Améliorons les chefs-d'œuvre (5)
Il ne reste que peu de jours pour aller admirer à Paris, au musée Marmottan, un tableau rare de Turner « Rockets and blue lights - Fusées et lumières bleues pour avertir les bateaux à vapeur des hauts fonds », peint en 1840.
Il illustre, dans le cadre d’une exposition sur le tableau « Impression soleil levant » de Monet, les œuvres qui ont marqué les séjours de ce dernier à Londres.
Le tableau de Turner appartient depuis 1932 au Clark Art Institute de Williamstown aux États-Unis et a été restauré (énergiquement) en 2003 par les spécialistes de la National gallery de Washington. Il parait qu’avant même leur intervention, de rafistolages en ravalements, 75% du tableau n’étaient déjà plus de la main de Turner.
Alors justifiant leur nettoyage par la mystérieuse photographie d’une reproduction gravée vers 1850, les restaurateurs ont carrément effacé un des deux bateaux à vapeur du tableau, celui de droite avec sa lourde colonne de fumée et son groupe de passagers, et épargné l'autre vapeur, au centre.
Ce débarbouillage a fait l’objet d’une polémique, à l’époque, mais qui semble avoir été discrètement enfumée par les responsables officiels.
Pourtant, les éléments supprimés étaient déjà nettement visibles sur une reproduction lithographiée par Carrick en 1852 et conservée à la Tate gallery de Londres.
Et surtout - et personne ne semble l’avoir relevé - un personnage sur le rivage à gauche (présent sur toutes les versions et jamais remis en question) pointe une longue-vue très précisément sur l’endroit où les passagers ont été effacés, alors qu’il devrait, si Turner n’avait peint qu’un seul vapeur, la diriger sur lui, au fond de la scène, au centre du tableau.
Allez pourtant voir ce qu’il en reste, qui est éblouissant, avant que la prochaine restauration n’enlève un autre élément, certainement les spectateurs, sur la grève.
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