N'allez pas à Chancelade (2 de 2)
Résumé de l’épisode précédent : intrigués par l’évocation d’un tableau autrefois attribué à Georges de La Tour, vous envisagiez d’aller le voir à Chancelade. Or cela vous était déconseillé ici-même. Mais vous n’avez pas vraiment confiance dans les jugements de l’auteur de ce blog. Et on ne pourra vous donner tort, vous découvrirez que l’arrogant n’a jamais vu le tableau autrement qu’en reproduction.
Reprenons donc la question laissée en suspens : pourquoi ne pas aller, quand la fin de la pandémie l’autorisera, visiter ce christ de Chancelade ?
Après tout, si le tableau a survécu en 80 ans à plus d’outrages que son sujet même n’en a subis, plusieurs fois rafistolé, trois fois restauré à fond, déchu par deux fois, du rang de chef d’œuvre à celui d’original puis de copie, pareille résilience vaut bien une visite.
Vous auriez sans doute trouvé l’occasion d’y passer, depuis son retour de captivité champenoise, voilà plus de vingt ans, mais les guides en parlaient si peu. Aujourd'hui encore le Guide vert de Michelin conseille du bout des lèvres la banale abbaye reconstituée de Chancelade, mais ignore le tableau qui s’y trouve, et quand on se renseignait il y a quelques années sur les conditions de visite, elles étaient tellement aléatoires qu’on était découragé d’entamer ce périple incertain pour un tableau probablement décevant.
Mais un jour peut-être, après des mois d’enfermement, avide d’inattendu, vous vous rappellerez la destinée fatale de ce christ aux outrages. Alors l’ennui vous poussera vers Chancelade.
Mieux vaudrait ne pas y succomber, car on ne peut que s’incliner devant les faits : le christ de Chancelade est l’objet d’une malédiction.
Reprenons donc la question laissée en suspens : pourquoi ne pas aller, quand la fin de la pandémie l’autorisera, visiter ce christ de Chancelade ?
Après tout, si le tableau a survécu en 80 ans à plus d’outrages que son sujet même n’en a subis, plusieurs fois rafistolé, trois fois restauré à fond, déchu par deux fois, du rang de chef d’œuvre à celui d’original puis de copie, pareille résilience vaut bien une visite.
Vous auriez sans doute trouvé l’occasion d’y passer, depuis son retour de captivité champenoise, voilà plus de vingt ans, mais les guides en parlaient si peu. Aujourd'hui encore le Guide vert de Michelin conseille du bout des lèvres la banale abbaye reconstituée de Chancelade, mais ignore le tableau qui s’y trouve, et quand on se renseignait il y a quelques années sur les conditions de visite, elles étaient tellement aléatoires qu’on était découragé d’entamer ce périple incertain pour un tableau probablement décevant.
Mais un jour peut-être, après des mois d’enfermement, avide d’inattendu, vous vous rappellerez la destinée fatale de ce christ aux outrages. Alors l’ennui vous poussera vers Chancelade.
Mieux vaudrait ne pas y succomber, car on ne peut que s’incliner devant les faits : le christ de Chancelade est l’objet d’une malédiction.
Cette fois, c’était en juin 2018. Dans la nuit du 10 au 11, des pluies diluviennes s’abattaient sur une partie de la France et envahissaient l’église de Chancelade, emportant tout, bancs, cierges, missels, noyant le monument historique classé sous un mètre trente d’une eau boueuse et sacrilège, comme à Florence en 1966.
On prétend que le tableau, derrière sa vitre, a peu souffert, mais que le système sophistiqué de protection électronique n’a pas supporté la submersion.
Un an et demi plus tard, sur les lieux, n’est toujours exposée qu’une sombre photographie réduite, nommée « copie de l’original » sur le mot d’excuse qui l’accompagne (notre illustration).
Où est le tableau aujourd’hui ? Peut-être au musée voisin de Périgueux, entre les mains d’une restauratrice attentionnée.
Depuis ce déluge, la plaie suivante, le virus, s’est abattue sur le monde. Personne ne peut prédire quand le christ reparaitra dans l’église de Chancelade. Mais il reviendra ; il renait toujours après chaque outrage.
Toutefois ne vous méprenez pas, il ne sera pas transfiguré en tableau de Georges de La Tour. Il n’y a pas de miracle.
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