dimanche 25 novembre 2018

La vie des cimetières (84)


On pensait le cimetière de Saint Bonnet-Laval au bout du monde. Mais quand, après l’avoir dépassé, puis avoir contourné le lac de barrage sur la Truyère, à peine 100 kilomètres plus loin, au sud de Saint-Flour, on gravit la pente qui mène à l’église Saint-illide, on découvre alors son antique cimetière, et on réalise qu’il y a certainement plusieurs bouts du monde.


Le cimetière surplombe l’église, qui a plus de huit siècles mais dont il n’y a rien d'autre à dire, et le château d’Alleuze, dont les livres disent qu’il a laissé quelques traces dans les récits historiques sur la guerre de 100 ans, incendies, évêques, prison. Depuis 800 ans il se défait lentement sur son promontoire, mais l’Encyclopédie précise qu’il est « maintenu dans cet état de ruine ».


L’endroit est herbu, moussu, rouillé, abandonné, le Christ est crucifié sur un fragment de vieux tuyau, incomplet, la gravure des tombes est illisible.
Autour, il n’y a plus de temps, au point qu’y ont été tournés, quelquefois, des films populaires avec des résistants et des extraterrestres.
Et on sent la réalité nous échapper, et qu’à s'y attarder on perdrait la raison, sans secours possible, car même les réseaux téléphoniques n’y vont plus.




Aucun commentaire :