans abri sous la pluie glacée (les abonnés à l'autobus parisien ont droit à plus d'égards). Plus de 900 000 visiteurs. Tout a été fait vers cet objectif : pas de jour de repos, horaires étendus, nuits complètes, contrôles sécuritaires allégés... Deux semaines supplémentaires, et on atteignait le million symbolique, pas si loin de l'intouchable Toutankhamon de 1967, au Petit Palais.
Au même instant, à 1317 mètres de là, les employés du musée d'Orsay décollent les derniers chewing-gums séchés sur les cadres des tableaux et les fesses des sculptures de Jean-Léon Gérôme, avant de les remballer. Car Orsay vient de dédier une importante rétrospective, la première en France, à cet ennemi héréditaire de Monet et des impressionnistes, qui s'est plus ridiculisé par ses positions d'arrière-garde que par ses personnages en caoutchouc, inexpressifs et disposés dans des mises en scène parfois sensationnelles. Ses clichés kitsch et sans pathos qui illustraient nos livres d'histoire, largement imaginaires mais hantés par le détail réaliste, auront tout de même suscité l'intérêt de plus de 200 000 amateurs.
Si Jean-Léon Gérôme, comme Louis-Ferdinand Céline, est la honte de notre sainte Patrie, Claude-Oscar Monet en est la fierté, le phare, le Soleil. Chaque touche de son pinceau dépose un pétale de rose qui parfume l'image de la France. C'est pourquoi les fonds économisés sur le bien-être des visiteurs ont été investis dans une extraordinaire vitrine virtuelle, où presque tous les tableaux de l'exposition sont reproduits en détails jusqu'aux poils de pinceau collés dans la pâte. Et ce superbe site fera certainement regretter tous ceux qui ont eu le privilège d'avoir été frigorifiés, oppressés, puis bousculés, écrasés, et finalement déçus d'apercevoir à peine les tableaux dont ils avaient rêvé depuis tant d'années.
Au même instant, à 1317 mètres de là, les employés du musée d'Orsay décollent les derniers chewing-gums séchés sur les cadres des tableaux et les fesses des sculptures de Jean-Léon Gérôme, avant de les remballer. Car Orsay vient de dédier une importante rétrospective, la première en France, à cet ennemi héréditaire de Monet et des impressionnistes, qui s'est plus ridiculisé par ses positions d'arrière-garde que par ses personnages en caoutchouc, inexpressifs et disposés dans des mises en scène parfois sensationnelles. Ses clichés kitsch et sans pathos qui illustraient nos livres d'histoire, largement imaginaires mais hantés par le détail réaliste, auront tout de même suscité l'intérêt de plus de 200 000 amateurs.
Si Jean-Léon Gérôme, comme Louis-Ferdinand Céline, est la honte de notre sainte Patrie, Claude-Oscar Monet en est la fierté, le phare, le Soleil. Chaque touche de son pinceau dépose un pétale de rose qui parfume l'image de la France. C'est pourquoi les fonds économisés sur le bien-être des visiteurs ont été investis dans une extraordinaire vitrine virtuelle, où presque tous les tableaux de l'exposition sont reproduits en détails jusqu'aux poils de pinceau collés dans la pâte. Et ce superbe site fera certainement regretter tous ceux qui ont eu le privilège d'avoir été frigorifiés, oppressés, puis bousculés, écrasés, et finalement déçus d'apercevoir à peine les tableaux dont ils avaient rêvé depuis tant d'années.
4 commentaires :
Pour moi, Jean-Léon Gérôme est un pompier qui faisait de belles académies (avec ou sans torchon) comme celle-ci.
La super galerie Monet me bouffe toute la bande passante de ma petite connexion (à 14.90€/mois!), alors, pour l'instant, je renonce à la visiter. Mais merci pour le lien.
« académique, pompier » signifient généralement convenu, emphatique, artificiel. Et les peintres académiques peignent des grandes machines pleines de bons sentiments. Gérôme, s'il lui est arrivé de se laisser aller à quelques tableaux pompiers (de vrais casernes parfois), n'a peint que des tableaux de dimensions modestes, rarement des bons sentiments ou des bondieuseries, ou des allégories, mais essentiellement des tableaux réalistes, presque photographiques. Seule la réalité, même reconstituée, semblait l'intéresser. Je ne lui reprocherai pas.
"Faire l'âne pour avoir du son". Un dicton qu'il m'arrive d'appliquer quand je souhaite entendre un autre son de cloche (de plongée, of course). Et ça marche !
Comme j'ai une bonne opinion de l'orientaliste Gérôme, vos "personnages en caoutchouc, inexpressifs" me chagrinaient un peu. Et comme l'amie Wiki le dit "Emblématique de la peinture académique" je voulais savoir si vous étiez du même avis.
Apparemment non.
Encore merci pour le lien vers le site Monet (je viens de tester la visite virtuelle c'est pas mal du tout) je vais le transmettre à ma petite-fille.
Vous avez raison, j'aime beaucoup certains Gérôme, mais il n'empêche que ses portraits sont réellement inexpressifs.
Mais les personnages de Monet ne sont pas mieux.
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