Distrayons-nous avec l’ICOM
L’ICOM (International council of museums ou Conseil international des musées), est une association internationale des professionnels de musée (non commerçants), régie par la loi française de 1901, et dont le rôle est de réunir régulièrement, en un forum où ils parlent de musées, les acteurs du métier, s’ils ont payé leur cotisation annuelle.
Une association étant tenue de définir son domaine et son objet, en l’occurrence le musée, l’ICOM avait statué en 2007 sur l’énoncé suivant :
« Le musée est une institution permanente sans but lucratif, au service de la société et de son développement, ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d’études, d’éducation et de délectation. »
En gros, le musée est une institution qui préserve et diffuse le patrimoine. Définition simple, claire et sans arrière-pensée, sinon l'ambigüité du mot patrimoine (étymologiquement, ce qui appartenait au père, la mère n’ayant rien à transmettre, bien entendu).
Et terminer sur le mot délectation était une idée savoureuse, presque voluptueuse.
Mais les modes tournent, et pour pimenter cette année 2019, un comité désœuvré de l’ICOM a proposé d'adopter sa nouvelle définition, où le musée est désormais pluriel (attention, ça va un peu piquer le cortex préfrontal) :
Une association étant tenue de définir son domaine et son objet, en l’occurrence le musée, l’ICOM avait statué en 2007 sur l’énoncé suivant :
« Le musée est une institution permanente sans but lucratif, au service de la société et de son développement, ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d’études, d’éducation et de délectation. »
En gros, le musée est une institution qui préserve et diffuse le patrimoine. Définition simple, claire et sans arrière-pensée, sinon l'ambigüité du mot patrimoine (étymologiquement, ce qui appartenait au père, la mère n’ayant rien à transmettre, bien entendu).
Et terminer sur le mot délectation était une idée savoureuse, presque voluptueuse.
Mais les modes tournent, et pour pimenter cette année 2019, un comité désœuvré de l’ICOM a proposé d'adopter sa nouvelle définition, où le musée est désormais pluriel (attention, ça va un peu piquer le cortex préfrontal) :
« Les musées sont des lieux de démocratisation inclusifs et polyphoniques, dédiés au dialogue critique sur les passés et les futurs. Reconnaissant et abordant les conflits et les défis du présent, ils sont les dépositaires d’artefacts et de spécimens pour la société. Ils sauvegardent des mémoires diverses pour les générations futures et garantissent l’égalité des droits et l’égalité d’accès au patrimoine pour tous les peuples.
Les musées n’ont pas de but lucratif. Ils sont participatifs et transparents, et travaillent en collaboration active avec et pour diverses communautés afin de collecter, préserver, étudier, interpréter, exposer, et améliorer les compréhensions du monde, dans le but de contribuer à la dignité humaine et à la justice sociale, à l’égalité mondiale et au bien-être planétaire. »
Si vous ne saviez pas ce qu’était un musée avant de lire cette définition, vous ne le savez probablement pas plus maintenant, mais vous savez un peu mieux ce qu’est la poésie, car la formulation est imprégnée du flou, de l’indécis qui font les délices des poèmes de Mallarmé ou de Rimbaud.
D’ailleurs tout est poésie dans cette définition ; « Les passés et les futurs », ce pluriel qui signifie aux humains qu’il peuvent encore modeler leur destinée (s’ils fréquentent les musées), et tous ces mots sublimes et définitifs (mis en relief par l’auteur de cette chronique), « polyphoniques », « égalité mondiale », et ces « musées transparents », que l’image est belle ! Tout serait à surligner !
Deux petites remarques toutefois, le mot patrimoine est encore présent, malgré ses connotations phallocrates, et puis, finir une définition par l’épithète « planétaire » peut sembler un peu réducteur. Nous proposerions « universel », qui est plus inclusif.
Cette définition œcuménique a pourtant provoqué un séisme dans le milieu (plutôt conservateur, par obligation) des musées, et généré une opposition virulente, relayée par le monde des chroniqueurs de l’art, Noce, Rykner, Dumont.
Elle a donc été, sans surprise, rejetée par plus de 70% des membres de l’Assemblée générale extraordinaire de l’ICOM.
En réalité, elle n’a pas été rejetée, mais reportée sans échéance certaine, ce qui la nimbe d’un voile supplémentaire d’indétermination. Or l’irrésolu sied exactement à une définition, puisqu’elle autorise ainsi tous les sens et sera comprise de tous.
Et c’est bien la vocation d’une association internationale sans but lucratif que de faciliter les échanges de vues entre les humains, accompagnés d’alcools, de petits fours et de mignardises, quand le budget le permet.
Si vous ne saviez pas ce qu’était un musée avant de lire cette définition, vous ne le savez probablement pas plus maintenant, mais vous savez un peu mieux ce qu’est la poésie, car la formulation est imprégnée du flou, de l’indécis qui font les délices des poèmes de Mallarmé ou de Rimbaud.
D’ailleurs tout est poésie dans cette définition ; « Les passés et les futurs », ce pluriel qui signifie aux humains qu’il peuvent encore modeler leur destinée (s’ils fréquentent les musées), et tous ces mots sublimes et définitifs (mis en relief par l’auteur de cette chronique), « polyphoniques », « égalité mondiale », et ces « musées transparents », que l’image est belle ! Tout serait à surligner !
Deux petites remarques toutefois, le mot patrimoine est encore présent, malgré ses connotations phallocrates, et puis, finir une définition par l’épithète « planétaire » peut sembler un peu réducteur. Nous proposerions « universel », qui est plus inclusif.
Cette définition œcuménique a pourtant provoqué un séisme dans le milieu (plutôt conservateur, par obligation) des musées, et généré une opposition virulente, relayée par le monde des chroniqueurs de l’art, Noce, Rykner, Dumont.
Elle a donc été, sans surprise, rejetée par plus de 70% des membres de l’Assemblée générale extraordinaire de l’ICOM.
En réalité, elle n’a pas été rejetée, mais reportée sans échéance certaine, ce qui la nimbe d’un voile supplémentaire d’indétermination. Or l’irrésolu sied exactement à une définition, puisqu’elle autorise ainsi tous les sens et sera comprise de tous.
Et c’est bien la vocation d’une association internationale sans but lucratif que de faciliter les échanges de vues entre les humains, accompagnés d’alcools, de petits fours et de mignardises, quand le budget le permet.
3 commentaires :
Vous vous engagez sur un terrain bien glissant en reprochant aux mots leur étymologie...
Patrimoine, une "connotation phallocrate" ? Ne me dites pas que vous le pensez vraiment !
Non bien sûr, c'est une invite envers les rédacteurs de la nouvelle définition polyphonique, qui ont manifestement oublié de remplacer le mot par une expression moins "genrée", plus "inclusive".
Ah, ok, au temps pour moi, je n'avais pas perçu l'ironie (où l'on revient au sujet des émoticônes ;-)
pi
Enregistrer un commentaire