Un Vermeer de plus ou de moins
Pour ne pas encore ennuyer le lectorat avec une reproduction du sempiternel Vermeer, voici un détail pas mal non plus par son collègue de l'époque à Delft, Pieter de Hooch, actuellement à la Gemäldegalerie de Berlin.
Examinons aujourd’hui les dernières nouvelles extraites du site Essential Vermeer, dont le nom signifie "le Vermeer de première nécessité", et qui pourchasse à travers la planète tout ce qui concerne ce peintre qui fascine tellement les amateurs que Ce Glob en a parlé deux fois en septembre dernier, et en 2021, et en 2018, 2017…, ce qui est excessif, il faut bien le dire, en regard de sa production si réduite. Mais n’est pas Picasso qui veut, qui bouclait 650 à 700 œuvres quand Vermeer en finissait à peine une.
Le Louvre, qui n’en détient que deux - l’Astronome ou astrologue, et la Dentelière - n’aura bientôt plus de Vermeer à mettre sous les yeux du touriste, pour une longue période.
Dans un entrefilet non daté mais probablement de l’été 2022, Essential Vermeer signale que l’Astronome - avec 49 autres œuvres - se trouve actuellement à 7000 km de Paris, au Louvre Abu Dhabi, prêté pour un an sans doute. Il sera donc absent de la rétrospective Vermeer à Amsterdam en 2023, comme il l’avait été de la rétrospective de 1996 à La Haye.
Le Louvre chérit ses deux Vermeer (jusqu’à un certain montant, bien sûr), et il n’avait pas envisagé de se séparer de sa Dentelière en 2023. Mais il vient, au dernier moment de changer d’avis, d’après Essential Vermeer sur la même page, et aurait promis de la prêter pour la rétrospective, ce qui porterait à 28 sur 34 le nombre de Vermeer alors regroupés à Amsterdam !
Enfin plutôt 28 sur 35, car Essential Vermeer considère que le catalogue du peintre comporte 35 œuvres certaines (et 2 très douteuses), alors que nous en avions annoncé 34, un peu légèrement, le 20 septembre dernier.
On apprend cependant, toujours sur la même page d’Essential Vermeer un peu plus bas, que la National Gallery of Art de Washington (NGA), qui détenait jusqu’à présent 4 tableaux de Vermeer, n’en aurait plus que trois vrais, et un faux ou plutôt "attribué à Vermeer", ce qui est pire qu’un faux dans les degrés de la déchéance, le faux conservant le prestige d’avoir réussi à tromper un temps les experts.
Le musée annonçait en effet le 7 octobre qu’après deux années d’analyses d’une haute scientificité, au moyen de la "technologie innovatrice de la reflectance hyperspectrale", son 4ème Vermeer, la Jeune fille à la flute, n’en était plus un (définitivement cette fois, car il y avait déjà un doute sur sa paternité), que bien que peint exactement avec les matériaux et la technique des vrais tableaux de Vermeer, il n’était pas réalisé avec le même "niveau d’expertise".
Le musée en conclut que c’est l’œuvre d’un proche ou d’un atelier (on ne lui connaissait ni élève ni atelier). Il n’envisage pas l’hypothèse d’une esquisse, d’une ébauche, alors que d’autres tableaux fermement attribués au peintre sont aussi peu finis que cette femme à la flute et au curieux chapeau chinois.
L'affirmation est courageuse, certainement parce que la NGA est le seul musée américain financé par l’État fédéral. Tout autre musée, financé par des fonds privés, des donations, aurait détecté une foule d’indices justifiant une attribution certaine à Vermeer, histoire de ne pas dévaloriser sa collection.
Ainsi le nombre de Vermeer vient de repasser à 34. Il suffisait d’attendre. Le décompte des œuvres de Vermeer est une science exigeante, faite d’observations scrupuleuses et de patience.
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