dimanche 7 janvier 2018

Monuments singuliers (9)

 
Après une enfance très solitaire, Alfred Hitchcock concevait quelques-uns des plus importants chefs-d’œuvre de l’histoire du cinéma.
Il apparaissait 41 fois, pour quelques secondes, dans ses propres films, et au bout de 80 ans de douleurs et de joies, ses cendres étaient éparpillées au large de Los Angeles en 1980.

Il reposait homéopathiquement dissout depuis une décennie dans l’océan Pacifique quand la ville de Dinard, située en Bretagne au bord de la Manche et traditionnellement prisée des touristes anglais décidait de le reconstituer en métal et à différentes échelles.



Elle venait, pour honorer ses voisins d’en face, de créer en 1990 le Festival du film britannique et avait commandé au sculpteur nantais Lionel Ducos une grande effigie de bronze représentant le cinéaste, flanqué d’une mouette et d’un corbeau. Elle serait ancrée, comme flottant, sur un œuf de béton.
La même en miniature et à patine dorée formerait le trophée distribué chaque année au réalisateur lauréat.


Après une dizaine d’années, l’air marin et les intempéries eurent raison de la sculpture qu’il fallut enlever, si bien que le sculpteur en refit un exemplaire plus dynamique, cravate au vent, sans œuf, inauguré en 2009 pour le 20ème anniversaire du festival, et installée 50 mètres plus bas (c’est la version qui illustre cette chronique).
Depuis, les mouettes de la plage de l’Écluse, aidées des vertus balistiques de la gravité, y recouvrent un peu de leur dignité et de leur réputation offensées en 1963.

En 2014 le trophée du festival, après 20 ans, a été remplacé par une abstraction de poisson plat, ventru et vertical, beaucoup moins amusante.



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