Les laquais
Depuis vingt ans, dans les pas du journaliste iconoclaste Pierre Carles et du sociologue Pierre Bourdieu, une poignée de confrères suicidaires venus de la presse écrite, de la radio, d'Internet nous (dé)montrent patiemment les connivences lucratives entre les journalistes les plus en vue, les patrons de presse marchands d'armes, de mode luxueuse et de béton, et les pouvoirs politiques de toutes obédiences, sans oublier les quelques « experts en tout », qui sont systématiquement invités par les premiers, qui s'abstiennent de préciser que lesdits experts sont rémunérés par les deuxièmes pour défendre en toute objectivité la politique des troisièmes, qui eux votent généreusement des lois qui protègent les intérêts des deuxièmes.
Et de convaincre le bon peuple décervelé qu'il va devoir souffrir encore, parce que les choses sont ainsi faites et qu'on n'y peut rien, pendant qu'eux, des premiers aux quatrièmes, engraissent à vue d’œil.
On en rit presque tant leurs ficelles sont grossières et leurs intentions transparentes.
Début 2012 sortait, sur ce thème, un film de Balbastre, Kergoat et Halimi, « Les nouveaux chiens de garde », d'après le livre de Serge Halimi écrit en 1997 et augmenté en 2005. Si la démonstration littéraire était énumérative et un peu fastidieuse, le film est limpide, percutant, effarant.
On rit d'amertume, parce qu'après vingt ans rien n'a changé, les mêmes maitres à penser prospères, les mêmes experts juchés sur leurs hautaines certitudes, qui n'ont pas vu venir la crise, nous administrent toujours la même potion purgative.
Le film ne passera probablement jamais à la télévision. Alors pour les fêtes de fin d'année, offrez-le sans compter autour de vous et puis, si ça n'est déjà fait, jetez votre télévision aux ordures.
Ou au moins regardez-le sur Internet où il est actuellement visible, ne serait-ce que pour déguster ce moment unique de la télévision (à 1h29'27"), le 21 avril 2009, la réaction imprévue d'un syndicaliste quand le présentateur du journal de 20h l'exhorte en direct à calmer ses camarades désespérés...
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