La vie des cimetières (93)
À partir du Moyen-Âge et pendant quelques siècles les famines et les pandémies inspirèrent la représentation, sculptée ou peinte, dans les cimetières et les églises, de théories de squelettes et de cadavres décharnés et rongés par les vers dansant main dans la main une ronde avec les vivants de toute condition.
Ça s’appelait la danse macabre et c’était supposé rappeler l’égalité de tous devant la mort. C’était un leurre pour maintenir la paix sociale. Les pauvres étaient rassurés et contenaient leurs plaintes, les riches affichaient de la tempérance en public, et abandonnaient des miettes de leur biens.
En réalité, autrefois, comme aujourd’hui, les riches expiraient confortablement et les pauvres crevaient pitoyablement.
Les temps modernes ont pasteurisé et escamoté la mort. Les danses macabres ne sont plus que dans les musées d'art ou vestiges sur des murs d’églises, et dans les films de genre qu'on regarde en jouant à avoir peur douillettement.
Restent les musées des sciences. On y enseigne ce qu'on sait des êtres vivants en animant ce qu’il en reste, des squelettes, comme au muséum d’histoire naturelle de Toulouse.
Lointain écho des danses macabres de jadis, les scènes y sont nimbées du prestige de la science ; le badaud en est impressionné.
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